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Critiques de Pozla (78)
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L'homme qui courait après sa chance

Rien ne va pour ce bonhomme un brin poissard, il faut le reconnaître. Alors qu'il veut chasser des corbeaux qui s'attaquent à ses récoltes, un nuage de fumée s'échappe de sa maison. Aussitôt, il rentre chez lui et ne peut que constater que son plat qui mijotait est complètement cramé maintenant. Pour se donner du baume au cœur, il se prépare pour le bal de ce soir, certain que ce soir, c'est son soir ! Tout bien apprêté, c'est d'un pas guilleret qu'il se dirige vers le village... jusqu'à ce qu'il se fasse arroser par une terrible averse. Et c'est tout dépité et trempé qu'il s'en retourne chez lui. Là, il surprend un loup avec ses cocottes dans la gueule. Décidément, quand ça veut pas... Mais où est donc passée sa chance ? Ce à quoi une limace lui répond que son cousin a traîné avec un vieil ermite dans la montagne. Sûr que ce vieil homme que l'on appelle celui-qui-sait-tout saura lui dire tout ce qu'il veut savoir...



Quand tout part en vrille et qu'il a l'impression d'avoir sans arrêt la poisse, ce drôle de personnage se demande, comme tout un chacun, où qu'est donc passée ma chance ?! Et s'il n'a pas la réponse, ce petit mollusque, sans bras ni jambe, aussi insignifiant soit-il à ses yeux, pourrait bien l'aider à la trouver. Encore faut-il que le petit bonhomme soit attentif à ce qu'on lui dit et ce qui l'entoure...Pozla revisite, à sa manière, le célèbre conte populaire éponyme et nous embarque dans une course effrénée et jouissive en compagnie de cet homme fort sympathique et touchant. Cet album, porteur de messages, est intelligemment et joliment mené. En effet, graphiquement, Polza nous régale avec ses planches dépourvues de cases, au trait et aux couleurs harmonieux, sensibles et délicats.

Un album savoureux...
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Carnet de santé foireuse

Pozla a toujours eu mal au bide et des selles molles. Vers l'âge de 18 ans, il y avait en plus du sang. Des batteries d'examen ne donneront aucun résultat alarmant. Seul diagnostic posé: c'est psychosomatique. Malgré un régime alimentaire "strict", c'est à dire le kebab sans les légumes, la reprise du sport, l'arrêt total de l'alcool mais un p'tit joint de temps en temps, rien ne s'améliore. Au contraire, une crise aigüe survient en 2009. Puis une similaire 1 an plus tard, puis 6 mois, puis 3 jusqu'à ce qu'elles deviennent quotidiennes. Il va voir plusieurs médecins qui ne trouvent toujours rien. Jusqu'à ce gastro-entérologue de l'hôpital Beaujon à Clichy qui pose enfin des mots sur ses maux: la maladie de Crohn. Commence alors pour Pozla un véritable chemin de croix...



Polza se met à nu (physiquement et littérairement) dans ce carnet de santé, certes foireuse. Depuis ses terribles crises qui l'ont amené sur le billard (pas moins de 80 cm d'intestins en moins!), l'auteur déambule dans les couloirs des hôpitaux. Des pronostics rocambolesques aux erreurs médicales, il aura tout eu. Jusqu'à ce qu'un gastro-entérologue lâche le mot: Crohn. Pour combattre au mieux le mal qui le ronge, les opérations chirurgicales, les traitements parfois lourds, Pozla décide de réaliser un carnet de bord dans lequel il raconte ses douleurs, ses doutes, sa dépression, son quotidien, ses pensées, les rechutes et l'espoir. Le sujet est grave, évidemment mais l'auteur navigue entre émotions, humour et légèreté mais jamais dans l'apitoiement. Des dessins croqués à l'instinct et sur l'instant, le but premier n'étant pas d'en faire un album. Un trait vif et efficace. Un album sincère...
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Carnet de santé foireuse

Crohn de vie !



Je m'engage à dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité !



— Pourquoi n'êtes-vous pas venue me consulter plus tôt ?



Je déguste et il me fait des reproches ce con de toubib. J'en savais rien moi. Enfin si, je savais bien que mon cerveau du ventre déraillait complètement, il faisait son intéressant, me forçait à penser à lui tout le temps. Il était là quand j'aurais voulu un moment de solitude, me broyait les pensées, la respiration, les rêves. Un vrai psychopathe ! J'avais plus de souffle.



— Elle est basse cette tension, continuait le toubib en me desserrant le brassard pour enfant. J'avais perdu du poids.

