Premièrement, il faut comprendre que la mathématique est un art. La différence entre la mathématique et d’autres arts, la musique et la peinture par exemple, c’est que notre culture ne la reconnaît pas comme tel. Tout le monde s’accorde à dire que les poètes, les peintres ou les musiciens créent des œuvres d’art et s’expriment à travers des mots, des images ou des sons. En fait, notre société est plutôt généreuse quand il s’agit de parler d’expression artistique : les architectes, les cuisiniers et même les réalisateurs de télévision sont considérés comme des artistes. Alors, pourquoi pas les mathématiciens ?
Mais si votre professeur de maths vous donne l'impression, volontairement ou pas, que les mathématiques sont une suite de formules, de définitions et d'algorithmes à mémoriser, qui vous remettra sur le droit chemin?
Ce problème culturel est un cercle vicieux : les élèves tiennent les maths de leurs professeurs, qui eux-même les ont apprises des leurs. Ce manque de compréhension et d'appréciation de la mathématique dans notre culture se reproduit dès lors à l'infini. Pire, la perpétuation de cette "pseudo-mathématique", l'accent mis sur la manipulation aussi précise que déraisonnée de symboles, crée sa propre culture et son propre ensemble de valeurs. Ceux qui en sont devenus les adeptes tirent une grande estime de leur succès. La dernière chose qu'ils veulent entendre, c'est que les maths relèvent vraiment de la créativité et de la sensibilité esthétique à l'état pur. De nombreux diplômés ont découvert l'effroi, après des années à s'entendre dire qu'ils ont "bons en maths", qu'ils n'ont aucun talent mathématique et qu'ils sont tout juste bons à suivre des instructions. En mathématique, il ne s'agit pas de suivre des directives, mais de créer de nouvelles directions.