Tu feras les choses comme tu l'entends, et personne n'aura rien à te dire. Avec le temps, tu comprendras que l'avis des autres importe peu.
Une maman... Une maman, c'est la personne la plus importante dans la vie. C'est grâce à elle qu'on est là. C'est comme le soleil, mais gentil, pas brûlant. Elle nous aide, nous réconforte, et lorsqu'elle est là, avec nous, tout va mieux.
Il avait l'impression qu'une partie de l'âme du désert manquait ici : celle de la liberté qu'avait la terre de se plisser et de se déformer au gré de ses envies et du vent. Puis, il aperçut des tas d'ordures qui étouffaient des buissons et il comprit que dans ces lieux, la nature n'avait pas voix au chapitre. Seul l'Homme comptait. Et les paroles de l'être humain étaient mortifères, arrogantes. Elles ne laissaient aucune chance aux murmures des plantes.
Et me voilà, ce matin, devant cette feuille. Aya avait raison, écrire vide l'esprit. C'est comme pleurer.
Des volutes de sable dansaient telles des arabesques joyeuses autour de Djibril. Bientôt elles se détendirent pour former un chemin scintillant de rêves et d'émotions. Une mer de tristesse bordait la sente dorée. Des silhouettes familières y flottaient. Au loin, une voile blanche claquait. Des rires épars, arrachés au passé, constituaient autant de fragments, de sensations, de souvenirs aux couleurs chatoyantes. (...)
Seules restèrent les émotions. Seuls restèrent les souvenirs.
Les gens ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas. S'ils pensent qu'un oiseau doit nager et non voler, ils seront persuadés de mieux savoir que l'oiseau lui-même.
Ils marchèrent pendant plusieurs heures. Le robot avançait mécaniquement et le garçon le suivait. La razawak avait rechigné au début mais s'était finalement faite au rythme. Aucun mot ne fut échangé pendant tout le trajet. Le robot ne semblait pas programmé pour entamer la conversation. Quant à Djibril, il était trop occupé à échafauder de multiples plans de sauvetage de sa famille. Tantôt, il assaillait vaillamment la cité des Hommes de la côte, chevauchant Pioche et maniait une épée dorée, tantôt il s'y infiltrait discrètement, véritable ombre des sables. Il pouvait entendre la voix d'Idriss lui conseiller telle ou telle chose, mais s'y mêlait toujours celle de sa mère, lui conjurant d'être prudent. Il ne savait plus qui écouter et cessa finalement d'y réfléchir.
le désert présentait une morne richesse de paysages tous plus minéraux les uns que les autres. Des colonnes de pierre brune s'élevaient sur le chemin. Le vent avait cessé de souffler et plus un seul bruit ne résonnait dans l'immensité qui s'offrait aux voyageurs.
Tu es grand, tu as le droit de connaître la vraie histoire, Djibril, car celle que tu m'as racontée n'est pas tout à fait exacte. C'est bien vrai qu'avant, le désert n'existait pas. Ou plutôt, il était moins présent. L'acheb le recouvrait en grande partie. À cette époque, il y avait trois grands peuples : les Aquoris vivaient sur la côte, de pêche et de commerce. Les Arenoïs occupaient la plus grande partie et se nourrissaient de l'acheb, qui faisait leur prospérité. Les derniers étaient les Ardésians. Ils vivaient sous la terre, dans un endroit appelé Hypostegnos, une sorte de planète dans la planète, comme un cœur flottant. On raconte que la vie y était fraîche et joyeuse : le soleil n'y agressait pas la peau et aucun prédateur dangereux n'y vivait. Les racines de l'acheb nourrissaient Hypostegnos et formaient à la surface des portes permettant d'y accéder, gardées par les chevaliers de l'acheb. Aujourd'hui, ces passages se sont refermés car l'acheb a pratiquement disparu. Il n'a plus assez de force pour les rouvrir. Les Ardésians avaient pour habitude de les traverser une fois par mois pour commercer et ainsi récupérer des aliments qui ne se trouvaient pas dans les souterrains. (...) Le peuple du sable, les Arenoïs (...) avaient également leurs propres rêves et se préoccupèrent moins de l'acheb. Les Aquoris n'avaient jamais été très proches de la nature, mais leur lien se distendit encore plus au fil du temps : ils préférèrent leurs machines aux autres peuples. Enfin, les Ardésians, du fait de leur lien privilégié à Hypostegnos et l'acheb, avaient fini par se considérer comme supérieurs. Les dissensions gagnèrent les peuples et, peu à peu, les enfants disparurent, l'acheb tel qu'on le connaissait avec eux. Les habitants d'Hypostegnos n'eurent d'autre choix que de remonter à la surface. Avec la disparition de l'acheb, leurs moyens de subsistance décrurent. C'était une tragédie pour les deux peuples : les Arenoïs furent contraints au nomadisme, ne vivant que pour profiter des rares averses naturelles. Les Ardésians perdirent l'entrée de leur monde d'origine. Chaque peuple rejeta la faute sur l'autre sans parvenir à reconnaître sa part de responsabilité. Les Aquoris quant à eux ne se mêlèrent pas à ces querelles. pg 165-166
Sinah ferma doucement les yeux pour sentir la caresse du vent. Enfin. Les mots étaient prononcés, la vérité révélée. Elle savait que Djibril n'avait pas besoin qu'on lui explique pendant des heures ce que ce récit signifiait. Il avait beau être jeune, il n'était pas stupide. Ce qu'elle redoutait néanmoins, c'était l'effet que cette nouvelle allait avoir sur le garçon. pg 167
Les gens peuvent penser ce qu'ils veulent, ils ne pourront jamais me blesser autant que moi lorsque j'agis comme celui que je ne suis pas.