— Je vais vous envoyer chez un confrère, un spécialiste de la maladie de Crohn. Il va vous trouver un traitement adapté à vos crises. En attendant mettez vos intestins au repos : régime sans résidus...



Devant ma tête blanche comme un silence en hiver...



— Ne vous inquiétez pas, je vais vous expliquer tout ça, voulut-il me réconforter.

Je m'inquiétais pas, je flippais à mort. Crohn, c'est quoi ce truc ?



Un repas de famille en vue... J'avais mon Tupperware de semoule, de riz ou de pâtes sous le bras, tout en offrant de délicieux chocolats.

Comment on considérait ma différence ? Un peu comme si je faisais des manières. Ben quoi, des fois j'avais l'air d'être à peu près en forme, alors pourquoi tout ce cinéma ?! Peut-être que je ne voulais pas expliquer. En quoi mes entrailles regardaient les autres ?



Je me suis engagée, c'est vrai. Rien que la vérité. Mais des fois je gardais tout dans mon cerveau crohnien. Ça restait coincé là, dans ce coffre-fort des émotions. Je n'aimais plus partager la couleur de mes symptômes, surtout depuis les consultations en salle d'endoscopie, quand le spécialiste invitait les internes à découvrir mon cas. Au fond, j'aurais pu oublier leur présence ; je ne voyais pas leurs têtes vu que j'étais dans la position d'un musulman pendant la prière.



Promis juré, je suivrai tous les traitements et participerai aux études cliniques. Je suis motivée, à fond !



— Vous voulez quitter l'étude clinique Soizic ? m'interrogeait le spécialiste. Il m'appelait par mon prénom, c'était plus humain. Mais Buzz, c'est le nom que j'ai donné à mon colocataire, gargouillait : "Fais gaffe, c'est une technique pour nous soutirer des informations."



Je ne voulais plus répondre à toutes les questions sur mes selles, mon sang, l'intimité de Buzz. Ni m'allonger dans la soucoupe IRM avec sa musique de marteaux, ça répercutait jusque sous mon crâne le souvenir de ma mère et de mon frère vaincus par le crabe.

J'en suis sûre, il était encore là à m'épier. Et puis, je me consolais. Mais non, moi j'ai une maladie longue durée, normalement t'en crèves pas, on me l'a plus ou moins promis. Sauf si t'attrapes une autre merde.



Je m'engage à percer à jour, avec l'aide de différents spécialistes du corps médical, les maladies associées au Crohn. L'ophtalmologue, le pneumologue, le rhumatologue... Pas toujours facile d'établir un dialogue limpide avec toutes ces pathologies liées à Buzz, elles formaient comme un gang de rue prêt à s'accaparer le quartier, taguant mon corps de l'intérieur. Par exemple, à cause d'un type louche, un zonard nommé HLA B27, j'avais du mal à marcher, pourtant fallait bien que je coure pour être la première dans la file d'attente des WC publics.



— Ça t'a plu Coba Parc ? le toboggan il était super je trouve ! jubilait ma frangine.



Coba Parc... L'attente était trop longue devant les toilettes des filles, alors j'ai foncé tête baissée vers les toilettes des hommes. Personne n'aurait pu m'arrêter ! J'ai pas trop aimé Coba Parc. Mais comment le dire, tout le monde s'en fout du second cerveau des autres, ou plutôt de leurs boyaux. C'est la honte quoi !



Je m'engage à ne pas écouter les autres Chroniens parler de leurs maladies, surtout les hommes. L'apocalypse !

On se retrouvait à trois ou quatre par chambres, séparés par un paravent. Chacun son fauteuil et sa perf dans le bras. L'infirmier attendait un quart d'heure, se passionnant pour ma vie, de quel trou je venais tout ça, histoire de voir si je ne tournais pas de l'oeil aux premières gouttes qui s'infiltraient comme des extra-terrestres. Ploc ! Ploc !



Sur ce coup-là j'étais une championne. Au bout de quatre heures j'avais gagné le droit de me barrer de cet endroit de malade. J'ai jamais aimé l'odeur de l'éther, petite je tombais dans les pommes.



Il y a eu plusieurs manches, des victoires, des défaites. Quand le goutte-à-goutte a perdu la bataille avec Buzz, j'ai eu droit à un entraînement pour apprendre à me faire des piqûres. Un nouveau plan d'attaque. Un jour je suis tombée sur une infirmière qu'avait tout l'air d'une gardienne de prison, ou d'un entraîneur de baseball. Cheveux en brosse, les bras musclés, la voix gueulante. J'ai eu la trouille, mais fallait que je reste clouée au fauteuil pendant qu'elle me montrait comment planter l'aiguille.



