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3.15/5 (sur 10 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Olivier Rasimi est musicien de rock, grand amateur de Saint Augustin et d’Iggy Pop. "Le Silence de la chair", paru en 2014, est son premier roman.


Source : Salon du livre de Paris
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Olivier Rasimi - Le silence de la chair


Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Stanislas aime Bébé d'un amour tendre et tragique. D'un amour de petits gestes quotidiens, de regards froissés, de courtes flâneries dans le parc à la recherche d'herbes communes. Enfant, il avait dormi sur des paillasses de chambres étroites, s'était lavé dans des cuvettes d'eau glacée, régalé plus de pain que de gibier. Devenu roi de Pologne, il avait dû laisser sa femme et ses deux filles fuir seules leur château de Poznan sous le feu des cosaques russes, et sa petite Marie de quatre ans trouver refuge dans le pétrin d'un boulanger, terrorisée pendant des heures, le souffle court d'être attrapée. Qu'elle soit désormais reine de France ne le console qu'à moitié de cette épreuve. Et moins encore d'avoir perdu sa première-née, Anna, en quelques jours, au seuil de sa dix-huitième année. Rien ne peut consoler de cela, ni la gloire, ni les trônes. la balance penche toujours de ce côté de l'âme alourdie de mémoire, et si Bébé en rétablit avec bonheur l'équilibre, ce n'est que le temps d'une facétie, d'un rire. Stanislas a appris à n'espérer rien, ni à désespérer sur rien, tout au plus met-il son application non pas tant à réussir qu'à se tenir également content de ne pas réussir. Bébé l'y aide, à sa façon d'être insouciant de ce qui compte, et soucieux de vétilles, faisant un drame d'un rien et d'un drame rien. Sa compagnie l'enchante, pareille à ces fleurs qui poussent sur les talus : modestes et sans parfum, vous les préférez soudain aux rosiers odorants, pour leur fragilité et leur solitude. Elles parlent à votre coeur en se livrant au monde dans le même temps qu'elles s'en échappent. C'est folie que de ne vivre qu'un jour ou deux, mais cela rend un peu plus sage, un peu moins malheureux. Les cueillir du regard suffit à votre bonheur. (p. 164 - 165)
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Elle ne tremblait plus, mais dans ses yeux il vit pourtant cette tristesse immense des bêtes, cette tristesse qui ne remonte jamais pour déborder en larmes ou en cris, ou très rarement, mais les emplit aussi sûrement que le sang coule dans leurs veines.
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Il se rappelait combien cela avait été facile de refermer la grille de la cage, de ne pas s'étonner du claquement de la serrure, de descendre les trois marches, de passer par le cellier, de prendre le couloir, de s'arrêter à cet instant où, au loin, elle avait poussé ce cri déchirant, de déverrouiller la porte d'entrée du laboratoire. Combien cela avait été facile de serrer les mâchoires, de sentir sa gorge brûler, d'avancer dans l'allée du grand jardin et de franchir les grilles. Combien cela avait été facile de ne pas se retourner, et, les mains dans les poches, de traverser la Seine au lieu de s'y jeter.
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Mais il y avait plus encore. Sheena aurait pu se contenter de soigner le moineau, de le caresser, de jouer avec lui et de le laisser ensuite. Pourtant elle avait trouvé bon de faire de grands efforts pour le sortir de la cage. Et c'est ce geste, qui soulignait amèrement combien la jeune guenon avait la conscience de sa captivité, qui émouvait le plus Jeanne. Peut-être cette conscience ne s'était-elle révélée à Sheena qu'à cette occasion et, contrairement à un être humain dont la mémoire, tissée de temps, est à la fois lieu de douleur et de joie, cela constituait-il uniquement une réaction ponctuelle à un événement, une sorte de stimulus qui avait fait jaillir cet instant de conscience dont elle ne garderait pas le souvenir, et qui par conséquent ne pouvait se transformer en une abstraction, un concept, celui en l’occurrence de liberté qui, maintenu mentalement à un degré supérieur, l'aurait conduite au désir de s'échapper de sa cage et à la souffrance de ne pouvoir y réussir. Cette étincelle de conscience ne déclencherait aucun incendie. Les animaux jamais ne se révoltent. Il avait fallu des millions d'années pour que couve le feu de l'esprit, qu'il se répande dans l'âme des hominidés. Les grands singes en étaient dépourvus, seules quelques flammes courtes les illuminaient parfois, comme celles que Sheena venait d'éprouver, par contagion peut-être ou proximité avec les humains. Mes les hommes pouvaient-ils prétendre à une connaissance absolue ? De la bactérie à Dieu le chemin était long. Et existait-il même un chemin ? L'esprit n'avait pas de limite. Sheena, à sa façon, venait de le démontrer, un moineau dans la main.
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p. 158 :
« Comment tenir un homme à distance quand il n'y a plus de distance qui tienne ? Comment détourner les yeux quand dans les siens c'est du sérieux qui l'ombre, et quelque chose d'autre, de plus grave encore, de la peur peut-être, à moins que ce soit la tienne qui se reflète. En un rien de temps te voilà nue sous son regard. Nue sans une pensée en tête. Elles t'ont quittée en même temps que tes vêtements, tes pensées, Sauf la peur. Sans elles tu n'existerais plus, tu ne glisserais pas entre les draps, tu n'attirerais pas l'homme à toi pour qu'il te couvre de son poids, te pénètre, t'appartienne. Sans elles, tu en oublierais presque de crier, habitée de lui, de son souffle, de sa force, de son plaisir. Le tien, tu le lui donnes sans le prendre, à boire, à s'enivrer, comme on offre sa bouche, son ventre, ses seins, pour rien, en cadeau. Cela s'épanouit et enfle, n'emporte pas encore, creuse, enveloppe, tue. »
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p. 38 :
« Le cinéma, c'est de la lumière au travers d'une pellicule qui défile dans un appareil de projection. Maman te l'a expliqué, vingt-quatre images à la seconde projetées sur un écran blanc. Rien n'existe réellement, même si tout est vrai, les visages, les rues, les paysages, les maisons. Un orage éclate, un personnage tire au pistolet, on sursaute, mais l'écran n'est ni mouillé ni transpercé. Les acteurs vivent leur vie comme si vous n'étiez pas là, ils sont d'une beauté à couper le souffle, les Américains surtout, et leurs femmes plus encore, vêtues d’habits précieux, de manteaux de fourrure, de bijoux, le regard brillant. Lorsqu'ils s'embrassent, maman te met la main sur les yeux, mais tu vois quand même entre ses doigts. On rit, on pleure, on s'émerveille, on a le cœur qui bat, et c'est fini. »
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p. 61 :
« C'est très dur de s'empêcher de pleurer, cela tend tous les muscles du corps, du visage, tout l'amour comprimé en soi. On se retrouve ainsi comme un paquet ficelé dans la détresse. On ne peut plus parler, ni sourire, impossible, même pour répondre au sourire de maman. »
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Zem se retournant vit que les bêtes avaient disparu. Il poursuivit sa route malgré cela, c'est à dire qu'il demeura immobile tandis que la route avançait sous lui.
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Certaines flaques d'eau sont si profondes dans les jardins publics qu'on pourrait y noyer des poissons rouges.
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