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Critiques de Sylvain Frécon (80)
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#lesmémés, tome 1 : Chroniques des âges farouches

Sympathiques les mémés ! Physiquement, ben ce sont de belles mémés en bonne et due forme, avec les seins à Marseille et le postérieur à Lille, teigneuses à souhait, virtuoses du caddie (qui revient régulièrement et comiquement sur le tapis), et on notera qu’elles ont beaucoup de vocabulaire, peu châtié, certes, mais du vocabulaire tout de même, d’ailleurs question vocabulaire, on remarquera leur côté geek, il faut dire qu’elles ont toutes un Facebook, que les likes et les pokes, elles savent faire, et qu’elle sont très au fait de l’actualité nationale comme mondiale. Question humour, elles ne le font pas exprès, et c’est pour cela qu’on les aime, ces mamies piliers de bar à leurs heures, amatrice de bibine qui excellent dans la production de brèves de comptoir, et pas que de comptoir, il faut les entendre refaire le monde dans le square. On ne s’ennuie pas avec ces mémés de choc.



Un seul tome pour l’instant, espérons que d’autres suivront !
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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#lesmémés, tome 1 : Chroniques des âges farouches

Cet album rassemble de petites histoires d’une page maximum, parfois seulement d’un tiers de page ou d’une seule case, mettant en scène des « mémés » parfois étonnamment modernes (jeux vidéo, smartphones, réseaux sociaux…). Je me suis beaucoup amusé. L’humour est du style Fluide Glacial, souvent plus fin quand même que certains autres albums publiés par cette maison. C’est bien observé, les dialogues font mouche, les dessins sont amusants. Je recommande pour passer un bon moment de détente et de rire !
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#lesmémés, tome 1 : Chroniques des âges farouches

Merci à Belette2911 sans qui je n’aurais pas connu l’existence de cette BD ! Si, comme moi, vous êtes fan de Carmen Cru, n’hésitez pas ! C’est moderne, c’est rigolo… avec un soupçon de vrai ! Tout y passe, l’informatique, les réseaux sociaux, la Covid, l’adultère, la politique…



J’ai pleuré de rire sur certaines vignettes ! Quelques attitudes ou réparties m’ont fait penser à celles que peuvent avoir certaines personnes de mon entourage (je peux le dire, elles n’utilisent pas d’ordinateurs et heureusement… car je serais appelée toutes les cinq minutes pour savoir comment débloquer ce satané machin qui ne veut pas qu’elles achètent la dernière trouvaille du Télé-Achète !)



Si vous voulez passer un bon moment, n’hésitez pas !
Lien : https://promenadesculturelle..
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#lesmémés, tome 2 : Mourir peut encore attendre

On retrouve dans ce tome 2 les mémés hautes en couleur du tome 1, mais dans celui-ci peu d’histoires m’ont arraché un sourire. Je le trouve beaucoup moins inventif que le précédent. L’humour, aussi, est plus grossier. C’est dommage car j’avais bien apprécié le premier volume.
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#lesmémés, tome 1 : Chroniques des âges farouches

'Un peu bancales, elles sont nonagénaires

Des seins ovales [et bas], et puis un gros derrière

Et j'aime ça.

Elles se dessinent sous leur vieux pardessus

Caddie en main, sur la tête un fichu

C'est comme ça.

Tellement si drôles quand elles mordent

Tellement si drôles, j'les aime ♥ tellement si fort.' ♪♫

Je les aime depuis ce soir, car je ne les connaissais pas avant ; j'en avais juste vu passer une sur FB...



Réécriture approximative (pour les rimes) d'une chanson, en hommage à ces mamies aux idées et mots revolvers qui dézinguent en vrac : l'actu, le gouvernement, les médias, le quotidien, la mort, la vie, leurs défunts maris et tous les bonhommes ("Moi, c'est bien simple : le 1er qui me met une main au cul, c'est direct #MonCaddieDansLaGueule !").

Des mamies à chien-chien, rock'n'roll, lucides, au franc-parler, branchées, connectées, ronchons, confinées.

Aussi vraies que des vraies : j'ai parfois pensé à ma grand-mère de 101 ans.



Merci L. pour cette surprise et cette soirée de grands sourires et éclats de rires 😁 avec #LesMémés pêchues.

Pourvu :

- qu'on soit comme elles dans 40 ans

- et qu'en attendant, on se marre avec une suite, ou plusieurs.



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• 2 extraits ici :

https://www.bandedessinee.info/Les-Memes-Chroniques-des-ages-farouches-bd
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#lesmémés, tome 3 : Fraîcheur de vivre

A quelque chose près, on les retrouve en pleine forme, nos mémés ! ça essaie de fêter ses cent printemps, ça se cultive et ça pratique les libations sur la tombe du défunt mari, comme chez les grecs, ça fait des pronostics sur caddie de compèt qui semble avoir fait largement son temps, ça philosophe, ça entretient sa libido, ça commente l’actualité… mais on dirait des jeunettes qui s’accrochent à la vie, même, elles le reconnaissent, si elles sont bien conscientes que leur tour viendra.



J’ai parcouru ce nouvel album le sourire aux lèvres, m’attendant à tout de la part des nos héroïnes qui ne sont pas sans rappeler les Vamps qui me faisaient tant rire. On a peur du réchauffé, mais finalement l’auteur n’est pas avare de nouveauté et à chaque planche, une surprise vous attend (un sujet surprenant dans la bouche des aïeules, un caddie en cause pour un bien agréable comique de répétition, des questions d’ordre sexuel hilarantes, des prises de conscience de la jeunesse passée, une utilisation du téléphone portable qui en fait des personnes qui vivent avec leur temps … Bref des mamies très branchées et distrayantes.



Je m’aperçois à l’instant, que je n’ai pas lu le deuxième album ! je m’empresse de le trouver !
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Le Tatouage mais avec humour

Club N°56 : BD non sélectionnée

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Retour au début des années 90 et puis flop, un peu comme la relecture d'un album enjolivé par la nostalgie...



Il aurait dû rester une madeleine sans être croquer...



Vincent

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Hyper décevant, ça reprends des vieilles histoires.



Pas très drôle.



