Voilà, c’est chose faite : je viens de lire mon premier manga, grâce à Babelio et aux Editions Tredaniel, que je remercie. Cette version du célébrissime Alice au Pays des merveilles est d’abord paru en coréen en 2022 avant d’être traduit chez nous deux années plus tard. Précisons d’emblée qu’il s’agit d’une adaptation et d’une version abrégée par rapport à l’original.
J’avais postulé pour ce livre lors de la dernière Masse Critique car j’étais prête à tenter l’expérience de lecture de manga. J’ai mis longtemps à franchir le cap car je ne suis fan ni de la BD en général ni des films d’animation asiatiques entraperçus à la télévision (et que je qualifie de Japoniaiseries », expression empruntée à un auteur dont j’ai oublié le nom). Tant qu’à faire, j’aimais autant commencer avec un texte que je connaissais déjà bien et que je considère comme une œuvre majeure de la littérature de jeunesse. Peut-être une erreur finalement !
J’ai eu plusieurs surprises: Je m’apprêtais à lire ce livre à partir de la fin, de droite à gauche si je puis dire, mais non, comme tout livre européen qui se respecte, il se lit dans le même sens. Bon, un pan de l‘expérience que je n’ai donc pas fait. Après avoir effectué quelques recherches, j’ai cru comprendre que pour les Européens (un peu limités peut-être ?), de nombreux mangas étaient « occidentalisés » de cette manière. Pourquoi ? Ne serions-nous pas capables de changer nos habitudes ? Un peu condescendant, non ?
Seconde surprise : ce livre est tout en couleurs ; j’avais également cru comprendre qu’en principe, seules les premières pages des mangas l’étaient, les autres étant ensuite en noir et blanc. Nouvelle adaptation pour les Occidentaux ?
Troisième surprise : Alice a quasiment tout le temps la bouche grande ouverte, ce qui limite singulièrement l’expression des émotions. Et, comme les autres personnages, elle semble être toujours en train de crier. Cela m’a rappelé les « Japoniaiseries » mentionnées ci-dessus car je me demande à chaque fois s’ils pensent que les enfants sont sourds vu que les personnages ne font que crier ( sans parler de la musique de fond tonitruante).
Dans le domaine de l’excès, j’en ai relevé également dans le vocabulaire. Par exemple, dès le début, lorsqu’Alice est avec sa sœur qui lit au bord de la rivière, il est dit : « Le dégoût s’empare d’elle lorsqu’elle voit les phrases qui se suivent sans l’ombre d’une image ». Le texte original (en anglais) dit simplement qu’elle est « tired of it », à savoir qu’elle s’est lassée de ce texte sans images. Erreur de traduction, direz-vous peut-être ? Je dirais plutôt vocabulaire limité, sans nuances. Assez dans l’air du temps, non ? Comme les illustrations finalement.
Peu enthousiasmée par ce manga, je me suis demandée si au moins il donnerait envie à un jeune de lire la version originale et non-abrégée ou s’il se contenterait d’avoir lu celle-ci ? Je me souviens d’élèves qui ne lisaient pas les romans au programme et se contentaient de résumés trouvés sur Internet ou, au mieux de la version cinématographique. Comme si seule l’intrigue comptait ! L’écriture n’est-elle pas l’élément essentiel d’un livre ? Si l’on simplifie tout, où les jeunes trouveront-ils une écriture de qualité ? Et n’est-ce pas du mépris à leur égard que de penser que le texte doit leur être rendu « accessible » ? L’appauvrissement de la langue et de l’illustration ne peuvent, à mon sens, que conduire à un appauvrissement de la pensée et de l’imagination. Ce qui est bien dommage avec cette œuvre-là ; n’est-elle justement pas l’imagination au pouvoir ?!
Finalement, j’aurais peut-être dû découvrir le manga avec un texte totalement inconnu et sur un thème japonais. Je serais ravie de lire vos impressions sur le sujet.
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Marine Blue revisite le conte de la petite sirène façon écolo, et c'est chouette! Les dessins sont beaux, les personnages pleins de bons sentiments et attachants, et le sujet bien traité. Bref, un bon manwha, très agréable à lire, idéal dès 12ans!
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