— Soizic, vous n'êtes pas allée faire votre bilan avec l'infirmière de consultation, s'inquiétait le spécialiste ?

— Euh, non, j'avais pas trop le temps, je devais aller chercher ma fille au lycée, elle était malade.

— J'espère que votre fille va bien.

— Oui, oui, juste un petit malaise, rien de grave.



Par chance, je pouvais oublier les seringues, le labo venait de sortir le traitement sous forme de stylos. Plus qu'à pincer le ventre ou la cuisse, plaquer le stylo rouge et gris contre la peau, pousser un bon coup, arrêter de respirer pour imaginer qu'on n'est pas là, que ça fait mal à quelqu'un d'autre, jusqu'à ce que la petite fenêtre sur le côté devienne jaune. Et puis respirer. Et recommencer ; deux injections toutes les semaines, jusqu'à ce que Buzz devienne moins turbulent. Un psy lui aurait peut-être fait du bien mais j'hésitais, tu sais jamais ce qu'ils sont capables de découvrir.



Je le jure, j'ai fait de mon mieux. Des fois je ne disais pas toute la vérité. Je zappais la date de la piqûre, m'offrant un peu de répit. Et aussi, je mentais au spécialiste qui voulait tout savoir sur ma vie, mon transit, ma liberté, putain quoi !



Oui des fois, j'avais envie de baisser les bras, de dire des gros mots, de dire vous m'emmerdez. C'est humain, c'est même vital. Si tu n'es pas capable de le penser, de l'écrire, c'est que tu ne sais pas ce que c'est d'avoir l'impression que ton corps ne t'appartient plus vraiment, qu'il n'a plus que le nom d'une maladie, la date de naissance d'un traitement, et une origine inconnue. Je ne sais pas si mon colocataire est noir ou blanc, s'il parle anglais ou un langage bactérien, s'il débarque d'un autre univers, parachuté là par une météorite.



Mon engagement, c'est de gagner cette bataille contre l'intrus qui me ronge de l'intérieur, me rend immunodéprimée, à la merci de la moindre merde qui traîne. Cela fait plus de trente ans que nous partageons le même corps. On s'est habitué l'un à l'autre. J'ai fait plus ou moins la paix avec mon coéquipier pour la vie.



"Laisse-moi manger des tomates s'te plaît. Laisse-moi sortir de chez moi sans angoisses. Laisse-moi entrer au centre commercial sans paniquer à l'idée de ne pas trouver les toilettes publiques. Laisse-moi me tourner dans mon lit sans sentir mes boyaux se tordre jusqu'au cauchemar."



Et de temps en temps il me taquine.



"Laisse-moi creuser un peu par-ci, un peu par-là."



"Temps mort ! j'explose, quand il va trop loin, bas les pattes sale morveux !"



Voilà, je me suis engagée à dire toute ma vérité, rien que ma vérité, je l'jure docteur.



— Les résultats de la dernière coloscopie sont presque parfaits. C'est incroyable, la fistule a disparu grâce aux différentes stratégies mises en place et à votre persévérance. Vous savez Soizic, on revient de loin.

— Alors je pourrai diminuer le traitement.

— Non, ce n'est pas possible vous êtes au dosage minimum. Dans la maladie de Crohn et, sachant vos antécédents, il faut rester prudent.





Mon ventre, c'est le terrain de jeu de Buzz, mais avec Nos règles du jeu. Je sais quand il frappe, je sais lui renvoyer la balle. Comme dans une Crohn de vie.



Gouelan.



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L'homme qui courait après sa chance

L'homme qui courait après ... sa chronique.

Ben oui, demain il y a une nouvelle masse critique et, je n'ai reçu de la précédente qu'hier midi le très beau livre de Pozla aux éditons Delcourt que je remercie ainsi que Babelio. Or les fêtes approchent et les magasins viennent juste d'ouvrir : il y a donc urgence car voilà un très beau cadeau à mettre sous le sapin. Dans son périple, le personnage principal, à l'instar du petit chaperon rouge, devra traverser la forêt et côtoyer ses occupants, avant de gravir la montagne de "Celui-qui -sait-tout". Magnifique BD qui se lit très vite, se regarde avec passion, se relit et se relira ... encore et encore.