Nol

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Un recueil de planches sur la BD : anecdotes divers, variées et inégales sur le sujet.



Virginie

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#lesmémés, tome 2 : Mourir peut encore attendre

Même la mort, j’y crois pas. Tout ça, c’est complot et compagnie.

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Ce tome fait suite à #lesmémés, tome 1 : Chroniques des âges farouches (2021) qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu avant, mais ce serait idiot de s’en priver. Il constitue une anthologie de cinquante gags ayant pour personnages principaux trois mémés : Huguette, Lucette, Paulette, seules ou ensemble. Il est paru pour la première fois en 2022. Chaque gag a été réalisé par Sylvain Frécon, pour l'histoire, les dessins et la mise en couleurs. Cet artiste a illustré la bande dessinée adaptée du dessin animé Oggy et les Cafards, ainsi que la série Les Barbares chez Hugo.



Parce que je le vaux bien : Lucette et Paulette sont accoudées au comptoir en train de savourer un petit ballon, quand Huguette arrive et leur enjoint d’admirer le travail : détartrage, polissage, lustrage avec vernis anti-rayure Ultimate Brillance, alors c’est qui la plus belle ? Soirée télé 1 : Huguette est confortablement calée dans son canapé en train de regarder la télévision, son caddie rouge installé sur la place à côté d’elle. Elle lui demande s’il dort devant la télé, alors qu’il sait bien qu’elle déteste ça parce qu’elle a l’impression de se retrouver toute seule. Horreur : une personne toque à la porte de l’appartement d’Huguette. Elle ouvre la porte et découvre une silhouette sinistre encapuchonnée avec une faux à la main, et des claquettes aux pieds. Marteau piqueur : Huguette s’est arrêtée devant un ouvrier en train de défoncer le trottoir avec un marteau-piqueur. Elle commence à lui parler de l’effet que ça doit produire sur ses testicules. Enterrement : les trois copines se tiennent devant la fosse creusée dans le cimetière, où vient d’être descendu le cercueil et elles évoquent les dispositions qu’elles ont prises pour le chat, les poissons rouges et les géraniums de la défunte.



Brasserie Saint Fargeau 1 : les trois copines sont en train de manger un morceau dans leur brasserie favorite et Huguette leur demande si elles ont déjà imaginé mourir bourrées, avec une bonne grosse biture des familles, une authentique. Flatulence 1 : Hughette est au lit la nuit, et elle appelle son époux Marcel, puis elle étend son bras vers la place de son mari et tâte pour voir s’il est présent. Dicton à la con : les trois copines sont assises sur un banc et Lucette énonce à haute voix la maxime qui veut que la vieillesse est un naufrage. Huguette s’insurge, disant qu’elle en a marre d’entendre ça, qu’elles ne sont pas des radeaux. Flashy : sur le trottoir, Huguette avec son caddie croise une autre dame âgée habillée de manière très voyante et très jeune, lui déclarant que la vie est une comédie. Shopping : Huguette est entrée dans un établissement de pompes funèbres et elle passe en revue les différents modèles de cercueil en posant des questions, ce qui énerve de plus en plus le vendeur. Flatulence 2 : les trois copines sont assises sur un banc dans un parc, et Huguette demande si elles se souviennent de la première fois où leur mari a lâché une caisse au lit.



Quel plaisir de retrouver ces trois vieux débris, pardon, ces trois vieilles dames toujours dignes malgré leur âge avancé, très consciente de l’inéluctabilité de la mort de plus en plus proche, leur silhouette marquée par les outrages des années, leur santé défaillante, leurs commentaires étant aussi pertinents et francs qu’ils peuvent se révéler acerbes. Le dessinateur n’a rien changé dans sa manière de les représenter : des corps affaissés, des seins tombants, un énorme postérieur, des gros nez démesurés avec Paulette qui décroche le pompon pour son nez crochu, sans oublier leur chevelure improbable, des grandes bouches en forme de fer à cheval quand elles sont ouvertes. Il y a très peu de personnages secondaires ou de figurants, ils sont eux aussi affublés d’un gros nez. Elles partagent leur temps entre des déplacements urbains à pied avec des trottoirs très anonymes, des séjours au comptoir ou à une table de restaurant, quelques stations assises sur un banc, et bien sûr chez elle. Huguette passe pas mal de temps accompagnée par son fidèle caddie pour ses commission et comme point d’appui supplémentaire. Lucette se déplace avec une canne, et Paulette avec son caddie à quatre roues pour plus de stabilité. Le lecteur se rend compte que l’auteur a un petit faible pour Huguette qui est de tous les gags.



Comme le premier, ce tome se présente comme une collection de gags, la majeure partie en une seule page, il n’y en a que trois qui courent sur deux pages. Le lecteur relève qu’il y a douze gags qui se présentent sous la forme d’une illustration en pleine page, avec des dialogues. L’artiste a pris le parti de réaliser des cases qui sont de forme ovale, dépourvues de bordure encrée. Il adapte le nombre de cases à la nature du gag, de sa densité d’information à présenter, du rythme qu’il souhaite donner à la lecture, du mécanisme qui peut être un gag visuel, ou qui peut reposer sur un plan fixe au cours duquel les copines papotent. Du coup, une page peut ne contenir que deux cases, ou bien jusqu’à huit disposées en quatre bandes de deux. Il peut s’agit de cases qui sont disposées deux à deux sur une même bande, ou bien de cases de la largeur de la page. Mine de rien, ces dames se déplacent et l’artiste représente de manière simplifiée de nombreux lieux tous aisément reconnaissables : le zinc d’un bar, le salon d’Huguette avec son canapé deux places, son poste de télévision (écran plat) et sa table basse, un cimetière avec une tombe fraîchement creusée, la table habituelle de ces dames au restaurant avec l’ardoise en arrière-plan, la chambre d’Huguette (rien d’affriolant), le magasin de cercueils, un banc dans une allée du parc, le cabinet d’un psychothérapeute, un banc de pierre face à la mer en Bretagne avec les mouettes dans le ciel, les toilettes d’Huguette, sa salle de bain, le magasin de fruits et légumes, le supermarché, un abribus, et de nombreux arrêts à différents endroits sur le trottoir.



