Elle frissonna. Quelque chose avait changé. Il la menaçait de sang-froid, sans colère, juste les idées claires. Olivia ne sut comment réagir face à ce nouveau Franck, plus effrayant encore que le précédent
Abigail était du genre à ne prêter aucune attention aux qu'en dira-t-on. Elle préférait mener sa vie comme elle l'entendait, sans se soucier des conventions et des principes érigés au rang de règles suprêmes par sa famille. Elle se moquait de savoir ce que son voisin de palier, sa fleuriste ou sa sœur pouvaient bien penser de ce qu'elle faisait ou à quoi elle ressemblait. En prison, c'était différent. Sa survie dépendait des autres, de leur jugement. Les qu'en dira-t-on, c'était du sérieux.
Il pense à sa femme. Elle aurait su consoler leur fille. Bien mieux que lui. Elle aurait eu les mots. Plus que lui. Elle aurait su comment faire. Pas lui. Il serra sa fille un peu plus fort, l'embrassa sur l'épaule et lui chuchota une fois encore que tout irait bien.
Depuis qu'elle avait décidé de quitter l'hôpital et de venir s'installer dans son cabinet, Franck était redevenu celui qu'il était six ans auparavant. Il buvait beaucoup moins. Il était protecteur sans être étouffant, viril sans être violent. Il était tout ce qu'elle aimait.
En prison, sa survie dépendait des autres, de leur jugement. Les qu'en dira-t-on, c'était du sérieux. Les plus faibles étaient données à manger aux plus fortes. Les plus fortes devaient l'être assez pour manger les plus faibles.
Le libre arbitre est notre bien le plus précieux, Olivia. Il faut s'en servir. Ne jamais laisser personne nous le prendre. Ne jamais laisser personne nous effacer. Et vivre.