Tu as des mains
à émerveiller mes saisons
Tes doigts sourciers
trouvent ce point d'eau
où les délices vont boire.
C'est un monde de voyages
où les mouettes sont prises
dans les filets du vent.
Je viendrai frôler tes murs,
Peupler ton insomnie.
Tu entendras des mots
D'herbe et de rosée.
Je te dirai à voix perdue,
Ce que le silence
Tenait prisonnier.
MESSIEURS
Vous m'avez condamnée par contumace,
Le couperet est tombé.
Vous m'avez répudiée,
coupable de ne pas marcher
aux pas de vos rites ancestraux.
Pourtant, Messieurs, je suis
la favorite de l'herbe
qui éclabousse de chaleur
mes douceurs secrètes.
J'ai pour le vent
des faiblesses d'amante.
Nue, j'aurais pu vous parler
de mes vallons,
de mes chemins ombreux,
de mes jambes qui emprisonnent,
de mes bras qui se tendent.
Mes lèvres, Messieurs, auraient
pu vous dire des mots de silence.
Je ne vous parlerai
que de mes tristesses.
Vous ne saurez rien de mes danses de minuit.
Il y a si loin de toi à moi,
toute la longueur
de ta peur et de la mienne,
toute la longueur de notre innocence,
des murs malades
que l’on ne peut briser,
de fragiles paroles
qui ont le poids de leur fragilité.
Il y a toujours un peu de sang dans les mains,
le sang de ceux que l’amour insulte,
de ceux que le feu n’a pas reconnu.
Il y a toujours un peu de sang
au coin des lèvres
quand on mord dans le vide.
Je viendrai frôler tes murs,
Peupler tes insomnies.
Tu entendras des mots d'herbe et de rosée.
Je te dirai à voix perdue
Ce que le silence tenait prisonnier.
Pour une petite fille
Tu es grande
comme trois pommes,
trois oranges,
trois tomates,
quatre mandarines,
deux pamplemousses,
un ananas.
Tu es un jeu de fruits.