L’artiste ne se montre pas non plus minimaliste dans les activités représentées : descente de godets, regarder la télé (et même s’endormir devant), défoncer un revêtement de trottoir au marteau-piqueur, participer à un enterrement, regarder les gens passer, déboucher de bonnes bouteilles, hurler par la fenêtre, assister à une projection assez particulière, avancer à un rythme de tortue cacochyme sur le trottoir, boulotter, et bien sûr papoter. L’humour joue sur l’âge de ces mémés, leurs problèmes de santé pas toujours très ragoûtant (Huguette paradant avec sa dent unique), pas toujours très fins (des flatulences), souvent banals comme le besoin de s’assoir ou celui de faire une petite sieste. Comme dans le tome un, Frécon ne les épargne pas : Lucette se retrouvant à grincer quand elle marche du fait de l’usure de son squelette. En auteur complet, il peut également passer dans un registre purement visuel : la mort avec des claquettes aux pieds, l’étonnante mémé du quatrième âge avec ses cheveux roses, ses lunettes avec strass, son tutu à froufrou et son décolleté plus tombant que pigeonnant, le graph réalisé par Huguette qui nécessite de prendre du recul pour apprécier le positionnement de l’étoile de la bergère, ou une mise en scène comique. Il sait également combiner visuel et texte pour caser un calembour, peut-être pas extraordinaire, mais irrésistible grâce à un rapprochement visuel incongru comme ce tableau de Titien (1488-1576, Tiziano Vecellio) et de la mémère qui le tient. Il sait également manier l’absurde, comme cette séance surréaliste de thérapie que Huguette passe avec sa tête dans son caddie.



Le lecteur apprécie cette fois aussi l’incongruité d’avoir choisi comme personnages principaux des femmes (très) âgées : des êtres humains généralement peu représentés dans les bandes dessinées, au potentiel de séduction très faible, et en mettant en avant leurs défauts, sans même leur donner la qualité d’être grand-mère et de s’occuper de leurs petits-enfants. La transgression se produit naturellement avec de tels personnages, ne serait-ce que parce qu’elles ont conscience de leur mort (très) prochaine, sujet généralement tabou en bonne société. L’auteur pousse le bouchon beaucoup plus loin lorsqu’il met en scène le décalage qui se produit entre les signes de séduction extérieure (très) matraqués par la société, à commencer par une bonne santé, et la réalité physique de Huguette, Lucette et Paulette. Ça commence par la première qui s’adresse à son caddie comme si elle parlait à feu son époux. Ça continue avec cette vieille femme qui porte un tutu fluo et des cheveux roses, ou encore Huguette en train de lire aux toilettes tout en faisant ses besoins. L’humoriste pousse le bouchon encore plus loin en faisant des blagues sur le physique. Cela commence avec le fessier très large de ces dames, état de fait dont elles ont conscience, qu’elles assument et qu’elles attribuent à une vie passée à se voiler la face, à fuir ses problèmes sans jamais prendre le temps de les regarder en face, préférant les planquer et s’assoir dessus. Ça continue avec une provocation visuelle énorme impliquant la nudité d’Huguette et son sexe : degré de séduction zéro, hypocrisie sur la décrépitude physique zéro, transgression maximale avec une sensibilité respectueuse. Avec le dernier gag, il prouve qu’il peut faire tout aussi transgressif et émouvant en évoquant simplement l’émoussement des émotions, et la capacité de les ressentir, en particulier la tristesse.



Une bande dessinée humoristique mettant en scène de vielles femmes au physique ravagé par l’âge : Sylvain Frécond sait générer de la tendresse chez le lecteur, pour Huguette, Lucette et Paulette qui ont conservé un solide sens de la dérision, un sens du discernement remarquable, et qui font de sagesse dans l’acceptation de leur état, dans leur calme alors que la mort s’impose à elles dans leur papotage quotidien, et il n’est même pas certain qu’il y aura une sorte de pot avec des cacahuètes, pis du vin à bulles pour les accueillir dans l’au-delà. Vivement le tome 3.
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#lesmémés, tome 2 : Mourir peut encore attendre

Mes mémés préférées ont fait la culbute 🙃 : elles sont passées en grand format, reliure rigide, et le prix de l'album s'en ressent, il a presque doublé ! M3rde alors, je croyais qu'on était en pleine pénurie de papier/carton, d'autant qu'il y a peu de texte, donc ça reste parfaitement lisible en taille mini... et perso, je manque de place dans mes étagères, surtout qu'Apik lit (et achète) des gros bouquins...

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Heureusement, elles sont toujours amusantes, avec leur silhouette affaissée & les fringues à la Carmen Cru - ou les Vamps, ou feue l'adorable mamie d'Apik, comme vous voulez, selon vos (p)références.

Elles se retrouvent souvent autour d'un verre, ou plusieurs, parlent de Q (génital ou scato).

En vertu de mon principe de vie en cours (ne pas être plus royaliste que le roi), je cop-colle ce que je disais dans mon billet sur le précédent tome : « Des mamies aux idées et mots revolvers qui dézinguent en vrac : l'actu, le gouvernement, les médias, le quotidien, la mort, la vie, leurs défunts maris et tous les bonhommes... ». (c)

Phrase re-lue et auto-approuvée.

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Merci à L. de me les avoir fait connaître et aimer 😘 avec le premier... opus. 😉
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#lesmémés, tome 3 : Fraîcheur de vivre

Même dentition qu’à 6 mois

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Ce tome fait suite à #lesmémés, tome 2 : Mourir peut encore attendre (2022) qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu avant, mais ce serait se priver d’un excellent ouvrage. Il constitue une anthologie de cinquante-deux gags ayant pour personnages principaux trois mémés : Huguette, Lucette, Paulette, seules ou ensemble. Il est paru pour la première fois en 2023. Chaque gag a été réalisé par Sylvain Frécon, pour l’histoire, les dessins et la mise en couleurs. Tous les gags sauf un sont en une page. Parmi eux, douze se présentent sous la forme d’une unique illustration avec un dialogue. D’entrée de jeu, le lecteur apprécie le titre à sa juste valeur : le slogan des années 1980 d’une célèbre marque de gomme à mâcher.



