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Critique de sebito


Un roman de la veine des "feel good", qui, comme les autres livres de ce type, ne présente que peu d'intérêt. On peut prendre du plaisir à lire ce genre de livres car il nous encourage à être plus positif, voir la vie du meilleur côté, dire non au stress et aux "exigences" quotidiennes. Je suis assez d'accord car c'est aussi ma façon de voir la vie. Quel est l'intérêt de courir pour prendre un métro parisien alors qu'il y en a un toutes les 2 minutes en moyenne ? En revanche, ma méthodologie suivie par ces livres, et particulièrement celui-ci, me gêne énormément, d'autant plus qu'il n'a aucun recul sur ce qui est avancé. Premièrement, quel est l'intérêt de situer l'action au Népal, ou tout autre lieu loin de l'Occident, pour avancer des préceptes bien occidentaux (retour aux sources et compagnie) ? Tout simplement pour vanter les "valeurs ancestrales et religieuses" (dixit p.120). Ah bon ? C'était mieux avant ? Juste pour rappel, si ces valeurs ancestrales et traditionnelles sont si merveilleuses, on devrait alors enlever le droit de s'exprimer en société aux femmes, les marier de force à 10 ans pour respecter la tradition, ne les autoriser qu'à faire le ménage et la cuisine, et à enfanter. Pas sûre que l'auteure dirait la même chose si elle avait pris dur recul sur ce qu'elle dit. Aucune des personnes de ces fameuses sociétés "exotiques", régie par des lois religieuses et traditionnelles, n'est heureuse. Elles ont appris à cultiver une forme de bonheur quotidien car elles n'ont pas le choix, sinon leur quotidien, écrasé par ses us et coutumes, serait un enfer. C'est très différent de ce qu'avance l'auteure, ou de qu'elle a cru voir superficiellement avec ses yeux d'occidentale partie à la rencontre des peuples autochtones. Et un discours qui rappelle furieusement le discours du "bon sauvage" (Diderot et compagnie). Les "enseignements" de ce livre relève de la foi (on y croit ou pas). Cela ne me dérange pas. Mais je suis dérangé quand on essaye de justifier des croyances ou qu'on prône des comportements insensés. Dire qu'on peut éviter un rhume juste parce qu'on a décidé d'être en bonne santé, c'est tout simplement dangereux car, non seulement c'est complètement faux, mais en plus nombre de personnes vont se dire que c'est vrai avec toutes les maladies. Essayer d'expliquer l'effet placebo "je vais mieux car je suis positif" (qui existe, c'est scientifiquement prouvé, mais c'est aussi scientifiquement non expliqué) par des arguments scientifiques mal compris est une aberration. Cela rejoint le créationnisme. Alors non, les atomes ne sont pas composés de vide. L'auteure n'a à priori pas du tout compris la notion d'orbitales électroniques: les électrons sont en mouvement perpétuel autour du noyau, ce qui fait qu'à un temps t, ils sont à une position précise, mais sur une durée, ils occupent tout l'espace. Il n'y a donc pas de vide dans un atome. Loin de là. Et non, la théorie des cordes n'a jamais été prouvée (elle est même remise en cause): d'après l'étude de la lumière, il a été supposé que d'autres corps seraient ondes et particules (et non pas que ondes, contrairement à ce que suppose l'auteure), mais cela n'a jamais été prouvée. Partir de ce postulat pour dire, en s'appuyant faussement et de façon honteuse sur des données scientifiques, que tout est onde et que les humains doivent vibrer en harmonie avec les ondes de la nature pour être heureux est l'exemple même d'une utilisation fausse et déformée de la science. Cette affirmation relève de la foi, inutile de s'appuyer faussement sur des données scientifiques pour inciter les gens à y adhérer. Dire qu'on est seul responsable de son bonheur n'est pas nouveau. Sartre l'a très bien expliqué avec sa philosophie existentialiste. Mais il est faux de dire qu'on est pleinement responsable de son bonheur et de ses actes. Les actes des autres et l'environnement social et économique peuvent nous empêcher d'atteindre le bonheur et nous empêcher d'agir. Ce qui rejoint la thèse de l'auteure disant qu'on est responsable de sa victimisation. Souvent, peut-être. Je dirai même oui, souvent. Mais nier qu'on peut être victime est une aberration (quid des attentats ? des meurtres ? des viols ? Les victimes choisissent rarement d'être heurtées par ces actes; elles sont victimes, elles ne se victimisent pas !) Dire qu'on doit tous être égaux, honnir les conflits, , ne pas être en colère, etc, est une utopie, qu'on retrouve dans certains discours politiques d'extrême gauche. Cela n'existe pas et n'existera jamais. L'homme est avant tout un animal social et il n'existe aucune société animale (ou végétale puisque c'est aussi à la mode), sans lutte, sans conflit, sans inégalités. J'insiste: il n'en existe pas une ! Et pour finir l'auteure n'est pas à un paradoxe près: Shanti, un des héros, incite l'héroïne Maêlle à aller voir le couple raciste car il faut être positif, ne pas être dans le conflit et aller vers ceux qui ne pensent pas comme nous, mais cela ne le gêne pas, deux jours après, de bouder et fuir Maêlle en refusant de lui parler car elle est en colère contre lui et qu'il ne veut pas perdre son temps.
Bref, une très longue critique pour inciter les lecteurs à prendre énormément de recul avec ces lectures "feel good" très à la mode, qui finalement sont des croyances du même type qu'une croyance religieuse, mais plus perfides car elles se donnent une belle image exotique et détournent des données scientifiques pour justifier ce qu'elles avancent.
Pour moi, "kilomètre zéro" est sans intérêt. Il y a des méthodes d'introspection qui sont nettement plus intéressantes (l'ikigaï par exemple).
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