Un conte ancien aux allures de quête intemporelle. Un graphisme épuré, sans compromis. Une palette, aux couleurs de la vie, dure et poétique donne la dernière touche à un univers à la fois onirique et réaliste. Au proverbe latin (ou Virgile ironiquement dans l'Eneide) : Fortes (audaces) fortuna juvat, l'auteur semble préférer la parole d'Auguste : Festina lente (« hâte-toi lentement »).





Ici, je vous livre un secret, c'est bien l'escargot le grand gagnant à la fin. Comme le disait La Fontaine : Rien ne sert de courir, il faut partir à point (et pour un repas de fête laisser mijoter le lièvre en civet). Il y a bien une morale, mais faites-vous un cadeau, laissez vos enfants ou petits-enfants vous l'expliquer (de 7 à 77 ans😊). Comme conseil, tout juste, Auguste : Festina lente et pour les autres courez après l'homme qui courait après sa chance



https://www.youtube.com/watch?v=qgMfLvFCCAs
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Monkey Bizness, tome 1 : Arnaque, banane et..

J’aime les singes dans les films, j’aime les singes dans les romans, j’aime les singes dans les B.D. Pas étonnant donc que « Monkey bizness » m’ait séduite. D’autant plus que Hammerfist et Jack Mandrill sont des personnages irrésistibles tant ils atteignent des sommets de badassitude. La B.D est bien dans l’esprit Ankama, thrash et cool à la fois, tant au niveau du scénar que du dessin. Ce genre de B.D n’est clairement pas faite pour tout le monde mais dans le registre c’est le haut du panier.
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L'homme qui courait après sa chance

Une bande dessinée jeunesse qui flirte encore avec les albums jeunesse, en effet, ici pas de cases bien définies, mais une succession d'illustrations de très belle qualité avec les dialogues sous forme de bulles. Néanmoins, même si sur la forme, le côté jeunesse est très marqué, sur le fond, le récit est profond, initiatique et philosophique.

Nous suivrons un jeune homme qui traversera forêts montagnes à la recherche de sa chance perdue... Malheureusement, parfois être obstiné sur un objectif, nous empêche de regarder plus loin que le bout de notre nez...
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Monkey Bizness, tome 2 : Les cacahuètes sont ..

Ma lecture du 1er tome remonte à quasiment 2 ans. J’avais beaucoup apprécié cette lecture qui, dans le registre rigolo-trash, se situe dans le haut du panier. J’étais bien triste de ne pas posséder le second tome et que ma bibliothèque ne l’ait pas. Les mois ont passé et puis j’ai oublié. Il y a quelques jours, alors que je faisais un peu de rangement, je suis tombée sur ce « les cacahuètes sont cuites ». J’ignorais totalement que ce second volet était bien dans ma PAL. Cette découverte a égayé ma journée et mon week-end. « Les cacahuètes sont cuites » est aussi bon que le 1er tome et, même si la surprise liée à la découverte n’est plus là, on se marre très souvent, pour peu qu’on ne soit pas hostile à ce genre d’humour trash, grossier et outrancier. Au-delà de l’aspect humour scato-vulgaire, c’est aussi une belle réussite sur le plan narratif. C’est foutraque, ça part dans plein de directions et pourtant El Diablo, le scénariste, sait parfaitement où il va et mène très bien son récit, les fils narratifs s’imbriquant finalement si parfaitement les uns aux autres qu’il est impensable que ça soit le fruit d’un heureux hasard. Quant au dessin de Pozla, il est très bon aussi. Aussi outrancier que le scénario le dessin est plus que dynamique, un brin hystérique, les couleurs sont criardes, les cases sont chargées et assez fouillis mais tout ce qui ailleurs seraient des défauts concourt ici à la réussite du projet. C’est une lecture vraiment réjouissante.
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L'homme qui courait après sa chance

Il n'a pas de nom, et il a encore moins de chance dans la vie, ce garçon est un poissard de haut vol. Il voudrait retrouver sa chance et pour cela, il va devoir rencontrer “Celui-qui-sait-tout” en haut dans la montagne. le voilà parti pour un voyage initiatique, une quête pour retrouver “sa chance”. C'est raconté comme un vieux conte, mais avec un ton direct et moderne et des répartie parfois cinglantes.

J'ai découvert Pozla avec "Monkey Bizness", en duo avec El Diablo, bien plus trash, un sommet dans le genre, pas à mettre entre toutes les mains, puis “Carnet de santé foireuse”, introspectif, dans le médical un peu gore. “L'homme qui courait après sa chance” est adapté pour un public plus jeune, on retrouve son graphisme riche mais brut et agressif et ses couleurs acides, cela colle avec la poisse de notre personnage. Les illustrations débordent de détails, de mouvement, d'inventivité, je comprends que cette colorisation crue et ce trait brut puissent ne pas plaire à tout le monde, moi je trouve ce graphisme audacieux, fort, sans concession avec un esthétisme édulcoré, d'une énergie débordante, c'est d'ailleurs ce qui me plait chez Pozla.