DodoPipiDodo : le réveil d’Huguette sonne. Elle se lève passe aux toilettes, fait ses besoins, et va se recoucher. Le lendemain au comptoir, elle déclare à ses amies Lucette et Paulette qu’elle est la France qui se lève tôt, qui va pisser, et qui se recouche. Madame Martichou : Huguette et Lucette se sont coiffées d’un chapeau conique avec des décorations de fête et se tiennent derrière madame Martichou dans son fauteuil roulant. Celle-ci s’apprête à souffler les trois bougies se trouvant sur le nombre 100 apposé sur son gâteau d’anniversaire. Elles effectuent le décompte, mais à la Trois, rien ne se passe. Libations : Lucette, Huguette et une copine de son âge se tiennent devant une tombe au cimetière. La copine est en train de leur servir un verre et elle explique que c’était une pratique courante chez les Grecs, dans l’Antiquité. Ils appelaient ça des libations. On se réunissait en famille, on ouvrait une petite bouteille et on la dégustait avec le mort, tranquille. Du coup, pour perpétuer cette petite tradition, elle a fait installer un tuyau relié directement à Raymond, dans son cercueil.



String 1 : habillée, Raymonde farfouille dans sa commode et elle met la main sur un string qu’elle a porté dans sa jeunesse. Elle prend la petite pièce dé vêtement délicatement dans les mains, se déplace pour se mettre devant son miroir en pied, et positionne le string devant son bassin. Puis elle se tourne, et recommence l’opération, toujours en le tenant entre les mains, en le plaçant au niveau son ample postérieur. Elle énonce le constat qui s’impose de lui-même : on peut dire que le passage au XXIe siècle aura été fatal à son string. Mécanique : Lucette, Paulette et deux autres copines forment un cercle autour d’Huguette qui est penchée en avant en train de s’affairer sur son caddie, dont elle a disposé les pièces détachées sur des feuilles de journal, devant elle à même le trottoir. Doute : Huguette est allongée sur le divan de son psychothérapeute et elle lui fait part de ses doutes. Parois, elle a l’impression que son cerveau va exploser tellement elle a de doutes. Y en a qui ont la tête remplie de certitudes, elle, la sienne, elle est remplie de doutes. Petite question : en volume, c’est quoi qui prend le plus de place ? Un doute ou une certitude ?



Le retour d’une des séries comiques les plus transgressives : en lieu et place d’individus jeunes et en bonne santé, l’auteur a choisi des vieilles, pas simplement des personnes âgées, mais des femmes en fin de vie, diminuées physiquement, à la silhouette ravagée par le temps, des corps ayant perdu leur combat contre la gravité. Le temps des projets d’avenir est passé : il s’agit maintenant de tenir un jour de plus. Ces journées sont partagées entre les courses, les siestes, les programmes télé, les enterrements et les examens médicaux : elles n’ont plus le temps de faire autre chose. L’auteur ne triche jamais avec ce principe. Huguette, Lucette et Paulette ne sont jamais représentées avec quelque once de glamour que ce soit, jamais mises en valeur physiquement. Pour autant, il ne se moque jamais d’elles non plus. Comme dans le premier tome, le lecteur découvre un gag dans lequel Huguette est nue du début à la fin, à vraisemblablement plus de quatre-vingts ans. L’artiste n’enjolive en rien son corps : seins qui tombent sous le nombril, amas de graisse au niveau de la ceinture abdominale, poils pubiens blancs, et une silhouette dessinée de manière caricaturale comme tous les autres personnages : jambes un peu trop courtes, bouche en forme de long bec, gros nez exagérément long, doigts trop fins par rapport au reste du corps, etc. Il n’y a pas de sexualisation de la personne, ni de dégoût de la chair fatiguée, ni de moquerie insidieuse, condescendante ou méprisante. De par cette approche, cette bande dessinée sort du moule des séries humoristiques.



L’artiste réalise des dessins dans un registre caricatural avec un bon niveau d’informations visuelles. Avec le premier récit, le lecteur retrouve cette forme un peu particulière pour les cases : des ellipses plus ou moins allongées, sans bordure encrée. Il se retrouve dans la chambre à coucher d’Huguette, puis ses toilettes : la couverture et le drap, la table de nuit, la lampe de chevet, le réveil, la fenêtre avec le rideau à demi tiré, les cadres avec les photographies, puis dans les toilettes la table à repasser, le balai pour les WC, le dévidoir de papier, le rouleau supplémentaire, la canalisation, et la porte, tout ça en seulement deux cases. Par contraste, le zinc du comptoir est évoqué par un seul trait et des reflets. Le fait que l’artiste ne rechigne pas à la peine et la gestion de la densité d’informations visuelles permettent au lecteur de se projeter dans chaque environnement : le salon de Madame Martichou pour ses cent ans, la zone de cimetière autour de la pierre tombale de Raymond, une autre zone de la chambre d’Huguette avec la commode et le miroir en pied, le cabinet du psy avec le divan et le fauteuil, l’évier avec la pauvre coquillette toute blanchie, le rayon fruits et légumes du supermarché, puis le rayon de nourriture pour animaux de compagnie, le square municipal avec ses allées, ses pelouses et ses bancs, la table en terrasse du café, une chambre d’hôpital avec son lit et ses appareils de monitoring, et même la mer en Bretagne pour une baignade avec bonnet de bain et lunettes. De temps à autre, l’auteur souhaite focaliser l’attention de son lecteur plus sur la situation ou sur les dialogues, ce qui l’amène à réduire la représentation des décors à la portion congrue. Juste un mur aveugle quand quatre mémés se sont mises en cercle autour d’Huguette en train de vérifier les pièces détachées de son caddy. Juste l’évier au premier plan, sans aucun arrière-plan quand elle considère la pauvre petite coquillette toute blanchie qui refuse d’être avalée par l’évier. Juste la cuvette des toilettes quand Huguette, assise dessus, chante la chanson du film Titanic. Ou encore deux gags avec les personnages sur fond blanc. Au total, cela ne représente que six gags sur les cinquante-deux.



