Deuxième épisode consacré à la rentrée littéraire 2022.
Laure, Erika, Julien et Rozenn, libraires à Dialogues, vous aident à faire votre choix et vous présentent leurs derniers coups de coeur.
Bibliographie :
- La sauvagière, de Corinne Morel Darleux (éd. Dalva)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20911182-la-sauvagiere-corinne-morel-darleux-dalva
- Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, de Corinne Morel Darleux (éd. Libertalia)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/15457452-plutot-couler-en-beaute-que-flotter-sans-grace--corinne-morel-darleux-libertalia
- Les orages, de Sylvain Prudhomme (éd. Folio)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20897376-les-orages-sylvain-prudhomme-folio
- Sa préférée, de Sarah Jollien-Fardel (éd. Sabine Wespieser)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20894185-sa-preferee-sarah-jollien-fardel-sabine-wespieser-editeur
- le Lâche, de Jarred Mc Ginnis (éd. Métailié)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20910804-le-lache-jarred-mcginnis-anne-marie-metailie
- Les Enfants sont calmes, de Kevin Wilson (éd. Robert Laffont)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20925732-les-enfants-sont-calmes-kevin-wilson-robert-laffont
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Relancer le feu ; préparer trois tasses de chicorée. Celle de Jeanne, en porcelaine fine parsemée de hérons bleus, belle comme un vase. Celle de Stella, ébréchée et parcourue d'un fil de craquelure marron, maintes fois recollée. Enfin, ma tasse au bord doré; délicate et bourgeoise, décorée de fines roses en bouquets.
La revendication de l’argent et de la notoriété pour chacun remplace insidieusement le droit à une vie digne pour tous.
Et l’admiration que l’on sent à travers ces mots semble se muter à force de coexistence en un lien puissant, pas seulement affectif mais symbiotique, de ceux qui produisent non pas l’amour qui peut s’éteindre un jour, mais une sympathie universelle, qui elle, ne meurt jamais.
L’acte isolé, même démultiplié, n’a aucune chance dans un système dominé par les oligopoles et les lobbies, qui l’ont bien compris : eux ont tout intérêt à prôner ces petits gestes qui donnent l’illusion d’agir pour le bien commun sans bousculer l’ordre établi ni établir de réseau trop maillé. Je crains ainsi que le clic du pétitionnaire, l’indignation partagée sur les réseaux sociaux, et même le panier acheté à l’Amap, pour être louables et sicles, s’ils ne sont pas reliés et vertébrés par un projet, ne fassent partie d’un monde où l’avenir de l’écologie oscille encore entre capitalisme vert, restrictions individuelles et survivalisme. Où l’oligarchie stocke et s’organise pendant que les actes isolés peinent à faire masse.
On doit contre-attaquer… Je vous propose de fonder le gang des chevreuils rusés.
Nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à ne vouloir renoncer ni au pessimisme de la lucidité, ni à la puissance de la volonté, ni au secours de la beauté.
Renoncer à la fortune pour vivre dans le dénuement n’a pas la même signification politique, au sens du rapport au système, que de voir le jour dans la misère sans possibilité de s’en extraire. Et tout le sens du progrès social devrait consister à donner à chacun non pas l’égalité des chances, cette fable inventée pour conforter la compétition entre individus, mais la possibilité du choix.
Celle-ci ne dépend pas uniquement des conditions matérielles, même si elles sont bien entendu structurantes, mais aussi des constructions culturelles, de la formation d’un esprit critique, de capacités de raisonnement autonome : en un mot d’éducation, au sens large du terme. Il faut au moins ça pour résister aux normes sociales qui entravent la capacité à se conduire en esprit libre.
L'acte isolé, même démultiplié, n'a aucune chance dans un système dominé par les oligopoles et les lobbies, qui l'ont bien compris : eux ont tout intérêt à prôner ces petits gestes qui donnent l'illusion d'agir pour le bien commun sans bousculer l'ordre établi ni établir de réseau trop maillé. Je crains ainsi que le clic pétitionnaire, l'indignation partagée sur les réseaux sociaux, et même le panier acheté à l'Amap, pour être louables et sincères, s'ils ne sont pas reliés et vertébrés par un projet, ne fassent partie d'un monde où l'avenir de l'écologie oscille entre capitalisme vert, restrictions individuelles et survivalisme.
Dans un entretien, Moitessier définira ainsi la solitude en mer comme une participation à l’univers entier : « on est à la fois une atome et un dieu en réalité. » Cette cosmologie particulière, cette manière d’envisager l’univers, il faut en avoir été affecté pour pouvoir l’incarner. Et ce ne sont plus alors la nature, les océans, les marmottes ou les éléphants qu’on défend, mais tout simplement un soi plus grand.
Le refus de parvenir n’implique ni de manquer d’ambition ni de bouder la réussite. Juste de réaliser à quel point ces deux notions gagneraient à davantage de singularité : elles sont aujourd’hui normées par des codes sociaux qui n’ont que peu en commun avec les aspirations individuelle, ni d’ailleurs avec l’intérêt collectif.
Et l’admiration que l’on sent à travers ces mots semble se muter à force de coexistence en un lien puissant, pas seulement affectif mais symbiotique, de ceux qui produisent non pas l’amour qui peut s’éteindre un jour, mais une sympathie universelle, qui elle, ne meurt jamais.