Elle avait posé sa fourche, admirait Marius qu'elle n'avait pas vu depuis trois bons mois. Sa sveltesse de jeune homme cédait le pas à une carrure d'homme. À dix-neuf ans, il en paraissait vingt-cinq, mais il avait toujours ce sourire de biais qu'elle aimait. Elle sauta. Il oscilla à peine sous le choc, la serra contre lui et le temps s'arrêta. Soudain, ils n'étaient plus deux enfants, ni même deux adolescents troublés, mais un homme et une femme dans les bras l'un de l'autre, conscients de leur puissance, conscients de leurs désirs. Il avait fermé les yeux, elle avait entrouvert les lèvres, soudain assoiffée. Le temps parut se figer, mais une certitude les envahit l'un et l'autre...
Diplôme en poche, il était enfin maître de sa destinée. Il avait bûché dur à l'Ecole des eaux et forêts. Il deviendrait au moins fonctionnaire. L'avenir s'ouvrait. Restait son service militaire, mais il passerait vite et lui ferait voir du pays. On parlait bien d'une guerre avec la Prusse, de rappel des réservistes, mais tout ça c'était de la politique. Ça se passait à Paris, autant dire au bout du monde. Marius revenait au domaine du Bois noir, heureux à la perpective des foins et des moissons avec Jeanne. Il lui dirait son amour, l'épouserait, l'emmènerait à la ville, une sous-préfecture pour le moins. Ils s'installeraient dans une grande maison carrée sans vaches à traire ni fumier à charrier.
Elle serait riche. Mais pour y arriver il lui fallait apprendre à lire, à écrire, à dessiner et une foule d'autres choses. Elle ressentait la nécessité impérieuse de tout savoir. Mais comment faire?
Il déteste la police, toutes les formes de police. L’état de proscrit laisse des cicatrices à l'âme.
Les yeux grands ouverts, Anaïs méditait dans le noir. Son amie avait rapidement sombré. Combien de nuits avaient-elles passées ensemble. fillettes à se consoler mutuellement de leurs abandons réciproques ? Elle sourit : le Chambeyrac l'avait toujours méprisée. Sa disparition ne lui laissait aucun regret, elle, la disgraciée sans dot et sans mari. Restaient les petits qui étaient aussi les siens.
Ce jour était une revanche pour les deux femmes. Olympe était libérée d'un mari médiocre, et Anaïs d'un patron méprisant.
En dix ans de lecture, le grand livre de la vie lui a appris plus de vérités que ses études en Sorbonne.
Depuis sa plus tendre enfance, sa vie consistait en une lutte permanente entre le bien, ses parents, et le mal, lui. Pour son bonheur futur, voire éternel, le bien lui était inculqué sous forme de taloches, gifles, interdits et punitions. En fait, le mal était tout ce qu’il faisait, surtout s’il y prenait plaisir. Capable de dépenser en babioles dix sous qu’un naïf lui aurait donnés ou de faire le cochon pendu sur le portique du voisin malgré l’interdit maternel ou encore de préférer, par temps de canicule, un steak grillé à un poisson de l’avant-veille, ce garçon était toujours et en tout lieu présumé coupable.
La survie d’un chat est dure l’hiver, aussi dure que celle d’un autre vagabond.
Notre patois, comme l’occitan ou le provençal, est une langue à part entière, qui dérive de la langue d’oc qu’on parlait dans tout le Sud de la France. Une langue forte, imagée. Les farces sont plus drôles en patois qu’en français, par exemple.
Une enquête de Gilles Trempemeur, chirurgien-barbier.
Paris, 25 octobre 1499: le vieux pont Notre-Dame, porteur de 58 maisons, s'effondre dans la Seine en crue. 500 blessés, un millier des morts.
Sur les pas du"Grêlé", Maximimy pénètre dans les ténèbres du Paris de la Renaissance, révélant ses secrets et ses horreurs, mais aussi des luttes et dees passions.