DE TERRE ET DE SANG
DE CIEL ET DE FEU
Dévoi
Sacré cousin…
Sacré cousin sacré gredin
tu ferais braire à ton argus
La poésie s’incoercise :
le vers dévale et se défrusque
et s’oblitère et se grenaille
sa gardavouse et se testise
c’est la machine ex le Deus
p.163
L’eau de l’étang…
L’eau de l’étang
sans voix ni ride
cet équilibre
d’un pur instant
Sonore et calme
un chant de cygne
parmi les lignes
nues et subtiles
d’éclats de cuivres
d’ors de garances
des fulgurances
emprisonnées
Et si furtif
d’air immobile
un jonc fragile
le temps posé
p.66
Vient le vent
3
À cinq heures
le jour fiévreux
chancelle
et lentement
se referme
le ciel
4
Qu’as-tu fait
du rêve
p.182-183
La Cantate au Pérégrin
à fond d’étoiles...
à fond d’étoiles
à fond de rien
vogue mon navire
sur les eaux calmes
du délire
une aube est morte
une aube est là
contre la porte
avec la voix
très douce des feuillages
gonfle ta voile
aux quatre voix
de l’esprit
aux quatre chants
des éléments et
t’arrache aux liens cruels
de la mer et du vent
oiseau pas même
esprit pas même
où le rien et le tout
se conjuguent se confondent
et parlent
p.42
COMME L’OMBRE ET COMME LE VENT
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Extrait 1
Ah ! j’avais oublié
la rumeur des vagues
ces coquillages
et ces petits galets
lissés de la plage
et ces aiguilles de pin
piquées
dans le sable glacé
Un chuchotement de mots
égarés au vent
d’un été comme les autres
Un bras qui me tire
à l’intérieur de moi
de tout son poids d’absence
…
p.185
Complainte
Cette chanson Ah
ténue Et la voix
perdue Et la voix
près de l’arbre
Cette chanson Ah
sans mots et sans voix
du temps résolu
sur le sable
Le vent l’a chantée
le vent l’a perdue
qui la chantera
près de l’arbre
Cette chanson Ah
sans mots et sans voix
d’une ombre et d’un pas
sur le sable
p.111
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Extrait 2
Il pleut sur le soleil rouge
et sur l’eau verte du fond
de l’année incertaine
sur l’eau décolorée
des fontaines en cascade
parmi les fleurs
dans les jardins étagés
devant la mer près de San-Remo
et sur les allées dallées
de Dubrovnik la Blanche
Un enfant rit
sous le rideau des pins
Un enfant crie au loin
plus loin plus loin
en poursuivant son chien
Et j’ignorais qu’ils fussent
dans mon souvenir
p.185-186
La Cantate au Pérégrin
AVEC…
avec du ciel
avec du lait
avec des fleurs
nous écrirons des paysages
avec du sang
nous écrirons des hommes
avec du feu
nous écrirons les villes et l’esprit
Il faut voir l’âme
au-dessous de la chair
l’âme unique et multipliée
sous la chair multiple
Il faut voir l’esprit
dans l’acte qui le cristallise
Il faut voir la mort
et vivre
p.52
DE TERRE ET DE SANG
DE CIEL ET DE FEU
Dérive
Le temps s’active à sa moisson
Il taque et tic hors de saison
Il tique et tac hors de saison
Mais sur la grèze où tu vivolles
tu t’intronises dans les mots
Et tu dérives tu dévioles
sur tes phrasures démâtées
quand la pomphante éternité
elle dérise à ton poignet
p.161
Vient le vent
2
Sous nos pas
chasseurs
la terre s’offre
exhalant
des odeurs écrues
d’aubiers
p.182