Les jeunes fans qui venaient à nos concerts new-yorkais étaient différents de ceux qu'on rencontrait à peu près partout ailleurs. C'est parce que quand on passe du temps à New-York, si on y a grandi ou qu'on a eu la chance de se tirer là-bas, on est branché en permanence sur toutes ces énergies de dingue autours de soi. En sachant qu'un jour, on pourra lâcher la main de sa mère ou les voies haineuses qui nous entourent - enfin, tout ce qui nous empêcher d'avancer - et se glisser sans à-coups dans un autre monde quand il sera temps de devenir la personne qu'on se révèle être. Et s'il s'avère qu'on a au moins la moitié d'un cerveau, un bon œil ou une bonne oreille, un minimum de talent pour malaxer ensemble ces éléments ? Alors là, il y a moyen de devenir le roi en son domaine, tu vois ce que je veux dire ?
Mais dans certains endroits où nous avons joué pendant cette tournée, il y avait des gens qui n'avaient, je crois, jamais eu leur chance, jamais eu conscience de leurs possibilités. Qui voyaient la vie les pousser dans une direction, sans permettre le moindre détour. Tous les gamins qui n'étaient pas blancs, bien évidemment, mais aussi ceux qui étaient gros, gay, qui avaient la fibre artistique, les gamins "personne me comprend", les gamins avec des handicaps physiques ou des défauts d'élocution, des problèmes de peau, des problèmes émotionnels, qui souffraient de mauvais traitements, et ainsi de suite. Des gens plus âgés aussi - tu aurais été surprise en voyant tous ceux qui s'identifiaient à nous. Qui voyaient notre cirque de marginaux débarquer en ville et se disaient qu'eux aussi, ils pouvaient nous rejoindre et être des stars, le temps d'une soirée ou deux. Et pour ces fans-là, en tant qu'Opal & Nev, nous étions davantage que les simples rock stars qu'ils aimaient. Pour eux, nous étions la liberté. (pp. 357-358)
Mais à l’époque, le mieux que je pouvais faire, c’était d’être Opal Jewel, parce que ça semblait vouloir dire beaucoup, pour tous ces gens.
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(Nev Charles) C’était une exclue, elle venait d’une autre planète. Elle était la différence dont j’avais besoin. Elle était la copine de Thomas sur le Kilimandjaro. C’était elle. Opal était celle qui me fallait.
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Opal Jewel : Je suis noire et je vis aux États-Unis d’Amérique. La violence et le danger m’entourent en permanence.
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