Hazan

La couleur, une couleur, ça dure une seconde, parfois trois ou quatre minutes, au plus. Que faire, que peindre en trois ou quatre minutes ?

Johann Kaspar Lavater, recourant au mot nouveau "silhouette" dans les années 1770, fait des lignes physiques un thème d'étude tout particulier, multipliant les exemples, retenant "la détermination et la grandeur" du précepteur penché sur l'élève, "la noblesse et la spiritualité" de la mère arc-boutée par le poids de son enfant. Ces interprétations sont pauvres ici, autant le dire, mais elles révèlent une volonté clairement spécifiée: découper en autant de lignes et de frontières l'ensemble des contours vestimentaires et physiques pour mieux interpréter attitudes et positions.

Plus systématique, plus illustratif, Johann Jakob Engel, inaugure en 1780 la première étude à visée exhaustive sur un tel objet, prétendant aider le peintre autant que l'acteur. Les catégories s'y déclinent interminablement [...] L'orgueilleux, par exemple, "en fourrant une main dans sa veste, préfère de la placer très haut sur sa poitrine; et si l'autre reste libre, il la pose en la retournant, avec le revers sur le côté, en faisant avancer le coude. Sa tête est jetée en arrière; la distance des pieds tournés en dehors, est fort grande, et si l'un des pieds sert d'appui, l'autre est très avancé".