Quoi qu’il en soit, le regard du lecteur est avant tout accaparé par ces dames. La caricature permet de prendre le recul nécessaire sur leur état physique et elles ont accepté les conséquences de l’âge depuis belle lurette. Un lecteur plus jeune, lui, peut se trouver plus dans la résignation devant leurs silhouettes affaissées et alourdies, leurs toilettes démodées depuis plusieurs décennies, les grosses lunettes qui empêchent de voir leurs yeux, les postures privées de toute souplesse, les expressions de visages limitées et peu gracieuses, parfois pas du tout affables, avec une forme de franchise propre aux enfants et aux personnes âgées qui peuvent enfin moins se soucier des convenances. Alors, oui, certains moments glorieux ne sont pas épargnés au lecteur : Huguette sur les toilettes dans trois gags différents, madame Martichou dans son fauteuil roulant, une copine poussant son caddy comme un déambulateur, ou encore Huguette montrant fièrement sa dernière dent à ses deux copines, en précisant que c’est la même dentition qu’à ses six mois.



L’auteur continue de faire l’équilibriste entre un humour flirtant avec le macabre et le décalage entre l’horizon d’attente de ces êtres humains et celui du reste plus jeune de l’humanité, tout en brocardant leur quotidien. À nouveau, il se tient à distance du registre de Jean-Marc Lelong (1949-2004) avec Carmen Cru (1984-2001). Ces charmantes personnes âgées savent faire preuve d’humour et d’autodérision, parfois aux dépens de leur interlocuteur, tout en évoquant leurs souvenirs. L’auteur trouve des sources de gags dans de multiples directions, évitant la répétition : blocage de l’appareil bucco-mandibulo-maxillaire, string devenu obsolète, attachement affectif à son caddy, relativisation des moments importants d’une vie, surdité chronique plus ou moins aggravée, visite chez le médecin, crainte que ce repas soit le dernier, libido annihilée, sieste intempestive. Il glisse également quelques gags sur l’actualité comme la retraite, la France qui se lève tôt, la mort de la reine d’Angleterre, la morosité des informations, et un gag irrésistible sur le sort de Leonardo di Caprio dans Titanic.



Trois héroïnes du quatrième âge de BD : un choix aussi téméraire qu’impensable. Sylvain Frécon réalise des gags avec une narration visuelle caricaturale comme il sied à ce genre, et bien nourrie en informations, donnant à voir ces dames respectables dans toute leur décrépitude physique. La conscience de la mort est bien présente, sans pour autant que la série se laisse aller à une morbidité factice, préférant l’humour du décalage généré par le point de vue de ces personnes à la vie quotidienne bien réglée, et au recul venant avec les décennies accumulées au compteur.
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#lesmémés, tome 3 : Fraîcheur de vivre

Pour commenter l'actualité, il y a les grandes chaînes d'information, les quotidiens, les réseaux sociaux.... Mais si cette actualité vous pèse, si vous avez besoin d'un peu de fraîcheur, de joie de vivre, retrouvez au plus vite Paulette, Huguette et Lucette, autrement dit "les mémés". Elles ont un avis sur tout et seront heureuses de le partager avec vous !



Alors que d'ordinaire les vieilles femmes semblent se fondre dans le décor, n'être plus là pour personne, et être totalement absentes des BD - à quelques exceptions près, comme Ma Dalton - Sylvain Frécon, illustrateur et scénariste du magazine Fluide Glacial réussit le tour de force de nous montrer trois vieilles dames qui croquent la vie à pleines dents - enfin, quand il leur en reste. Paulette, Huguette et Lucette sont totalement décomplexées et vivent leurs vies accompagnées de leur accessoire fétiche, leur caddie coloré - qu'elles appellent leur "charrette". La langue de bois, très peu pour elles ; aucun sujet n'est tabou. Il est bien fini le temps où on parlait de libido, de contraception à voix basse ! On s'exprime ! Les mémés se retrouvent volontiers devant un café ou un petit verre. Elles ont une pointe de nostalgie lorsqu'elles retrouvent le string de leur jeunesse, mais préfèrent ne pas s'attarder et accepter ce qui ne peut être changé. Elles s'intéressent à l'actualité - si déprimante qu'elles préfèrent ne rien entendre et mettre des boules Quies pour dormir - savent se servir d'un téléphone portable lorsqu'il s'agit de prendre en photo les fesses du petit plombier, et ont des amis sur facebook. Elles détestent le terme "acharnement thérapeutique". La "grande faucheuse" reste leur ennemie jurée, et elles sont capables de tout pour l'éloigner de la mère Morel qui n'est pourtant pas leur amie.



J'ai découvert l'univers des mémés grâce aux critiques publiées dans Babelio. J'aime beaucoup ces très vieilles dames un peu loufoques, à l'humour débridé, qui vivent intensément, entraînant dans leur course folle leur caddie de course... J'aime le regard bienveillant que pose Sylvain Frécon sur Huguette, Paulette et Lucette ; il nous offre, le temps d'une lecture, une autre respiration, une pause fraîcheur bienvenue.









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#lesmémés, tome 3 : Fraîcheur de vivre

« Voyez-vous, nous souhaitons avant toute chose apporter un peu de féminité dans un 9e art depuis trop longtemps dominé par les Tintin, les Gaston Lagaffe, les Titeuf, et autres mâles alpha bodybuildés ! »

[ les 3 'mémés' sont face à l'éditeur ]

Ne vous emballez pas, cet extrait est le meilleur moment de l'album.

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Car oui, elles vieillissent mal, Paulette, Huguette et Lucette.

J'ai adoré les découvrir en 2021 - merci L. ! 😘

Un an plus tard, elles étaient déjà délestées de 10-20 pages et accusaient pourtant 300 grammes et 340 cm2 de plus*, et 1 étoile 1/2 de moins pour moi (pour l'humour perdu, ça).

En 2023, nouvelle chute, je passe à 3/5.

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J'ai commencé à sourire/rire tard, seulement au milieu de l'album, et pas à toutes les pages suivantes. Quoi qu'annonce le titre, ce troisième opus n'est donc pas frais : lourd, réchauffé, déjà-vu, mou, gentillet, facile.

