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4.25/5 (sur 24 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Fürth , le 08/12/1945
Biographie :

Natascha Wodin est une écrivaine allemande d'origine ukrainienne.

Fille de travailleurs ukrainiens déportés en 1944 en Allemagne pour y travailler, elle est née et a grandi dans un camp pour personnes déplacées. Après le suicide de sa mère, elle a été élevée dans un foyer catholique pour filles.

Elle a travaillé comme téléphoniste et sténographe avant de devenir interprète et traductrice de russe au début des années 1970.

Natascha Wodin a été mariée avec le poète et romancier Wolfgang Hilbig (1941-2007).

Source : Wikipédia
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Bibliographie de Natascha Wodin   (2)Voir plus

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Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
La pénurie catastrophique de logements en Russie n'avait jamais disparu, elle maintenait souvent les gens emprisonnés toute leur vie dans un espace très confiné avec l'ensemble de la tribu familiale et en avait poussé plus d'un vers la folie. Même Mikhaïl Boulgakov, dans son roman "Le Maitre et Marguerite", fait dire à Satan que les Moscovites sont des gens comme les autres, ni mieux ni pire, mais que le manque de logements a causé leur dépravation.
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On est en 1932, c'est le début de la famine biblique connue sous le nom d'Holodomor. Récemment encore, l'Ukraine avec sa terre noire et fertile, était considérée comme le grenier à blé de l'Europe, elle devient une morgue. Holod est le mot ukrainien pour la faim, mor vient de moritj - user, torturer. La plus grande expérience de collectivisation de Staline, qui entrera plus tard dans l'histoire comme le génocide du peuple ukrainien.

Bien que ce soit la période des semailles, personne ne travaille dans les champs, tout est laissé en friche. L'expropriation des paysans a détruit toute l'agriculture ukrainienne. Les paysans chassés de leurs fermes errent sans but, dorment sur la terre mouillée, la plupart du temps des femmes avec leurs enfants décharnés, malades. Les hommes qui ont refusé de sacrifier leur propriété à la collectivisation et d'entrer dans un kolkhoze ont été déportés dans des camps ou tués. La faim a décimé des contrées entières. Il n'y a plus personne pour enterrer les morts. Ils se décomposent sur place. C'est le règle de la folie et du cannibalisme.
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Bien que la Russie ait émergé au Moyen-Âge de l'Ukraine, de Kiev la russe, qu'on appelait le berceau de la Russie, la mère de toutes les villes russes, mes parents eux aussi parlaient de l'Ukraine comme si elle faisait partie de la Russie - le plus grand pays du monde, disait mon père, un vase empire qui s'étend de l'Alaska à la Pologne et occupe un sixième de la surface de la terre. L'Allemagne en comparaison n'était qu'une petite tache sur la carte.
La langue ukrainienne pour moi était le russe, et quand j'imaginais ma mère dans son ancienne vie à Marioupol, je la voyais toujours dans la neige russe (.....) J'ai appris que c'était une ville au climat remarquablement doux, une ville portuaire sur la mer d'Azov, la mer la plus plate et la plus chaude du monde. Il était question de longues et larges plages de sable, de vignobles et de champs de tournesols infinis.
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Au soleil, ses yeux étaient verts, maintenant ils avaient pris la couleur foncée du sucre candi. L'odeur de sa peau me rappelait une sensation de mon enfance. Je ne savais pas laquelle. Le malt, peut-être, ou la levure. Une saveur de terre entre les dents, un parfum d'humus. Une moitié de moi ravagée par la peur sauvage de cet étranger, de ce colosse, l'autre qui se sentait si bien avec lui, ayant retrouvé le chemin d'une chaleur perdue, d'un instinct oublié. Quelquefois son visage me paraissait complètement familier, presque fait de ma propre substance, ou comme si je l'avais déjà vu en rêve, il y avait très longtemps, je ne savais plus quand.
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On peut mobiliser ses forces contre son propre amour, le bannir, l'extraire de soi, l'étrangler, le projeter sur un autre objet, compenser en se caparaçonnant, mais comment se battre contre l'amour qui vous est porté, contre le fait d'être aimé ? Cet amour là est inéluctable, incontournable, vous désarme, vous poursuit sans relâche, toujours. Toi pour l'éternité, dit L, toi ou la mort, et nous savons ce qui est embusqué derrière cet amour à la vie à la mort. Derrière cet amour-là, il y a la haine ! Ce sont les dernières paroles d'Orphée avant qu'Eurydice ne le tue. Mais comment les rôles sont-ils répartis dans notre pièce à nous ? Qui est Orphée et surtout qui est Eurydice ?
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Si j'ai tapé le nom de ma mère dans le moteur de recherche de l'internet russe, c'était un peu par jeu. Au fil des décennies, j'avais essayé à maintes reprises de retrouver sa trace, j'avais écrit à la Croix-Rouge et à d'autres services d'investigation, à des archives et à des instituts de recherche compétents, à des personnes en Ukraine et à Moscou qui m'étaient complètement étrangères, j'avais consulté des listes de victimes et des fichiers jaunis, mais je n'avais jamais réussi à trouver la moindre trace de sa vie en Ukraine, de son existence avant ma naissance.
(incipit)
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Dehors, les feuilles se détachent des branches, avec un léger craquement, semblable à de la porcelaine fine. Le bruit m'en parvient par la fenêtre fermée. Je les entends arriver sur le sol, s'ajouter aux autres, avec un léger soupir. Quelque chose gratte, sautille sur le toit. Une branche qui tape, un chat, un écureuil. Dans la pièce voisine, le réfrigérateur se met à bourdonner. Et les craquements, les crépitements du bois partout dans la maison, le chuchotement nocturne des poutres, des lames et des jointures du parquet. Je recueille les bruits comme si je devais collecter les indices de mon fiasco. La maison n'a d'existence qu'acoustique.
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Plus j'avançais dans mes recherches, plus je rencontrais des monstruosités dont personne ne semblait avoir entendu parler auparavant. Je n'étais pas la seule qui ignorais tant de choses, parmi mes amis allemands que je tenais pour des gens éclairés et disposant d'une bonne culture historique, personne ne savait combien il y avait eu de camps nazis autrefois sur le territoire du Reich allemand. Certains parlaient de 20, d'autres de 200, certains estimaient qu'il y en avait eu 2000. D'après une étude du Holocaust Memorial Museum à Washington, leur nombre s'élevait à 42 500, sans compter les camps de petite et de moyenne importance. 30 000 d'entre eux étaient des camps de travailleurs forcés.
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" Ils ne cessent de vivre, ceux dont on parle. "

(page 9).
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Le temps s'est arrêté dans un roman russe du siècle dernier. Nulle part, dans ce pays, je n'ai perçu avec autant d'acuité qu'en cet endroit précis la rencontre du passé et du présent, cet étrange mélange de temps et de monde apparemment incompatibles.
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