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Critique de croquemiette


Ambiance Wisteria Lane. Dans un quartier cossu, une femme reçoit ses voisins pour une garden party à l'occasion d'un anniversaire d'enfant. Tout est parfait, préparé avec soin. le jardin est entretenu, les gens sont aisés et beaux, le magicien charme les enfants.

Qui dit Wisteria Lane, dit femmes désespérées… Quatre femmes, quatre profils différents, tous en lien avec la maternité, thème central de ce roman.

Blair qui s'est mise de côté suite à la naissance de sa fille Chloé.

Rebecca, médecin urgentiste, qui rêve d'avoir un enfant mais qui enchaîne les fausses couches.

Mara, une vieille portugaise qui tue l'ennuie en observant ses voisins.

Enfin, Whitney Loverly, chez qui la fête a lieu. Belle et indépendante, admirée de tous, carriériste, elle pense à son bien-être personnel et délaisse ses enfants.

Alors quand elle hurle sur son fils et l'humilie, les invités se figent.

Alors quand son fils tombe de la fenêtre du troisième étage de sa chambre plusieurs mois plus tard, ils imaginent le pire.

Sous des abords caricaturaux, ces portraits de femmes sont d'une finesse incroyable et Ashley Audrain leur donne vie et observe les jeux de dupes et de pouvoirs qui se jouent entre elles. Les dialogues sont très réalistes, elle a le souci du détail et le langage non-verbal en dit autant sur ces héroïnes que leurs paroles. "Tant de choses étaient échangées dans ce qui n'était pas dit". Des murmures que l'on peut refuser d'écouter, mais que l'on entend... «Ces moments qui essayent de nous dire que quelque chose ne va pas. »

Chacune a une fêlure, sous le beau vernis de l'aisance sociale. Chacune se bat avec le rôle de mère. C'est un texte qui parle de femmes, qui nous plonge dans la tête de ces mères et qui invite à l'empathie.

Dur de lâcher ce thriller psychologique. On veut savoir, on entre dans la ronde des ragots et des rumeurs. La double temporalité et l'alternance de points de vue nous permettent de retrouver les pièces manquantes de ce drame qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière phrase.

J'ai pensé à Laura Kasischke ou à Jonathan Dee qui excellent aussi dans l'art de disséquer la psyché de leurs contemporains, dans une Amérique privilégiée.

J'ai été bluffée par ce roman chorale. Si j'étais romancière, c'est le texte que j'aurais voulu écrire. Brillant !
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