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Critique de lafilledepassage


Un livre ES-SEN-TIEL.

Henri Laborit, chercheur du XXème siècle qui a étudié entre autre les molécules psychotropes et leurs usages thérapeutiques, passe tous les grands thèmes de nos vies à travers le prisme des découvertes (les siennes mais pas que) scientifiques sur le cerveau et le comportement des hommes en situation sociale.

Il explique d'abord brièvement quelques théories, à savoir que la seule motivation des êtres vivants est leur survie, avec la recherche de l'expérience agréable, dictée par les pulsions ou par les besoins acquis et souvent influencés par le cadre socio-culturel. Cette recherche implique une concurrence avec les autres vivants, les objets ou les êtres gratifiants étant en nombre limité, avec pour conséquence soit la soumission au plus fort, soit l'affrontement avec celui-ci, soit l'inhibition et l'absence de (ré)action (aux conséquences désastreuses pour la santé) ou soit la fuite dans un monde imaginaire et sublimé. (Tiens, cette histoire de fuite dans un monde imaginaire, n'est-ce pas un des points communs aux amateurs de fiction ?)

Ensuite l'auteur analyse tous les thèmes de réflexion de nos vies, comme la liberté, la foi, la mort, l'amour (y compris l'amour de la patrie), l'éducation, la famille, le sens de la vie, la politique, … Les concepts abordés sont variés et franchement je pense que tout le monde y trouvera un intérêt et matière à réflexion, quels que soient ses goûts, son histoire, ses angoisses.

Laborit consacre notamment tout un chapitre au travail (thème qui m'est cher), où il avance des pistes de réflexions sur son rôle (oui le travail n'est pas que la production de biens …) dans nos sociétés hyper-productives et hyper industrialisées, où l'on peut s'interroger sur la durée du temps de travail, qui a peu évolué malgré des machines toujours plus efficaces, et sur la frilosité de dominants à changer de paradigme économique, malgré l'urgence climatique. Les syndicats, les communistes (le livre a été rédigé dans les années septante, avec une URSS encore puissante) et les révolutionnaires en prennent aussi pour leur grade. Ce passage m'a d'ailleurs fait penser au roman « Moi et lui » de Moravia, assez critique sur les communistes italiens.

C'est un essai intelligent, et, qui plus est bien, écrit. L'auteur s'exprime en toute simplicité, avec humilité et reconnait ses limites. Il n'impose rien, partage juste ses analyses rondement menées, qui parfois bousculent certaines convictions, voire même les ébranlent. Un essai extrêmement lucide sur les rapports entre les hommes, sur le sens de nos vies, sur notre liberté réelle. Mais aussi un essai qui se veut optimiste, malgré tout.

Bref, c'est un essai qui ne laisse pas indifférent. Un essai qui fait appel à notre raisonnement et non à nos émotions. Un essai qui fait réfléchir, et donc potentiellement dangereux. Et donc à lire de toute urgence.

Ou à relire, encore et encore.
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