Myriam Anissimov vous présente son ouvrage "
Oublie-moi cinq minutes !" aux éditions Seuil.
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oublie-moi-cinq-minutes
Note de musique : © mollat
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Ne dis pas forcément les choses comme elles se sont passées, mais transforme-les en légendes, et trouve le ton de voix qu'il faut pour les raconter.
Romain GARY, La nuit sera calme - cité en première partie
Je dis simplement qu'il faut donner une chance à la féminité, ce qui n'a jamais été tenté depuis que l'homme est sur cette terre.
De La nuit sera calme
Elie Wiesel se souvenant de sa première nuit à Auschwitz écrit dans La Nuit :
"Jamais je n'oublierai cette nuit, la première nuit de camp qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée. Jamais je n'oublierai ces flammes qui consumèrent pour toujours ma foi. Jamais je n'oublierai ce silence nocturne qui m'a privé pour l'éternité du désir de vivre. Jamais je n'oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme, et mes rêves qui prirent le visage du désert. Jamais je n'oublierai cela, même si j'étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais."
Il avait des manières empreintes d'une certaine brusquerie dont le seul but était d'occulter son extrême vulnérabilité, sa fragilité et surtout sa profonde bonté. Gary revendiquait pour l'homme une appréhension du monde que l'on qualifie habituellement de féminine. La part de féminité était à ses yeux la meilleure ; elle ne devait pas seulement être préservée, mais cultivée comme un des seuls moyens de sauver la civilisation menacée par la brutalité virile.
Je me suis aperçu en traduisant en français les trois romans que j'ai écrits en anglais que je suis forcé de les changer, de leur donner une autre dimension. Lady L était en anglais un roman léger, un roman d'aventures, avec sans doute une dimension psychique plus profonde, mais latente. J'ai été forcé en français de rendre cette dimension plus explicite, de sortir de la brume anglaise, de définir, creuser, " psychologiser ". La version française de chacun de mes romans anglais est au fond un autre roman. J'ai avec la langue française un rapport tout à fait libre et j'ai souvent voulu la bousculer, lui faire prendre des tournures sciemment adoptées du russe ou du polonais, ou de l'anglais. Mais chaque fois quelque cuistre pédant de critique me reprochait de ne pas savoir le français, alors j'y ai renoncé, un peu par fatigue.
Livres de France mars 1967
La vérité est que j'ai été très profondément atteint par la plus vieille tentation protéene de l'homme : celle de la multiplicité. Une fringale de vie, sous toutes ses formes et dans toutes ses possibilités que chaque saveur goûtée ne faisait que creuser davantage. Mes pulsions, toujours simultanées et contradictoires, m'ont poussé sans cesse dans tous les sens, et je ne m'en suis tiré, je crois, du point de vue de l'équilibre psychique, que grâce à la sexualité et au roman, prodigieux moyen d'incarnations nouvelles. Je me suis toujours été un autre.
Dans Vie et mort d'Emile Ajar, rédigé quelques mois avant sa mort, au mois de mars 1979
Cet homme doux, raisonnable et discret, jouissant d'une grande notoriété internationale, choisi une mort violente et théâtrale. Il avait cependant écrit : "Le suicide est un acte médité, un choix non instinctif."
La provocation est ma forme de légitime défense préférée.
Romain Gary - Chien blanc
Bien des Juifs ont conservé la foi à Auschwitz, et pas seulement ceux dont la vie a été épargnée. Ils vivaient l'extermination de leur peuple, et cependant, croyaient, priaient jusqu'à l'instant de leur mort, et parfois jeûnaient, comme Ezra, le jour de Yom Kippour. Levi n'était pas révolté par le fait qu'on pût encore croire en Dieu à Auschwitz, mais qu'on pût le remercier d'avoir été épargné, quand à des millions de femmes, d'hommes et d'enfants étaient infligée une mort atroce.
Pendant l’été 1971, Gary commença à Majorque Europa, un roman ambitieux qui allait lui tenir le plus à cœur. Son origine était l’amour qu’il avait voué à Ilona, qui vivait depuis la fin de la guerre dans un hôpital psychiatrique près d’Anvers…
Les personnages de cette intrigue compliquée sont déplacés sur un échiquier par une main mystérieuse, tandis que l’action se noue dans un palais à Rome. Amer et désespéré, Gary constate que l’Europe, avec ses deux mille ans de culture, a produit Auschwitz : « En effet, s’il veut dire quelque chose, le mot "culture" signifie – ou devrait signifier – un mode de comportement individuel et collectif, une force éthique agissante, à même de pénétrer l’ensemble des rapports humains et des manières de voir. Or, l’histoire de l’Europe prouve que rien de ce genre ne s’est jamais produit, ni n’est susceptible de se produire dans un avenir prévisible. À cet égard, notre héritage spirituel a systématiquement échoué, et souvent de manière monstrueuse. Pour le seul XXème siècle : les holocaustes de la Première et de la Seconde Guerre mondiale ; l’Allemagne hitlérienne ; la France de Vichy qui, en 1942 aura pourvu en Juifs les camps d’extermination nazis, les millions de victimes des purges staliniennes ; Prague plongée dans les ténèbres, l’impitoyable indifférence des dirigeants soviétiques à l’égard des Droits de l’Homme ; ou bien encore –à titre de souvenir personnel- les crânes rasés des femmes qui avaient "collaboré sexuellement" avec les soldats allemands et qu'on avait fait défiler toutes nues dans les rues de France après la libération.»