L'histoire, elle aussi, bien que construite comme un conte pour enfants, ne fait pas de concessions avec les bons sentiments, c'est pas Disney, et là aussi j'applaudis. L'humour est un peu cynique, mais un public jeune peut tout à fait le comprendre. La morale, puisqu'il y en a une, est tout à fait logique, mais cruelle, je vous invite à la découvrir.

Pozla, dans un nouveau registre, dévoile une nouvelle facette de son talent, talent que je cautionne toujours.
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Monkey Bizness - Intégrale

L'histoire : XXIIIe siècle, les animaux ont pris la place des humains, ces derniers sont quant à eux retournés à l'état sauvage. Jack Mandrill le babouin et Hammerfist le gorille, personnages sans scrupules, se débrouillent dans ce monde sans foi ni loi en vendant leurs services au plus offrant, assassinats, intimidations, rackets… le récit est composé de petites histoires presque indépendantes les unes des autres, mais qui au final constituent un ensemble parfaitement cohérent, partant d'histoires de guerres de gangs, on évolue vers un récit de science-fiction, post-apocalyptique, genre “La planète des singe” revisitée en version trash.

Je vous fait un rapide brainstorming de tout ce qui me vient à l'esprit au sujet de cette bande dessinée, autant pour les textes, le récit, le dessin... :

crade, vulgaire, grossier, trash, drogue, putes, violence, alcool, beuveries, lâcheté, bêtise, escroquerie, chantage, vengeance, inculture, hypocrisie, corruption, humiliation, saloperie, frime, mégalomanie, gangs, mafia, sadisme, cruauté, sexe (forcément sans consentement)... on pourrait sortir toutes les horreurs possibles, mais le néant du côté du positif, pas la moindre once de bons sentiments. Jack et Hammerfist sont sans doute les pires héros de l'univers de la bande dessinée, ou de l'univers tout court. J'aime bien quand ça tourne en cacahuète, mais là, c'est la cacahuète perpétuelle, âmes sensibles, s'abstenir ("c'est pas pour les opossums ce truc"), c'est tout bonnement atroce…



… et j'ai adoré !

Pozla et El Diablo parviennent si haut dans la surenchère de l'immonde que c'est à se tordre de rire, à tel point qu'on se prend vite d'affection pour ces deux salauds. Pour ceux qui connaissent Philippe Vuillemin, c'est assez proche de l'état d'esprit. Ça part dans toutes les directions, lutte de gangs, post apocalyptique, voyage dans le temps, écologie, recherche militaire, pornographie, flash-backs. Tout cet imbroglio improbable s'imbrique parfaitement, les auteurs ont trouvé le moyen d'extirper de cette fange une véritable saga romanesque, une histoire passionnante, échevelée, rocambolesque, totalement délirante, très actuelle, ébouriffante, crue, iconoclaste et bourrée de références. Cette lecture, c'est un tsunami, ça décoiffe sec, ça déchire grave !
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Carnet de santé foireuse

Tord-boyaux inflammatoire! ou comment tordre le cou à une saloperie de maladie.



Pozla témoigne par le dessin des mois (voire des années) de galère que l'insidieuse inflammation chronique de son système digestif lui a fait vivre.

On souffre avec lui, on compatit pour causes de flatulences intempestives et selles incontrôlables... Cette horrible maladie de Crohn pourrit la vie de ce jeune papa: intestin douloureux, hypertrophié, fatigue, amaigrissement...



Diagnostic (enfin!), interventions, abcès, récidive, psychothérapie et régimes alimentaires: le crayon est le psychanalyste préféré de l'auteur, lui permettant de dépasser la douleur, de prendre du recul et l'aidant à la concentration.



Pas d' apitoiement, de la distance dans le récit, des trouvailles de narration (j'ai adoré ses corneilles),

Le calvaire a beau être raconté avec beaucoup d'humour, le trait est abrupt et parle pour la souffrance endurée. Noirceur du crayon, gribouillis frénétiques, couleurs pour les moments intenses ou heureux. Certaines planches parlent d'elles-mêmes, par la violence du dessin, exutoire instantané des moments les plus difficiles. L'ensemble, lourdement épais se lit sans peine, si ce n'est en compassion de la part du lecteur.



