Madame Mangin avait une façon bien particulière de nous transmettre le savoir. En l'espace de quelques mois d'un enseignement dispensé avec rigueur, Mohamed et moi étions devenus ses souffre-douleur, et elle n'hésitait pas à nous couvrir de ridicule devant nos camarades lorsqu'elle nous remettait les copies.
- Ah je crois rêver! s'emportait-elle. En quelle langue faut-il que je vous parle pour que cela entre dans vos têtes sans cervelle? Vous allez me recopier dix fois la dictée et sans-faute sinon gare à vous!
Parfois ça devenait :
- C'est encore du petit nègre que vous m'avez écrit! Ça en devient désobligeant.
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Nous voulions vivre comme Les affranchis de Martin Scorsese. Rien n'était plus explicite que ce titre. Nous étions en effet convaincus que le système nous conditionnait à nous satisfaire en cité, entassés les uns sur les autres comme des souris de laboratoire, avec au menu du matin, la misère, et pour celui du soir, l'espoir.
Notre aventure était encore bien loin du parcours des affranchis. Cependant, nous avions déjà certaines cartes en main non négligeables : Une amitié solide, le goût pour l'argent, et la ferme envie de sortir de la rengaine du citadin.
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Si tu ne sais pas où tu vas mon fils, alors regarde d'où tu viens, car tôt ou tard tu finiras par retourner vers les tiens.
Grand-père d'Issa. Page 106
Il y'a neuf jours pour le voleur, mais le dixième appartient toujours au commerçant.
Mère d'Issa. Page 46