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Je serai plus prudente avant d'acheter l'éventuel suivant. Mieux : je le lirai en librairie.

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* J'ai sorti ma règle en métal et ma balance de cuisine (passé de 240 gr à 540) ; c'est dingue ce gaspillage de papier/carton alors qu'on entre dans une pénurie - l'album est passé en grand format, et la couverture, qui était souple pour le 1er opus, est désormais reliée... Sans parler du coût du transport accru, puisqu'on en loge moins dans un même contenant, par définition...
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#lesmémés, tome 1 : Chroniques des âges farouches

Vieillir, c’est balayer chaque jour un peu de soi-même.

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Ce tome constitue une anthologie de soixante-cinq gags ayant pour personnages principaux trois mémés : Huguette, Lucette, Paulette, seules ou ensemble. Il est paru pour la première fois en 2021. Chaque gag a été réalisé par Sylvain Frécon, pour l’histoire, les dessins et la mise en couleurs. Cet artiste a illustré la bande dessinée adaptée du dessin animé Oggy et les Cafards, ainsi que la série Les Barbares chez Hugo.



MeToo 1 : Lucette et Huguette papotent devant un mur sur lequel s’étale le slogan : À mort le patriarcat. Huguette demande à Lucette si elle a remarqué tous ces mecs qui flippent devant MeToo. On se croirait en 81. L’arrivée des socialos au pouvoir ! La grande panique ! La peur des chars russes sur les champs Élysées ! Les bourgeois qui planquent leur fric. À l’heure qu’il est, elle est sûre qu’il y en a qui sont déjà partis planquer leurs couilles en Suisse. Fond dépressif : Huguette et Paulette sont en train de prendre un ballon sur le zinc. La première sent son fond dépressif qui remonte. La seconde lui prodigue des conseils : laisser tranquillement le fond dépressif remonter jusqu’à ce qu’il ressorte, et là le choper et lui tordre le cou. Mais attention, le fond dépressif est malin et très méfiant. Du coup, deuxième technique : l’empêcher de remonter en le repoussant encore plus vers le bas. En lui balançant des trucs sur la gueule, tout ce qui lui passe sous la main. De la nourriture par exemple. Ou aussi le noyer avec des bières. À un souhait de bonne année de Paulette, Huguette répond qu’elle y va un petit vite en besogne : on va déjà essayer de finir la journée. Petit Oiseau 1 : Lucette montre un petit oiseau sur une branche dénudée, à Huguette, comme il chante joliment. Si ça trouve, il n’est peut-être pas en train de chanter, mais en train de discuter avec un copain. Et peut-être qu’ils parlent d’elles et qu’ils en disent du mal.



Laisser une trace : dehors sur le trottoir, Huguette a détecté une trace de caddie. Elle l’examine et fait remarquer à Lucette que la trace permet de déduire que la roue gauche a pris une légère ondulation, vraisemblablement le roulement à billes fatigué. Elle comprend qu’il s’agit du caddie de Mme Bouglion : il faut aller l’avertir de toute urgence. Dimanche pluvieux : Huguette joue à un jeu vidéo de type Tir en vue subjective. Le téléphone sonne : elle maugrée contre l’importun qui l’interrompt dans sa partie et décroche. En réponse à une question, elle indique que par ce dimanche pluvieux elle est en train d’écouter un quatuor de Brahms, en relisant les mémoires du Général, et elle s’enquiert de l’occupation de son interlocutrice. Turbo Quatro Deluxe : assises sur un banc, Huguette et Lucette voient passer une autre dame âgée avec un caddie flambant neuf. Elles en commentent chacune des options. Psy : Huguette est allongée sur le divan de sa psy et cette dernière lui demande ce qu’elle transporte dans son caddie, car il a l’air toujours vide. Caddie : Huguette annonce à son époux qu’elle sort faire des courses, et elle laisse son caddie dans l’entrée de l’appartement, contre le mur. Quelques instants plus tard, elle revient le chercher, mais il n’est plus dans l’entrée.



Ces gags ont été initialement publiés dans le magazine Fluide Glacial, connu pour son humour libéré et décalé, parfois potache, et souvent politiquement incorrect. La couverture montre une vieille femme courbée par l’âge, tirant son caddie, représentée de manière caricaturale, rien de très excitant d’un point de vue visuel. Le titre renvoie évidemment au personnage de Rahan, de Roger Lécureux & André Chéret, dont le sous-titre était Le fils des âges farouches. La page deux présente les trois principales protagonistes en un unique dessin et juste leur nom écrit au-dessus avec une flèche pointant vers chacune : Huguette très tassée et son caddie, Lucette plus grande avec un chapeau, et Paulette tenant également un caddie avec une chevelure coiffée dans un haut chignon. Le lecteur relève de suite les caractéristiques du dessin : des morphologies exagérées avec un tronc en forme de poire, et des nez allongés dans le genre école Gros Nez, mais avec des formes bizarres. Effectivement Huguette et Paulette ont un bassin aussi large que la hauteur de leur corps. Il est également visible que leur poitrine tombe jusqu’au niveau de leur nombril. Il ne s’agit en aucun cas de grands-mères bien conservées, encore très actives, avec une silhouette sportive. L’exagération produit un effet comique, sans être moqueuse ou railleuse. Les traits de contour sont fins, assez assurés, donnant une impression de dessin d’humour, sans volonté de faire joli, sans peaufinage des contours.



La majeure partie des gags occupe une page chacun, avec douze pages qui en contiennent exceptionnellement deux. La majorité est racontée en plusieurs cases, l’artiste ayant opté pour ne pas en détourer les bordures, et leur donner des formes arrondies. Huit gags prennent la forme d’un dessin en pleine page. Le dernier gag est le seul à être raconté en deux pages. La majeure partie des gags fonctionne sur une discussion, ou des remarques proférées à haute voix par Huguette ou par une des deux autres mémés. Le dessinateur a l’art et la manière d’installer un environnement, soit en quelques traits, soit de manière détaillée, avec un rappel uniquement par camaïeu en fond dans les cases suivantes, soit en le représentant tout du long de la séquence. Ainsi dans le premier gag, il a réalisé quatre cases de la largeur de la page, et le mur est représenté avec son slogan dans les quatre, ainsi que l’établissement de coiffure en arrière-plan, l’arbre sur le trottoir et la voiture garée. Dans le gag suivant, il a uniquement représenté le zinc en premier plan des neuf cases. Dans un autre, il n’y a que l’arbre tout nu sans feuille dans les sept cases. Par contraste, dans le neuvième gag intitulé Caddie, chaque endroit est représenté dans les dix cases, pour situer où se trouve Huguette : dans l’entrée, dans l’escalier, dans la rue, dans sa chambre à coucher, dans un troquet.



