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3.46/5 (sur 150 notes)

Nationalité : Japon
Né(e) : 1979
Biographie :

Hiroki Takahashi est né en 1979 dans la province d’Aomori, décor de Okuribi son premier roman publié en France. En parallèle de son activité de professeur et écrivain, il est musicien dans un groupe de rock . Il s’est fait connaître avec la trilogie Yubi no hone, qui retrace le quotidien de soldats japonais pendant la Seconde Guerre mondiale et qui lui a valu deux prix littéraires ainsi qu’une reconnaissance critique immédiate. Avec Okuribi il décroche le prix Akutagawa, l’un des plus prestigieux prix au Japon.

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
A la fin des cours, les garçons passaient de nouveau leur temps à jouer aux cartes. Ces cartes hanafuda au dos noir, avec leur boîte en bois de paulownia ornée d’un tengu (créature divine représentée avec un masque rouge au long nez et aux ailes de corbeau) et de chrysanthèmes, étaient apparemment un héritage que leur avaient laissé les anciens élèves.
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Au-delà du parapet, les lanternes étaient suspendues de poteau en poteau le long de la rivière et, se remémorant la coutume dont lui avait parlé Akira, Ayumu s’arrêta. Quand Akira racontait qu’ils déversaient du feu dans la rivière, faisait-il allusion au tôrô nagashi, cette cérémonie où l’on met à l’eau des lanternes de papier en l’honneur des morts ?
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Peut-être à cause du choc sur la tête, il n'entendait aucun son. Seul le bruit du courant résonnait avec une étrange netteté dans ses oreilles. Loin derrière ce ruissellement, par intermittence mais de manière certaine, on jouait un instrument. A force d'écouter la mélodie, il sentit de nouveau son estomac se contracter et il vomit.
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Lorsqu’il parcourait le sentier au crépuscule, il sentait parfois souffler depuis la montagne de la Forêt-Noire un vent tiède, comme coloré. Il avait l’impression que ses joues, sa nuque et ses bras nus se teintaient de la couleur de ce vent du soir. Il était pris d’une étrange sensation, comme si sa peau bruissait, comme si son cœur portait une vague inquiétude, mais tout cela était agréable en même temps. Les montagnes cramoisies, les insectes d’été sur les sentiers longeant les rizières, le coassement des grenouilles, l’odeur de la terre et de la boue faisaient naître cette illusion en lui. Ou peut-être, en tant qu’étranger, était-il sensible à quelque chose que recelait le vent. Pour les habitants de cette région, ce devait être une évidence que le vent portait des couleurs.
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Il leva les yeux : la neige venait des montagnes au nord-ouest, au-delà de la rivière, et semblait descendre en s'écoulant sur le hameau. Des enfants de l'école primaire levaient les yeux au ciel epuis le bord de la route et s'écriaient, excités : Le vent a fleuri ! Le vent a fleuri !Tout en les regardant du coin de l'oeil, Ayumu fut touché par la pauvreté de leur vocabulaire. Mais alors qu'il s'apprêtait à monter la côte qui menait à sa maison, les flocons de neige blancs dans le ciel bleu devinrent aussi gros que des pétales. Ce n'était pas forcément une erreur que de dire "Le vent a fleuri".
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Le jour du vol, il avait craint que ces garçons soient le genre de voyous qu'il s'était bien gardé de fréquenter jusqu'ici, mais au bout de quelque temps, il comprit qu'il s'était trompé. Ils bavardaient joyeusement pendant les pauses, faisaient du foot dans la cour après la cantine et jouaient un peu aux cartes après l'école. C'étaient des collégiens ordinaires, comme dans toutes les écoles qu'il avait déjà connues. (p. 26)
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Ayumu était arrivé dans cette région au début du printemps, quand il gelait encore au petit matin. Son père, employé d’une société de commerce, était régulièrement muté et les déménagements se succédaient, la famille se déplaçant toujours plus vers le nord de l’archipel. Alors qu’ils étaient installés depuis environ un an et demi à Tôkyô, le père avait appris, en interne, une nouvelle mutation. Cette fois le poste se trouvait bien plus au nord, à Hirakawa. Lorsqu’il avait entendu ce nom, Ayumu était demeuré perplexe. La géographie était son domaine, pourtant il n’en avait jamais entendu parler. Il s’agissait d’une nouvelle municipalité, issue de la fusion entre plusieurs villes et villages de la région de Tsugaru. Compte tenu du poste qu’occuperait son père, il était très probable qu’à sa prochaine mutation on lui confie une fonction administrative au siège à Tôkyô. L’entreprise avait apparemment pour coutume d’envoyer ses employés dans une région reculée avant de les promouvoir. Il fut d’abord question que le père aille s’installer seul, mais en fin de compte toute la famille déménagea avec lui. En effet, dans l’entourage familial du père, on possédait une maison inoccupée non loin de Hirakawa. Père et mère rêvaient d’habiter une maison individuelle. Ayumu rêvait d’avoir sa propre chambre à l’étage et un jardin avec une pelouse. Au téléphone, la famille avait dit au père :
– Quand une maison est inhabitée elle se délabre vite, alors on serait ravis que tu t’y installes. C’est sûrement ce qu’auraient voulu papa et maman, s’ils étaient encore en vie.