Livre à la fois personnel et pédagogique, récompensé à raison au festival d'Angoulême.



(L'auteur semble aller mieux... Bonne nouvelle!)
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Carnet de santé foireuse

Ça aurait pu tomber dans le récit auto centré et larmoyant, l’auteur parle de sa maladie, la maladie de Crohn, et j’ai eu parfois l’impression que cette dérive n’était pas complètement évitée, mais la façon de le traiter est absolument remarquable. Ce qu’il faut retenir de cette bande dessinée, c’est la réponse graphique pour décrire la souffrance, c’est violent, assez gore et lyrique en même temps. Le trait est fin, fouillis et brut, beaucoup de hachures, le blanc de la page prédomine, la couleur est utilisée avec parcimonie, parfois au crayon de couleur, parfois à l’encre. Il y a des pages entières remplies de boyaux tel des labyrinthes inextricables, parfois le coup de crayon s’énerve, rageur, désespéré, et dérape, façon Cy Twombly. C’est une histoire de la souffrance et Pozla nous la fait découvrir et partager, on souffre avec lui, les mots ne font qu’expliquer, c’est le dessin qui raconte la vérité. En fait, les mots illustrent le propos raconté par le dessin et c’est pour ça que c’est une réussite et que cette bande dessinée est atypique, originale et très forte.
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L'homme qui courait après sa chance

Je n'attendais pas grand chose de ce conte pour enfant lorsque j'ai commencé ma lecture. J'avais entendu parler de ce titre qui était tout simplement assez plébiscité ce qui a hâtisé ma curiosité. Bien m'en a pris car j'ai été bien servi.



En effet, ce conte va provoquer des crises de larmes chez les jeunes enfants tant la fin est assez horrible. Pour une fois, cela ne se termine pas très bien pour notre malheureux bonhomme qui courait après sa chance. J'espère que les parents ne vont pas se liguer contre cette bd ou faire des procès pour les cauchemars que cela va provoquer.



J'ai un avis sur la question que je vais donner sans prendre des pincettes. Certes, le conte ne se termine pas bien mais il donne une vraie leçon de vie aux enfants qui vont alors réfléchir pour ne pas commettre les mêmes erreurs. Au final, cela sera assez salutaire pour l'enfant qui aura intégré cette règle.



Bien entendu, chacun élève son enfant comme il le souhaite dans le respect des lois et des règlements. Moi, je ne suis pas le genre à surprotéger car cela produit généralement l'effet inverse. La vie n'est pas un conte de fée et il vaut mieux être bien préparer pour pouvoir l'aborder sereinement sans encombres. Pour moi, cette BD constitue en soi une certaine forme de protection contre la bêtise humaine.



Au final, une très belle réalisation parfaitement bien réfléchi et qui amène à la réflexion sur le cours de nos vies.

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Carnet de santé foireuse

Avertissement : ce billet va contenir un jeu de mot facile. Désolée...

Le libraire était convaincu et, voyant ma mine un peu déconfite, a insisté.

Effectivement, 360 pages sur la maladie de Crohn, ça vend pas du rêve mais, vraiment, ça vaut franchement le coup.

Bref, je repars avec cette brique sous le bras, je m'installe et je me lance dans les déboires de Pozla et des siens.

Ce carnet, c'est son exutoire. Ce qui permet à ce homme qui ne comprends pas trop ce qui lui arrive d'exprimer, par le dessin avec une énergie et parfois un désespoir hurlant, le mal qui le ronge, l'angoisse, la souffrance, l'incompréhension mais aussi l'amour qui l'aide à tenir.

Le travail est impressionnant, troublant.

Le trait est changeant mais toujours nerveux, vif et exacerbé. L'auteur ne fait pas de concessions, ni avec lui, ni avec le monde médical. Pozla a réussi a écrire cette BD qui parle de lui et de son mal sans pour autant tomber ni dans l'auto-apitoiement ni dans le larmoyant. On sent vraiment que écrire ce témoignage, sur le vif, a été sa bouée de sauvetage et il s'y livre sans fausse pudeur. Il y a une réelle force qui émane de ce livre dont on sent que Pozla l'a écrit avec ses tripes (je vous avais prévenu).

Bref, une lecture à la fois instructive et édifiante.
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L'homme qui courait après sa chance

Une bande dessinée simple et réjouissante qui remet en cause l'existence de la chance.

Un jeune homme persuadé de ne plus avoir de chance se rend en haut d'une montagne afin de consulter un sage. Tout au long de son périple, il rencontre d'autres personnages qui sont, eux aussi, en mal de conseils.

