Comment conjuguer l'art de la gastronomie avec des fêtes confinées ? Nous poserons la question à Anne-Sophie Pic, cheffe cuisinière multi-étoilée, et à Jean Vitaux, historien de la gastronomie et auteur du "Bouquin de la gastronomie".
L'invité des Matins de France Culture.
Comprendre le monde c'est déjà le transformer(07h40 - 08h00 - 24 Décembre 2020)
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La destruction de l'Amérique précolombienne par la variole
Dans l’Empire inca (Pérou)
Venu des Antilles et du Mexique, le virus de la variole se répandit rapidement à travers l’isthme de Panama et ravagea les populations amérindiennes de l’Amérique du Sud, bien avant leur conquête par Francisco Pizarro, débarqué sur les côtes du Pérou en 1532.
Le même scénario s’y reproduisit. Le chroniqueur espagnol Pedro Cieza de León rapporte qu’en 1524 une épidémie de variole s’était répandue dans tout l’Empire inca, le plus vaste au monde, tuant des centaines de milliers de personnes. L’Inca Huayna Capac en mourut, ainsi que son fils héritier, déclenchant une féroce guerre civile de succession entre les prétendants Huascar et Atahualpa, qui entraîna des hécatombes supplémentaires. On estime que la moitié de la population de l’Empire inca était morte de la variole avant l’arrivée des conquistadors, fragilisant cet empire puissant et prospère et facilitant sa conquête par Pizarro, à la tête de… 168 soldats et 62 chevaux. En ruinant l’espace social et politique de l’Empire inca, la variole avait hâté sa chute.
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La table et la gastronomie ont toujours été intimement liées à l'histoire : les aliments dont nous nous nourrissons, les plats que nous apprécions, les recettes que nous préparons, la manière dont nous mangeons sont le produit - le fruit - de l'histoire.
La deuxième pandémie ou peste noire
Les chiffres médiévaux de mortalité sont à manier avec précaution, mais l’analyse des rares registres paroissiaux qui ont été conservés, comme à Givry, gros bourg de Bourgogne, qui comptait environ 2 000 habitants, est très parlante : on procéda à 649 enterrements en 1348, au lieu de 40 pour une année normale. Les effets dévastateurs de l’épidémie ont été récemment confirmés par des études paléogénétiques : 20 % des ADN mitochondriaux humains ont disparu avec l’épidémie de la Peste noire, comme l’a montré l’étude des cimetières médiévaux de Saints-Côme-et-Damien (Montpellier) et de Vilarnau, ce qui a fortement diminué la diversité génétique de la population européenne.
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