L’artiste a donc conçu chacune des trois mémés de façon à être immédiatement identifiable, même si dans ces gags, elles ne font pas preuve d’une personnalité ou d’un caractère très différencié. Elles sont souvent en train de parler, installées de manière statique, ce qui correspond bien à un comportement de leur âge. Dans un gag, Huguette précise que sa vie compte déjà 34.632 épisodes, soit 96 ans. Il leur arrive de se livrer à une activité : le plus souvent papoter, mais aussi tirer leur caddie, promener leur chien, faire la queue, visiter une exposition d’art contemporain, faire le ménage, se recueillir au cimetière, etc. De ce fait, ces occupations apportent une variété visuelle, parfois surprenante, par exemple quand Huguette jour à une jeu vidéo, ou quand elle regarde une affiche d’un film de Rambo avec Lucette, ou encore un chantier de démolition. À une demi-douzaine de reprises, le gag est de nature visuelle.



En termes d’humour, l’auteur s’appuie régulièrement sur des éléments de société : le mouvement MeToo, les jeux vidéo, le luxe, la série Game of Thrones, l’état du monde, le confinement, les réseaux sociaux, l’art de Ron Mueck (mais appliqué à un caddie plutôt qu’à des corps géants), la mort de Michel Serres (1930-2019), l’absurdité du monde, la théorie du complot, les Black Blocks, l’obsolescence programmée, la surconsommation (avec cette observation définitive : quand on est mort, on ne consomme plus), le réchauffement climatique et l’usage du ventilateur, la théorie du grand remplacement, etc. Certains gags sont très classiques, comme celui sur la poussière : faire le ménage tout en pensant qu’après sa mort on retournera à l’état de poussière, et donc qu’on balaye un peu de soi-même. Certains jouent sur le physique : Huguette choisissant de ne pas se raser la moustache car ça lui donne un air Glam Rock, ou androgyne, ou encore ce gag sur la canicule où elle est nue dans son appartement. D’autres apportent une perspective différente en intégrant l’échéance de la fin de vie. Quelle disposition prendre sur Facebook en cas de décès : une question très pertinente en ce qui concerne le compte d’Huguette. Le décès de Johnny Halliday : Huguette indique que son objectif, est surtout de survivre à Michel Drucker.



En découvrant ces trois mémés, le lecteur peut penser un instant à l’irascible Carmen Cru de Jean-Marc Lelong (1949-2004). Toutefois, elles sont trois et elles font preuve d’un sens de l’humour que ne possède pas Carmen Cru. Sylvain Frécon se montre tout aussi transgressif que Lelong, à sa manière tout aussi subversive. L’humour fonctionne souvent sur le principe que ces femmes se savent proches de la tombe. Du coup, la mort fait sentir sa présence en filigrane, comme inéluctable et naturelle. Il y a bien sûr la déchéance physique : elle est visible dans la représentation visuelle avec ces silhouettes qui ont perdu contre la gravité, que ce soit l’affaissement de la poitrine ou le tassement de la colonne, même s’il n’est pas question des traitements médicamenteux, ou de leur état de santé. Fidèle à l’esprit Fluide Glacial, cela donne lieu à un ou deux gags très bien sentis sur la constipation. Dans le gag Stratégie, Paulette expose un de ses principes de vie : se fatiguer au minimum pour durer un maximum, une philosophie de vie à l’opposé d’espérer mourir avant d’être vieux, ou du slogan Vivre vite, mourir jeune et faire un beau cadavre. Le lecteur côtoie ainsi des êtres humains qui ont accepté le fait qu’ils vont mourir dans un proche avenir, peut-être quelques jours, et qui continuent de lutter tout en ayant également accepter leur affaiblissement physique, des capacités diminuées, au lieu de simplement s’y résigner.



Une nouvelle série de gags en une page, sur la base de personnages peu séduisants : des vieilles mémés décaties. Le lecteur découvre des dessins avec une bonne dose de caricature pour les personnages, une variété visuelle enrichissante, des situations et des environnements diversifiés. Dans un premier temps, il sourit à l’humour fonctionnant sur les remarques pleine de bon sens ou acerbes de Huguette, Lucette et Paulette, ainsi que les références culturelles. Rapidement, il ressent le décalage de point de vue qu’apporte leur âge avancé et la proximité de la mort, ainsi que l’absence de critique de l’auteur vis-à-vis de ses personnages. Sans méchanceté aucune, il met en scène des êtres humains qui ont le courage d’accepter que leur vie arrive bientôt à son terme, de vivre consciemment chaque instant avec le couperet de l’obsolescence programmée à l’esprit, une façon de penser particulièrement transgressive dans une société où tout est fait pour masquer la mort, pour la tenir éloignée de l’esprit de chacun.
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#lesmémés, tome 1 : Chroniques des âges farouches

L’avantage du grand âge, c’est qu’il permet de dire tout et n’importe quoi ! Le tout en se foutant bien du quand-dira-t-on, de choquer ou pas…



Les mémés qui peuplent ces pages sont caustiques, irrévérencieuses, acides, lucides, elles ont les nichons qui pendouillent, les fesses qui débordent de tous les côtés, le caddie qui les suit et elles m’ont bien fait rire, ces mémés, avec leurs réflexions pas piquées des hannetons.



L’une d’elle m’a même fait péter de rire en utilisant un masque facial d’une toute autre manière que pour se protéger du covid.



Et puis, elles sont branchées, les mémés ! Elles likent, elles pokent, bref, elles sont connectées.