Mais il ne suffit d'avoir la réponse pour la comprendre...

Un récit malicieux qui nous incite à prendre en main notre vie mais aussi à décoder et comprendre les événements.

A lire
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Carnet de santé foireuse

« Tout est parti de ce carnet. Ma bouée de sauvetage, ma soupape, mon crachoir. Après, si je voulais qu’on saisisse mes gribouillis, fallait remettre dans le contexte et développer.





[…] En posant mes tripes sur la table, le récit s’est imposé. L’errance médicale… les arcanes de la maladie, dans lesquels on zone dans nos chemises trop courtes. Puis refaire surface, petit à petit.»



Ses tripes sur la table… il ne pouvait pas dire mieux. Dans ce pavé de 368 pages, Pozla revient sur une douloureuse expérience vécue à l’automne 2011 et dans les mois qui suivirent. Il y décrit, non sans humour, le long chemin de croix l’ayant amené aux portes de l’enfer. Depuis l’enfance, un mal de ventre ne l’a jamais lâché. Pour les médecins consultés, toujours la même rengaine et toujours la même conclusion : psychosomatique. Sauf que. Les symptômes persistent. S’aggravent même. Et le verdict fini par tomber : « inflammation sérieuse de la paroi de l’intestin grêle. Suspicion d’une maladie de Crohn ». Une maladie rare et incurable. L’opération est inéluctable. 80 cm d’intestin en moins. Le début du calvaire.



Incroyable. Incroyable qu’un gars me racontant ses problèmes gastriques et intestinaux ait pu m’immerger à ce point au plus près de sa souffrance. Avec ses mots à lui. Ses images surtout. Sans jamais tomber dans le geignard. Avec une forme d’autodérision qui nous arrache des sourires, une vision à la fois désespérée et positive. Une volonté permanente de comprendre, d’être à l’écoute de son corps, de trouver coûte que coûte une solution. Le doute, la dépression qui guette et attend son heure. Le soutien inconditionnel de sa femme alors que plus d’un conjoint aurait baissé les bras devant la lourdeur de son cas. Sa fille de quelques mois qu’il ne peut même plus porter tellement il est affaibli. Et puis la pente que l’on commence à remonter. Comprendre que le mal est aussi psychologique, que le ventre et la tête sont intimement liés. S’essayer à l’hypnose, trouver le régime alimentaire qui soulage.





L’espoir, toujours, malgré les embûches et les rechutes.



Graphiquement, on sent l’urgence et on navigue entre les Freaks Brothers de Shelton, Reiser et les idées noires de Franquin. Ce carnet de croquis ne devait pas être publié au départ. C’était un phare en pleine tempête, un ballon d’oxygène indispensable gribouillé sur un lit d’hôpital. Souvent, ça part dans tous les sens, symbole d’un esprit torturé par la douleur. Car finalement le personnage principal de l’album, c’est elle. Comment la gérer alors qu’elle vous pousse dans vos derniers retranchements ? Comment la dompter, l’affronter ? S’avouer vaincu parfois devant sa puissance. Comment la représenter ? L’ensemble est d’une inventivité folle, délirante dirons certains. Normal, quand on sait le nombre incalculable de médicaments avalés par le dessinateur et leurs effets sur son métabolisme.



Mais au final, le récit est bien plus structuré qu’il n’y paraît. De toute façon, son ami Manu Larcenet l’avait prévenu : « Si tu n’es pas irréprochable dans la manière dont tu exploites ton sujet, ça fera un livre forcément raté. C’est que tu t’attaques à un Everest, là… ». Mission accomplie, l’Everest a été conquis avec brio. En ce qui me concerne, je suis sorti totalement abasourdi et admiratif devant cet album inoubliable.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Carnet de santé foireuse

Merci à Babelio et aux éditions Delcourt pour la lecture de ce "Carnet de santé foireuse" de Pozla.



Dans ce témoignage graphique, il témoigne de sa maladie de Crohn, tardivement diagnostiquée, et du traitement long et pénible qui a suivi. Il s'agit d'une inflammation chronique de l'intestin, provoquant douleurs abdominales et diarrhées.



A la base, il s'agissait de croquis que l'auteur dessinait durant ses hospitalisations, pour oublier douleur et ennui. Encouragé par un médecin, il a décidé d'en faire un roman graphique, rajoutant personnages, explications scientifiques et semblant de scénario.



L'album marque d'abord par le dessin. Sale, improvisé, il est surtout spectaculaire quand l'auteur réalise des autoportraits où il est transformé par la maladie, en couleur comme en noir et blanc. Il devient alors étron, explosion de chiasse ou écoulements liquides, rendant compte de sa douleur physique et morale.



