Le dessinateur brésilien Marcello Quintanilha revient sur son travail, sa préférence pour une expérience graphique et visuelle toujours renouvelée. Il parle de son adaptation de L'Athénée, un classique de la littérature brésilienne. Propos enregistrés sur le SoBD, en décembre 2017.
Notre rêve à nous, ce serait de payer des impôts sur le revenu.
Cette histoire, c'est du passé ! Le passé, c'est bon pour les musées !
Marcia est une Mama Brésilienne dans la tourmente. Elle est infirmière à l'hôpital. Elle vit dans une favela avec Aluisio, qui n'est pas le père de sa fille, Jaqueline. Cette fille leur pose bien des soucis : elle fricote avec des voyous et ses frasques vont venir alourdir les épaules de sa mère et retomber sur le nez son beau-père (au figuré et au propre...).
La bonne Marcia est un personnage attachant, énergique, courageux et entraînant. Elle réussit à mettre du soleil et du sourie dans les épreuves que sa fille lui fait subir. Même quand Jaqueline lui mène la vie dure, elle tient le coup et reste aussi tenace que peut l'être une maman. C'est vraiment Marcia qui supporte ses proches à bout de bras, tout comme le scénario de cet album !
J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. Le graphisme ne m'emballait pas tellement et j'avais du mal à voir où l'auteur voulait en venir. J'ai aussi eu des difficultés à déchiffrer les textes, parfois. Mais passé une vingtaine de pages, ma curiosité s'est aiguisée. La pauvreté, le trafic, les gangs, la violence y sont relatés avec force et couleurs. Même si les illustrations m'ont laissée à distance car trop éloignées de mes goûts, je ne peux que louer leur attractivité et l'originalité de tant de couleurs dans un univers si sombre.
- Euh, excusez-moi, juste une info comme ça en passant, là, pour vous deux… Si on me cherche, vous dites que je suis sortie, ça marche ? J’ai deux trois affaires à régler, là, ok ?
Maman, dis-moi : je ne trouve plus mon top vert ! Tu me l’aurais pas piqué en douce, par hasard ? Méfie-toi, hein !
Dès qu’on a le dos tourné… Moi je suis pas là pour fournir gratos des accessoires pour que les uns ou les autres aillent se pavaner, c’est vu, mon amie ?
Quand t’auras fini de t’en servir, merci de le remettre à sa place, lavé et repassé, tu m’as entendue ?
Blam !
- J’y crois pas. Tu m’as vue, non ? Tu crois que je suis du genre de tes copines, à aller me trémousser avec mon petit top… ?!
- Et ouvre-moi grand cette bouche pour avaler ton médicament !
- Haha... Cette bouche est à moi, ma chère, et je l'ouvre en grand qu'avec qui je veux !
C’était le sourire ! Le sourire ! Mon dieu, c’était ce sourire qui faisait disparaître son statut social. Non ! Pas disparaître. Disparaître n’est pas le mot juste. C’était plutôt comme si ce statut n’avait jamais existé. Comme si, durant toutes ces années, Rosângela s’était accrochée à une fausse sensation, et brusquement, elle se rendait compte que sa situation sociale, qui l’avait toujours mise dans une position, disons, de supériorité, n’était soudain plus rien.
Moi je une suis pas là pour fournir gratos des accessoires pour que les uns ou les autres aillent se pavaner, c'est vu mon amie?
Pauvre fille, il y a des gens qui n’ont vraiment pas de chance, pensa Rosângela. Il y a des gens qui… On ne peut pas se mettre dans la peau d’autrui. Imaginez, vous vous mariez pour ne plus avoir à nettoyer le vomi de votre père et vous finissez par essuyer ce que votre mari vous crache en pleine figure. Vous vous rendez compte ? Ça n’arrive pas à tout le monde, hein ? Imaginez-vous déménager constamment, et à chaque fois, les voisins se rendent tout de suite compte que c’est vous, le couple qui se dispute tout le temps. Que c’est vous qui faites tout ce grabuge. Imaginez. N’importe qui se sentirait rabaissé, n’est-ce pas ?
Seulement après un gros effort pour décoder, pour déchiffrer ce que signifiait tout ce bruit. Voilà : imaginez que ce fil est une phrase. Et là c’est la même phrase, superposée plusieurs fois, comme si les fils venaient de différentes bobines, je veux dire de haut-parleurs. Maintenant, imaginez un tas de fils sortant de différents haut-parleurs, enfin je veux dire des bobines, chacune ayant sa propre durée, soit en avance, soit en retard par rapport aux émissions antérieures ou postérieures. Qui serait capable de comprendre ce qui se dit là ? Qui ?
Caritatif, télé-je-sais-pas-quoi : et quand c'est fin, personne sait où est passé l'argent, où est le fric ? T'as déjà vu un gamin des rues recevoir de l'argent donné à la télévision ?