Je connaissais l'objet depuis ma plus tendre enfance.
Il y avait très peu de livres à la maison, j'ignore comment celui-ci avait rejoint au fond d'un placard les "Dix petits nègres" d'Agatha Christie dont la couverture curieusement estampillée du logo du pétrolier Elf suggérait que la démarche qui l'avait amené ici n'avait rien d'intellectuelle.
A cet age mes lectures s'arrêtaient à Akim, Zembla et Rodéo, la couverture, inquiétante, m'intriguais mais, si j'avais envisagé de l'ouvrir, l'épaisseur de sa tranche rouge vif aurait suffi à me décourager.
Des années plus tard, adolescent, désoeuvré et à court de lecture, je m'en saisis.
Je me souviens d'une lecture passionnée des dramatiques et cruelles épreuves traversées par les prisonniers dans les jungles tropicales que j'associais à mes souvenirs cinématographiques du "Pont de la rivière Kwai".
J'ai su bien plus tard que ce que j'avais lu comme un roman de guerre bien ficelé n'est pas une fiction mais le récit de ce que l'auteur a personnellement vécu pendant la guerre du Pacifique.
Je suis étonné que cet effroyable témoignage de Sidney Stewart ne soit pas plus lu ni connu ici et ailleurs.
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Cet ouvrage, écrit en 1950, s'efforce de cerner à la fois les profondes différences entre les peuples occidentaux (France, Angleterre, Allemagne, Russie, Etats-Unis) et, en même temps, ce que leurs cultures ont en commun : un socle qui a finalement été la source de la domination occidentale sur le reste du monde.
Pourquoi le lire 70 ans plus tard ?
Le lecteur y verra que les traits nationaux, finement observés, n'ont guère changé depuis. A un moment où l'Europe continue à chercher son unité, il trouvera des pistes pour comprendre ce qui justifie cette quête en dépit des différences considérables de mentalité entre les peuples. Il découvrira que déjà en 1950 on s'interrogeait sur un développement qui ne se préoccupait pas de l'épuisement progressif des ressources naturelles. Il constatera que l'auteur avait également bien perçu qu'un certain nombre d'évolutions alors déjà amorcées peuvent faire perdre à la culture occidentale ce qui fait sa spécificité, et donc ses atouts.
En revanche, les pages finales sur l'infériorité de "l'Orient" apparaissent bien faibles : à suivre les analyses de l'auteur l'émergence de la Chine est inexplicable. Ce qui peut donc conduire le lecteur à douter quelque peu de la pertinence de celui-ci expose par ailleurs...
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