Philippe de la librairie le Divan partage ses lectures de la Rentrée littéraire 2023
"C'est formidable. C'est impossible de le lâcher."
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- la fiction, inoffensive ? Regarde la religion.
- La fiction, inoffensive ? Regarde les masses opprimées qui s'accommodent de leur sort parce qu'elles acceptent les mensonges qu'on leur fait avaler. L'histoire elle-même n'est qu'une fiction - une fiction avec une armée. Et la réalité ? La réalité est une fiction avec un budget illimité. Voilà ce que c'est. Et avec quoi la réalité est-elle financée ? Avec une fiction de plus : l'argent.
L’espace de quelques instants – très fugaces – il songea que sa vie n’avait pas d’importance, et c’était sans importance. Il y avait un ciel. Il y avait un corps. Et une planète en dessous de celui-ci. Et tout cela était bien agréable. Et tout cela était sans importance. Jamais il n’avait été heureux.
Et c’était sans importance.
Sans destination clairement définie, et sans autre but que la solitude, il était plus facile d'éluder le monde.
Toute vie est organisée autour d'un petit nombre d'événements qui soit nous propulsent soit finissent par nous entraver. Nous passons les années entre ces épisodes à bénéficier ou à souffrir de leurs conséquences jusqu'à l'arrivée du moment déterminant suivant. La valeur d'un homme est établie par le nombre de ces situations décisives qu'il est capable de se créer pour lui-même. Il n'est pas toujours nécessaire que ce soit un succès, car échouer peut être un grand honneur. Mais il se doit d'être l'acteur principal dans les scènes significatives de son existence, qu'elles soient épiques ou tragiques.
(p.173)
Chacune de nos actions obéit aux lois de l'économie. Quand nous nous réveillons le matin nous échangeons du repos contre du profit. Quand nous allons nous coucher le soir nous renonçons à du temps potentiellement profitable pour reprendre des forces. Et durant la journée nous nous lançons dans d'innombrables transactions. Chaque fois que nous trouvons un moyen de minimiser nos efforts et d'augmenter notre profit nous effectuons une transaction commerciale, même si c'est avec nous-mêmes. Ces négociations sont tellement enracinées dans notre quotidien que nous les remarquons à peine. Mais la vérité est que notre existence gravite autour du profit.
Nous aspirons tous à davantage de richesse. La raison en est simple et se trouve dans la science. Parce que rien dans la nature n'est stable, on ne peut pas simplement conserver ce que l’on a.
Comme les autres créatures vivantes, soit nous nous épanouissons, soit nous disparaissons. C'est la loi fondamentale qui gouverne tout le règne du vivant. Et c'est l'instinct de survie qui fait que tous les hommes désirent Smith, Spencer, etc.
Evangile de la Richesse, Individualisme américain, Le Chemin de la Richesse, L'Individu et Sa Volonté, etc.
Testament philosophique.
Etc.
Les esprits s'envoient eux-mêmes en enfer, c'est leur propre choix. Et qu'est-ce que le choix, sinon une branche de l'avenir se greffant sur la tige du présent ?
(p.104)
Est-il plus grand hommage que de devenir un festin pour ses semblables ? Quel monument pourrait être plus noble que la tombe palpitante de souffle d’un coyote ou l’urne planante d’un vautour ? Quel autre mode de conservation serait plus fiable ? Quelle résurrection serait plus littérale ? Savoir que toutes choses vivantes sont indéfectiblement liées – la voilà, la religion pure et sans tache. Quand on a compris cela, il n’y a rien dont on dût porter le deuil, car même si rien n’est permanent, rien n’est jamais perdu.
Rien, dans la nature, n'est définitif - il n'est de fin qu'éphémère, car chacun porte en lui de nouveaux commencements.
Une fois, à l'époque où je travaillais à la boulangerie, j'avais surpris une conversation amusante entre deux clients résignés. « Il existe un monde meilleur, avait dit un homme. Mais c'est plus cher. »
(p.326)
Sans les écrivains et musiciens qui avaient élargi son monde au cours de ces dernières années, elle avait regagné la silencieuse cachette intérieure qui l'avait abritée durant son enfance et sa prime jeunesse, et éprouva du réconfort à retrouver ses vieilles habitudes solitaires, ses livres, le journal qu'elle tenait, ses promenades. Par le passé, elle avait cru cet espace en elle aussi vaste et sereinement inexplicable que le cosmos. À présent, elle le jugeait étroit et plat. Personne, parmi ceux qui assistaient à ses lectures et concerts, n'était devenu, au sens propre, un ami, mais en tant que groupe, tous ensemble avaient fini par constituer une présence nécessaire dans sa vie. Elle avait perdu son goût de la solitude.
(p.85)