L'écrit est la première parole et le dernier refuge. Quand plus rien ne se dit et que nul ne se touche, l'écriture offre encore la verticale des mots.
Un peu de vie glanée çà et là au saut d'un regard qui suit l'égarement d'un autre. C'est comme le vol d'un ange pirouettant sur le dialogue de notre humanité. Traversant le froid et la brume, un peu de vie surprise dans sa nudité et sa promptitude.
Ne jamais oublier de cueillir la lumière aussi infime soit-elle, d'où qu'elle vienne, qu'elle soit buisson ou poussière.
C'est elle qui nourrit nos esprits et nos corps, qui nous ramène à la perpendiculaire et entrouvre la porte de la béance. Le préalable à toute rencontre pure.
Les arbres ont des secrets qu'ils gardent au creux de leurs nervures, enfouis au mitan de leurs fibres. Ils suintent quelquefois en perles de rosée amère ou de sève sucrée.
Ce qu'il faut vivre pour transfigurer le silence en présence !
Le cri peut-il transpercer…
Le cri peut-il transpercer autre chose que la raison de
celle ou celui qui le lâche ?
Est-ce qu’on lâche un cri comme on lâche une main ?
Le lâche-t-on ou l’abandonne-t-on ? Finalement.
Lâcher c’est tomber, c’est laisser. Laisser tomber.
Abandonner, c’est donner. Ou renoncer. Mais laisser
tomber ou renoncer, c’est aussi libérer !
Écrire, c’est crier aussi.
JE SUIS NÉE SUR UNE TERRE SAIGNÉE…
Je suis née
sur une terre saignée
de cailloux éclatants
quêtant les tessons de l’infime
pour que jaillisse
l’alphabet de toute chose
sonder la nébuleuse
de ses exubérances
c’est la seule façon d’exister
fouiller une à une
chacune de nos ignorances
et vaille que vaille
humer ce vertige
pour débusquer
peut-être la consolation.
Et puis. Quelques mots…
Et puis. Quelques mots tombés de la nuit. Tout blancs.
Écrits comme un miracle à la poudre d’étoiles. Ni l’œil
ni l’esprit ne peuvent les lire. D’une langue imberbe et
sauvage qui réverbère à la lisière de la pensée des
scintillements nus comme d’extrêmes rosées soufflées
du grand mystère des aubes.
Qu’elles viennent !
La neige est un mystère céleste. Je ne retiens aucune explication scientifique.
Seulement celle de la poésie des nues.
« Que reste-t-il entre nos mains au terme de nos vies ? Sinon l'amour donné même s'il est enfui. »