La maison se trouvait encore plus nord que Hirakawa, dans un hameau qui s’étendait entre les montagnes, sur un terrain en hauteur situé à l’est. Lorsqu’on ouvrait la porte coulissante en verre dépoli de l’entrée, une odeur froide de bois s’exhalait. Suivaient trois chambres de six tatamis en enfilade, et à côté de la troisième s’ouvrait la pièce dédiée à l’autel funéraire. On le devinait car l’un des tatamis avait perdu ses couleurs par endroits, révélant la forme d’un autel bouddhique. À l’étage, la surface était presque la même. Cette maison était un peu grande pour une famille de trois personnes. Il fut convenu qu’Ayumu occuperait la pièce de six tatamis à l’étage située côté est. Sa mère en avait décidé ainsi, convaincue qu’elle serait agréable, avec sa belle luminosité. Le lendemain de leur arrivée, les déménageurs y installèrent son bureau, sa bibliothèque munie d’étagères coulissantes ainsi que son lit-mezzanine marron clair. L’un après l’autre, ses meubles familiers furent apportés dans la chambre d’un inconnu. Au bout de quelques semaines, les meubles se fondraient dans la pièce et cet endroit deviendrait sa chambre.
Le père était venu s’installer en éclaireur. Parce qu’il préférait que son fils change d’établissement au début de la nouvelle année scolaire, il avait vécu seul pendant un mois. Il emmena Ayumu aux bains publics situés en bas de la côte, le long de la rivière. Les bains se trouvaient à cinq minutes à pied et l’entrée ne coûtait presque rien. Il n’y avait personne au comptoir, seulement une boîte en bois indiquant : « Tarif pour le bain : 100 yens. » Le père glissa deux pièces de 100 yens dans la boîte, qui tintèrent à l’intérieur. Une serviette à la main, Ayumu fit coulisser la porte en verre dépoli ; deux personnes se trouvaient déjà dans le bassin d’où montait la vapeur. Un adolescent d’à peu près le même âge qu’Ayumu, et un garçonnet qui devait avoir cinq ans. Dès qu’Ayumu et son père se furent plongés dans le bain, l’adolescent en sortit, sans doute par politesse. Tout de suite après, le garçonnet quitta le bassin à son tour comme s’il suivait son aîné.
Sur le chemin du retour, Ayumu, le visage encore rouge de chaleur, contemplait la rivière en sirotant une bouteille de lait caféiné froid et sucré. À ses côtés, son père, le visage rouge lui aussi, buvait un lait à l’arôme de fruits. Une grille métallique les séparait de la berge, et au-delà de cette grille on tombait sur une digue de cinq mètres de haut environ. La rivière s’étendait en contrebas. La berge opposée était reliée au versant d’une montagne escarpée, ce qui donnait l’impression que les eaux coulaient au fond d’une vallée. Les cimes nues des arbres à feuilles caduques se paraient à peine de feuilles vert clair, et leurs interstices étaient encore très visibles. En été, cette montagne se couvrait sûrement d’une verdure foisonnante.
Ici et là au fil de la rivière, de gigantesques rochers montraient leur visage. L’eau les contournait ou stagnait. De là résonnait le murmure de la rivière. Soudain, Ayumu repensa à l’adolescent qu’il avait vu tout à l’heure aux bains. S’il était en troisième année de collège, il le croiserait d’ici quelques jours dans la salle de classe.
– Papa, tu t’es déjà fait de nouveaux amis au bureau ?
À cette question, le père eut un petit rire amusé.
– Tu sais, quand on devient grand, ami ou pas ami, on n’est plus trop dans ce type de relation.
– Tu trouves ça triste ?
Cette fois, le père esquissa un sourire un peu embarrassé et pencha la tête sur le côté. Sa mère avait parfois le même geste. Il vida d’un trait son lait fruité avant de répondre :
– J’espère que toi aussi, tu t’habitueras vite à ta nouvelle école.
C’était la troisième fois qu’Ayumu changeait de collège.
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Même sur ces terres, il était parvenu à s'acclimater, à s'assimiler à sa classe et à s'intégrer dans un petit groupe. Il avait même obtenu le poste de vice-délégué. Comment avait-il atterrit dans ce chaos ? (p. 113)
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Au delà du parapet,les lanternes étaient suspendues de poteau en poteau le long de la rivière et,se remémorant la coutume dont lui avait parlé Akira ,Ayumu s'arrêta. (Page 7).
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À l’exception des cartes dont le motif symbolisait le treizième mois, les illustrations étaient quasi identiques à celles du jeu traditionnel de quarante-huit cartes. Mais dans le jeu du Passereau, il y avait une carte encore plus puissante que celles de la catégorie « lumière » : le simple saule, Akira, et les autres l’appelaient la « carte du démon ».
En effet, la carte était rouge sang sur toute sa surface, avec une ombre noire qui s’étendait dessus ; elle contrastait étrangement avec les autres. Elle fait penser à un démon à cause de son motif rouge et noir, c’est ça ? s’enquit Ayumu, mais Akira répondit par la négative. C’est la carte du démon parce qu’il y a un démon qu’est dessiné dessus, ajouta-t-il en pointant du doigt le coin droit de la carte. En observant bien, Ayumu se rendit compte que ce qu’il avait pris pour un simple élément de décoration sur le fond rouge était une main de démon qui surgissait de l’extérieur du cadre. Dans le jeu du Passereau, la carte du démon permettait diverses combinaisons gagnantes. Peut-être y avait-il un lien avec l’indulgence dont faisaient preuve les habitants de la région à l’égard des démons. Le professeur Yanaka avait raconté qu’autrefois, alors que les rizières s’asséchaient, réduisant les habitants au désespoir, un démon des montagnes avait construit une digue afin d’irriter les champs. À l’ouest du centre-ville, il y avait un sanctuaire célébrant ce sauveur et, dans la région, personne ne lançait des haricots secs pour chasser les démons, comme on le faisait partout ailleurs dans le pays.
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