Des livres et Vous (Saison 7) Episode #055 (avec Désirée et Alain Frappier)
La morale, c'est comme les régimes, ça interdit tout ce qui est bon.
C'est tellement petit, un au revoir, quand il oublie de dire adieu...
Ce n'est pas l'amour qui rend aveugle, mais ceux qui éteignent la lumière...
« Toute ma vie, j'ai eu peur. (…) Peur de l'autorité paternelle, peur de l'autorité scolaire, peur de l'autorité médicale, judiciaire, policière, peur de la nuit, du sentier qui mène à la source, de la transparence des vitres, peur du bois qui craque, des chiens qui hurlent, peur d'être punie, abandonnée, écartelée... (…) Cependant, je n'ai jamais eu peur de la pauvreté. Mes chaussures sans lacets et mes culottes sans élastiques me faisaient honte, mais j'avais vu Les raisins de la colères, Les lumières de la ville, Le voleur de bicyclettes, des films où l'extrême dénuement des personnages n'était en rien comparable à mes soucis vestimentaires... Je n'ai jamais eu peur, non plus de cette autre si proche, presque jumelle, la précarité, dont j'aimais la sonorité avant d'en connaître le sens. Un problème d'éducation sans doute, je souffre d'une mauvaise compréhension du monde. Un peu comme les grands propriétaires terriens d'Autant en emporte le vent, avant la guerre de Sécession, j'ai cru à l'immuable. Tout comme j'ai cru aux jolis mots, aux belles ambitions, à la presse qui se penchait sur mes costumes, à ce ministre de la culture en veste à col Mao... J'ai cru à toutes ces choses m'exhortant de signer la création de ma SARL, société à responsabilité limitée, au risque de connaître la vraie tonalité du mot précarité. »
C'est en raison de leur pouvoir terrifiant de vie et de mort que les femmes ont été contrôlées et soumises par les hommes depuis la nuit des temps.
Nancy Huston
Les momios (bourgeois, classe dirigeante) ont toujours privé le peuple d'instruction. C'est tellement plus facile de manipuler des gens qui pensent avec leurs émotions au lieu de penser avec leur cervelle.
"... Trois bébés nés à une époque où la contraception est illégale et l'avortement, un crime contre l'Etat. Une époque où les femmes qui ne se sentent pas en mesure d'assumer une grossesse non désirée risquent leur vie en ayant recours aux techniques les plus insolites et les plus douloureuses."
Ne plus se sentir coupable est une chose, se sentir légitime en est une autre.
C’est dans le désir qu’on eut de nous nos parents, qu’ils soient biologiques ou non, que s’acquiert le sentiment de légitimité.
Chers Désirée et Alain Frappier,
Vous avez choisi un beau titre, et le plus juste qui soit, pour votre magnifique saga. Le si regretté Luis Sepulveda a raison -des mille jours de l'Unité populaire- c'est le temps de ceux qui n'étaient rien et deviennent les acteurs de leur vie. En choisissant de raconter ce temps, par le regard, l'action de Soledad, vous avez rendu puissamment sensible la réalité de ses trois années, les mesures de justice, les luttes, et aussi, peut-être, l'erreur d'Allende de refuser une armée populaire, l'honneur enfin. Je ne vous cacherais pas que j'ai pleuré en vous lisant, pour la première fois depuis le 11 septembre 1973 , à cause de cet immense espoir noyé dans le sang auquel nous avions cru. Vous le saviez, j'étais allée 2 semaines au Chili en mars 1972, Allende avait reçu notre groupe du nouvel observateur et évoqué le lait distribué aux enfants. Ce qui, à l'époque ne m'avait pas frappée outre mesure, m'a submergée par son sens son importance dans le temps des humbles. Merci pour ce livre. Pour ce qu'il ne faut jamais oublier.
Annie Ernaux.
"Si je devais résumer en trois mots mon enfance à la campagne, je dirais: changer, partir, devenir. Et s'il n'en restait qu'un seul, je choisirais le troisième, devenir.
Devenir pour devenir autre, devenir ailleurs, devenir quelqu'un!
Quand la nuit noircissait trop tôt les forêts alentour, maintenant en exergue le cri de la chouette et l'aboiement des chiens au loin, une petite fenêtre lumineuse s'allumait dans notre salon, déroulant sous mes yeux des vieux films en noir et blanc. C'est ainsi que je découvris le lieu où je voulais vivre: Hollywood! Le confort chauffé des studios, un pays sans rhume, sans ronces, sans piqûres de puces. Je croyais que cinéastes s'écrivait cinéastres, parce qu'ils fabriquaient des étoiles et que tous les parents souhaitent avoir une étoile dans leur salon.
Rien ne se passe jamais comme je l'imagine. Sans doute parce que ma première erreur fut une erreur de parcours...
A 18 ans, "je suis montée à Paris".
Et Paris n'est pas Hollywood."