Le grand roman d'Arthur Schnitzler mis en images par Manuele Fior, ce sera en janvier 2023. Quand, pour sauver son père de la ruine, une jeune femme convoitée sollicite l'aide d'un ami de la famille, celui-ci exige une faveur : voir Else nue pendant un quart d'heure. Cédera-t-elle ?
Dans une ambiance crépusculaire, Manuele Fior livre une interprétation magistrale de l'oeuvre du Viennois Schnitzler. Il convoque les grands artistes de l'époque et c'est somptueux.
Je ne me vends pas ; non, jamais je ne me vendrai. Je me donnerai. À l'homme de mon choix je me donnerai. Me vendre, ah non. Je veux bien être une dévergondée mais pas une putain.
L'humanité a l'oreille ainsi faite qu'elle continue à dormir quand le bruit retentit et ne se réveille qu'avec l'écho.
L'HOMME DE LETTRES : Dis-moi, es-tu heureuse ?
LA GRISETTE : Qu'est-ce que tu veux dire ?
L'HOMME DE LETTRES : Je te demande si tu es heureuse, en général ?
LA GRISETTE : Couci-couça.
L'HOMME DE LETTRES : Tu ne me comprends pas. Tu m'as parlé de ta situation, de ta famille : je sais que tu n'es pas une princesse. Mais, abstraction faite de tout cela, il y a en nous une vie que nous observons... que nous sentons... Te sens-tu vivre ?
LA GRISETTE : T'aurais pas un peigne ?
Aimer c'est avoir peur que se révèlent à d'autres les défauts que nous avons découverts chez l'être aimé. Aimer, c'est pouvoir lire dans l'avenir et maudire ce don...
Aimer, c'est connaître quelqu'un au point de se détruire.
LE COMTE : Les hommes sont les mêmes partout. Plus il y en a et plus grande est la bousculade. Voilà tout... Dites-moi, mademoiselle, aimez-vous vos semblables ?
L'ACTRICE : Si je les aime ? Je les hais. J'en ai horreur, d'ailleurs je ne vois jamais personne. Je suis toujours seule, ma porte est condamnée.
LE COMTE : Je pensais bien que vous étiez misanthrope. Une artiste comme vous qui plane dans les régions supérieures. Je vous envie, vous avez un but dans l'existence.
L'ACTRICE : N'en croyez rien. Je ne sais pas pourquoi je vis.
Nous ne gardons des souvenirs authentiques que des occasions manquées.
Ce n'est pas la psychanalyse qui est nouvelle, mais Freud. De même que ce n'était pas l'Amérique qui était nouvelle, mais Christophe Colomb. La psychanalyse a toujours existé: tous les médecins, tous les poètes, tous les hommes d'Etat, tous ceux qui avaient une connaissance de l'homme, devaient obligatoirement la pratiquer, de façon inconsciente ou automatique.
LE MARI : Tu es... je ne dirais pas naïve... mais jeune... et... les hommes, ce n'est pas la conscience qui les étouffe, en général !
Mais la compréhension n'a absolument rien à voir avec nos sentiments, presque aussi peu qu'avec nos actions. Elle ne nous protège pas de la douleur ni du dégoût. Elle ne conduit nulle part. C'est en quelque sorte une impasse. Une compréhension signifie toujours une fin.
Une séparation blesse toujours, même si on la désire depuis longtemps.