Entretien avec Michel Blay, co-auteur avec le sociologue Christian Laval de «Neuropédagogie. le cerveau au centre de l'école» (Tschann, 2019).
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C'est Hume qui franchit le pas ultime et qui propose de l'empirisme la version la plus radicale, en montrant que rien, pas même l'esprit, ne résiste à l'analyse de l'expérience immédiate. Cette analyse découvre que toutes les idées, des plus simples aux plus complexes, procèdent d'impressions élémentaires qui précèdent tout et que rien ne précède.
Le "cerveau" est devenu tout à la fois un sujet moral, politique et économique, quand ce n'est pas une nouveau sujet historique. Il apparaît comme la "nouvelle frontière" du progrès de l'humanité. Finie la "Crise de l'esprit" jadis diagnostiqué par Valéry, l'heure est à "L'Espoir du cerveau."
Il importe plutôt de considérer comme un fait social le rapport étroit qui est en train de se nouer entre les neurosciences et l’enseignement et d’en mesurer la portée à la fois pédagogique et politique.
La neuropédagogie se donne pour la science unique du fondement de l’éducation parce qu’elle est la science du cerveau, et que le cerveau est le lieu anatomique de l’apprentissage et de la connaissance.
Le cerveau est devenu tout à la fois un sujet moral, politique et économique, quand ce n’est pas un sujet historique. Il apparaît comme la « nouvelle frontière » du progrès de l’humanité.
Le danger n'est pas la multiplication des machines, mais dans le nombre sans cesse croissant d'hommes habitués, dés leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner.
Le sol qui a abandonné les antiques enfers, est un entrepôt ou l'on vient s'approvisionner jusqu'à son épuisement en s'armant toujours de nouvelles techniques innovantes accroissant toujours l'épuisement mais suscitant la fierté irresponsable des spéculateurs, des industriels et des commerciaux l'œil rivé sur la seule productivité et rentabilité - le fond des mers n'est pas épargné et les dieux marins sont déjà bien dépouillés .
Le lexique neuronal prolifère partout: on parle désormais de neuroéconomie, de neuromarketing, de neuromanagement, de neurodroit, de neuropédagogie, etc.
Pourquoi mettre des jeunes enfants devant des ordinateurs ou des machines électroniques si ce n'est pas leur inculquer le plus tôt possible des comportements machiniques les assujettissant au monde sans profondeur d'une vie réduite a des gestes quasi instinctifs et à la pratique d'une langue réduite à un outil ?
La neuropédagogie nous promet une performance cérébrale accrue, et par là une société beaucoup plus performante.