Les dessins sont dans des formes simples. Pas de chichis. Soit l’auteur nous offre nos mémés évoluant dans des décors minimalistes, juste ce qu’il faut, soit nos petites vieilles se retrouvent sur des fonds blancs pour distiller leurs réflexions sur tous les sujets possibles.



Ce minimalisme leur va comme un gant !



Des grands dessins (les vieux pourront lire sans difficulté), des gags sur une page ou deux, une grande police d’écriture, bref, tout est fait pour qu’on puisse les lire jusqu’à 77 ans et plus.



Une bien belle découverte, que ces mémés caustiques qui nous livrent des réflexions pleines de bons sens, d’humour, de causticité, sur notre société, le monde, bref, elles philosophent accoudées au zinc d’un bar et en plus d’être drôles, elles sont bien piquantes !


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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#lesmémés, tome 2 : Mourir peut encore attendre

L'auteur nous fait partager le quotidien de petites vieilles. Elles suscitent, tour à tour, ou simultanément : pitié, admiration, agacement, et rire. Le propos est amusant mais seules quelques planches m'ont parues réellement très drôles.



Les première et quatrième de couverture donnent un bon aperçu du graphisme, qui n'est pas l'essentiel dans une telle bande-dessinée.



Un second tome à l'image du premier.
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Les Footmaniacs, Tome 5 :

Le FC Palajoy est un club exceptionnellement… médiocre !

Quelques commentaires dans la presse : « Et comme chaque week-end, nouvelle défaite du F.C. Palajoy, l’équipe qui fait rire ! »

« Match au niveau de l’équipe… C’est-à-dire nul ! »

« C’est une honte qu’on abîme l’herbe d’un stade tous les samedis pour y faire une parodie de foot ! »

Bon, d’accord ! Ce n’est pas demain que le F.C. Palajoy remportera un match, mais il en faut bien plus pour démoraliser Marcel Dubut, supporter qui ne vit QUE pour son club ! Marcel et l’entraîneur ont une méthode infaillible pour repérer les meilleurs joueurs. Une méthode unique basée sur l’observation des plus grands footballeurs : plus leur femme ou leur copine est jolie… Je vous laisse deviner la suite… Il fait trop chaud pour que mes quelques microgrammes de matière grise se consument pour vous narrer l’inénarrable !



Critique :



Les dessins d’Olivier Saive font honneur à la BD francobelge. Ils sont vivants et drôles. Les scénarios se moquent gentiment de cet univers tout en donnant l’impression que les auteurs ne sont pas loin de la vérité et qu’ils se sont mués en sociologues des stades.

Vous n’aimez pas le foot ? Lisez « Les Foot Maniacs » ! Après cela, vous n’aimerez peut-être toujours pas ce sport, mais vous aurez passé un agréable moment de détente.

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Les animaux menacés : Comment les protéger ?

Un documentaire jeunesse vraiment intéressant pour sensibiliser les enfants sur la protection des animaux menacés d'extinction et les actions mises en place dans le monde pour leur venir en aide.

De la préservation des lieux de vie à la lutte contre la chasse ou le commerce en passant par les programmes de réintroduction, de nombreuses initiatives sont présentées, avec des textes simples et de grandes illustrations.

Chaque page est aussi accompagnée d'un jeu de questions/réponses, sous forme de roues à tourner, pour tester les connaissances des petits lecteurs.

Très chouette !
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#lesmémés, tome 1 : Chroniques des âges farouches

Qui n'aime pas les petites grands-mères vives d'esprit, pleines d'humour, connectés avec leur temps, qui ont toujours quelques choses à dire en balançant une petite pic par ici et par là de temps en temps ?



Ici dans "#lesmémés - chroniques des âges farouches", les mémés sont partout, avec leurs cabas à roulettes, leurs grands nez, leurs franc-parler. Les mémés commentent leur journée rythmée comme une horloge, avec leur lot de surprise du quotidien, bonne ou mauvaise nouvelle.



C'est un album de chroniques, chaque chronique fait une à deux pages, les traits sont grossiers, caricaturés, comme ceux que l'on peut voir dans différents journaux. Les mémés ont des opinions sur tout, du covid, au hashtag metoo, sur Alain Delon ou même sur Games of Throne.



L'humour est présent forcement, les thèmes sont multiples : politiques, sociaux, culturels ; qui livrent certains messages sur ce qui nous entoure dans notre quotidien.



Les grands-mères sont attachantes, avec leurs idées bien arrêtées, mais malgré cela, elles sont gentilles, drôles, sympathiques et loufoques. Certaines planches transmettent des émotions sans pour autant avoir de texte. Bref, ce petit livre fait du bien au moral, fait sourire, dans une période sombre de notre existence, on ne peut qu'adhérer !
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#lesmémés, tome 3 : Fraîcheur de vivre

Une BD qui détend pendant les vacances. Ça tombe bien, je l’ai trouvé à la bibliothèque de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et lu près de la mer.



On suit le parcours de trois vieilles dames toutes droit sorties d’un film d’Audiard. En mode Tatie Danièle, elles sont prêtes à toutes les outrances et à toutes les bravades. Quand l’une d’elle photographie discrètement les fesses des plombiers, l’autre veut monter à un arbre pour « chier » sur les pigeons en représailles, et la dernière n’hésite pas à fantasmer longuement sur le string de ses vingt ans…

Bref, c’est léger, pas forcément toujours fin, mais ça n’empêche pas de réfléchir pour autant.

Cette bande de joyeuses drilles m’a fait passer un excellent moment, alors merci à Sylvain Frécon et à Fluide glacial.



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#lesmémés, tome 2 : Mourir peut encore attendre

Merci à Babelio qui m'a envoyé cette bande dessinée, dans le cadre de masse critique.



Et quelle belle découverte ! J'ai adoré cette bande de mémés drôles, cyniques et avec un humour noir qui n'a pas été pour me déplaire.



J'ai bien aimé qu'il y ait pleins de sketches et de scènes différentes. Ça permet de diversifier les scènes et les blagues (même s'il y en a des plus ou moins drôles selon chacun, forcément).



N'ayant pas découvert le tome 1,je vais vite me le procurer, en espérant me régaler autant qu'avec celui-ci !
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