L'histoire est constamment marqué par l'humour et l'autodérision. Pozla n'hésite pas à se représenter dans des situations gênantes, sinon humiliantes - le rasage de l'entrejambe avant opération ou le syndrome des jambes tremblantes, commentées avec humour. Ce même humour facilite la vulgarisation des explications médicales. Ainsi des personnages récurrents, les corbeaux du parc de l'hôpital, un médecin enquêteur brutal, le staff médical, présenté comme une secte de moines pervers, commentent l'évolution de la maladie.



Ses rapports avec le corps médical évoluent. D'abord mal diagnostiqué, il est hospitalisé pour être opéré; il y a des rechutes. Au départ tout lui parait abscons, mais les médecins, habitués à le voir revenir, n'hésitent pas à lui parler ouvertement. Il est aussi soutenu par ses amis et par l'amour de sa femme et de sa fille.
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L'homme qui courait après sa chance

Splendissime BD jeunesse.





Qui ne se retrouve pas dans cette BD est bien chanceux justement.

Une ode au moment présent, à la vie et à ne pas regarder trop loin: le bonheur est à portée de main!



Quoi? des clichés? Peut-être....



A lire! A offrir, à relire, et à offrir encore.



un bijou.







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L'homme qui courait après sa chance

Il n'a vraiment, mais vraiment pas de bol !

Un groupe d'oiseaux a décimé ses récoltes; il fait brûler ce qui lui reste de nourriture ; il se prend une brique sur la tête... et ce n'est que le début de la BD ! Bref, ce pauvre gars est le stéréotype du mec avec qui on n'a pas envie de traîner, par peur de ce qui peut arriver avec lui. Ou bien au contraire, si l'on se pense malchanceux, on se rassure à ses côtés: oui, il y a toujours pire ! Et en plus d'être vraiment malchanceux, il faut dire aussi qu'il est pas très malin, ce pauvre gars. Si vous savez lire les "signes" que le destin vous envoie, ce n'est pas le cas de ce jeune homme qui court après sa chance, et qui court dans l'autre sens quand elle se présente devant lui.



Un super album à mettre entre toutes les mains pour rigoler un bon coup, parce que , oui parfois il faut l'avouer, le malheur des uns .....



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Carnet de santé foireuse

Avoir mal au bide, passer son temps aux chiottes, Pozla – Rémi Zaarour de son vrai nom – a toujours connu, c’est son quotidien.

A l’adolescence quand les symptômes s’aggravent, l’errance médicale commence. À la suite d’une batterie d’analyses on lui annonce que son problème est « dans la tête ». Mais surviennent rapidement des crises « hardcore » de plus en plus fréquentes qui le poussent à consulter de nouveau. Après avoir vu un nombre incalculable de spécialistes, le verdict fini par tomber : maladie de Crohn (maladie inflammatoire chronique de l’intestin).



Ce roman graphique retrace l’histoire du rapport de Pozla avec sa maladie. Depuis son dépistage, en passant par les traitements, les opérations chirurgicales, les désagréments et autres effets secondaires.

A bout de forces, bien souvent seul à l’hôpital, Pozla griffonne.

Il griffonne pour passer le temps, pour dessiner la douleur, pour se détacher des sensations et créer un fil conducteur lui permettant de tenir. Tenir malgré la souffrance, les erreurs médicales, l’éloignement d’avec sa fille qui vient de naître, et d’avec sa femme. Continuer d’exister alors qu’on tient à peine debout, qu’on se sent assisté et inutile dans un quotidien où la récidive n’est jamais très loin.



Le trait est hyper vif et dynamique : beaucoup de dessins ont été réalisés à chaud, durant les épisodes difficiles. Le crayonné noir est dingue et expressif, les sensations colorées vous explosent à la gueule et l’humour permet de rendre le tout supportable.



Gros coup de cœur pour ce roman graphique qui vous retourne le ventre dans tous les sens du terme !

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L'homme qui courait après sa chance

Une petite bd dédiée aux plus jeunes qui reprend un conte fort connu. Je trouve la couverture absolument superbe et le trait de crayon de Pozla ajouté aux aquarelles donne un rendu absolument unique à cet album. Je l'ai lu très rapidement sans à priori et je me suis laissé emporté. J'ai souri tout le long de ma lecture. Une bd idéale pour les élèves de sixième qui étudient les contes revisités. A conseiller aux profs de collège. A lire quand on a un coup de blues....;-)
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