Un chaos sourd. C'est tout ce que je me rappelle. Les odeurs de notre maison, ses bruits, sa chaleur, il n'y a plus rien. Je suis accroupie sur le sol, froid. J'aimerais qu'il m'engloutisse. Tout en moi m'implore de fuir. Mais mon corps ne répond pas. Mon esprit non plus. Ils sont là, à quelques mètres de ma fenêtre. Je peux sentir la poussière que soulèvent leurs pick-up, la lame de leurs yeux noirs qui scannent nos maisons.
"En chacune de nous il y a cette force de dire non. Je ne suis pas l'héroïne de ce livre, j'ai décidé d'être celle de ma vie. Soyez la vôtre."
Khatera
Ce que les messages de Khatera me font comprendre, c'est que les persécutions n'ont pas de frontières, pas de barrières, elles résonnent en nous toutes, même si nos existences n'ont rien en commun. Comme un front universel, persiste ce lien invisible, aux poignets de chacune, qui nous fera toujours lever le poing plus haut pour nos droits. Les unes pour les autres.
Nous restons là, glacées par la neige et la tragédie de ce que mon pays peut offrir de pire aux femmes. Meena n'est pas la seule, surtout dans ces villages reculés. Les fillettes ne sont qu'une monnaie d'échange. Vendues pour leur fertilité. Elle m'avouera plus tard avoir bu du dissolvant cette semaine-là pour mettre fin à son calvaire.
"A toutes les femmes, aimez-vous, vous êtes votre seule barrière."
Dernière phrase du livre, dans les remerciements