Enquête au long cours, projet intime : il aura fallu 4 ans à Grégoire Carle pour reconstituer le parcours de son grand-père durant la Seconde Guerre mondiale. En faisant dialoguer sa propre enfance et l'adolescence de son aïeul, l'artiste dresse la chronique d'une région marquée hier par les traumatismes de la guerre et les nationalismes, menacées aujourd'hui par les catastrophes environnementales. Construit au fil de l'eau, le récit explore les concepts de frontière et d'identité, dans une invocation à la déesse de la mémoire et du langage.
« le lierre et l'araignée » disponible au rayon BD
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Ça me fait penser à une blague : Quel est le point commun entre un nazi et une patate ?
Les deux doivent être sous terre pour ouvrir les yeux !
- on ne se fréquente pas à l'école, je ne suis sensé traîner avec mon groupe, les "assidus". ça serait trop difficile d'expliquer à ces poltrons pourquoi j'apprécie la compagnie de ce "ringard".
...
Les apparences, c'est important pour avoir la paix.
- Un larbin vaut plus qu'un vélo merdique ! Même les fourmis le savent, il est plus rentable d'élever un puceron que de le manger.
Quand Clemenceau et Poincaré sont arrivés à Strasbourg, ils ont refusé de recevoir les élus du Conseil, pire, ils ont mis en place l’épuration ethnique.
L’Alsace et la Moselle ont été les seuls territoires de France métropolitaine où l’état appliqua la loi du sang, comme dans son empire colonial…
Certes les allemands font pareil, mais eux ne se réclament pas des Lumières.
"Il paraît que dans son labyrinthe, Dédale fit en sorte, non pas que l'on ne puisse pas, mais que l'on ne veuille pas en sortir."
Depuis l'été, la propagande s'activait sur tous les fronts. Les Peuples d'Alsace et de Lorraine, à nouveau allemands, devaient maintenant rattraper au pas de course 15 ans de décivilisation nazie.
Or, pour constituer un nouveau narratif, il fallait d'abord s'attaquer aux symboles autour desquels s'agrège la mémoire collective.
Ainsi, la France avait déboulonné en 1918 les statues du Kaiser. Et en 1940 les Allemands allaient faire, eux, chuter Kléber de son piédestal. Le général strasbourgeois symbolisait l’engagement des Alsaciens dans les campagnes de Napoléon - "Napy" comme on l'appelle ici - et par là-même l'entrée de l"Alsace dans le roman national français, après les événements révolutionnaires.
En 1918, l’accueil des soldats alsaciens, pour la plupart enrôlés dans la marine impériale, avait été glacial, à leur retour.
L’état français attribuait alors aux alsaciens des cartes d‘identité discriminatoires en fonction de notre « degré de sang germanique ».
« - Mention A pour ceux dont les deux parents sont nés en Alsace française
avant 1870.
- Mention B si l’un des deux parents n’est pas français de souche.
- Mention C si les parents sont nés dans un pays neutre pendant la guerre.
- Mention D pour des parents nés en Allemagne.
Les catégories D avaient été spoliées de leurs biens et expulsées vers l’Allemagne, en tout 150 000 personnes jetées à la rue.
Les B et C avait été consignées à un périmètre autour de leur domicile et un
certain nombre d’emplois leurs étaient interdits.
Toute cette clique faisait désormais régner l’ordre, ou plutôt la terreur, dans les moindres recoins de la société alsacienne et mosellane.
Mais si, en dépit du rouleau compresseur de l’appareil nazi, survivait une étincelle de rébellion, alors le Gauleiter disposait d’un outil particulier. Un camp de rééducation des récalcitrants.
Ce camp fonctionnait comme un organe de propagande.
On y « reprogrammait » les rebelles à coup de travaux forcés, de jeûnes et de
châtiments corporels. Au bout de quelques mois, les prisonniers étaient relâchés et leur aspect fantomatique suffisait à dissuader quiconque de braver les autorités allemandes.
En nous couvrant de ses bras immenses, le vieux chêne nous accordait un cessez-le-feu. Il en avait vu passer : les Panzers, les casques à point du Kaiser en 1914, les obus du Kronprinz en 1870, les grognards du Corse, les régiments suédois et tant d'autres, mais il tenait toujours vaillamment ses positions. Alors nous essayons de profiter d'une dernière baignade de fin d'été. Le temps de cette parenthèse, nous avions à nouveau nos 15 ans.
jadis, dans les contrées alémaniques, quand un enfant naissait, ses parents plantaient son Todtenbaum, son "arbre de mort".
Au moment des funérailles, l'arbre était abattu et son bois alimentait le bûcher funéraire. Mais les riverains du Rhin avaient eux une autre coutume : ils évidaient le tronc pour y placer la dépouille. Cette barque funéraire était confiée au fleuve, qui se chargeait de l'acheminer vers les séjour des bienheureux.