Cinéma
Les improvisations musicales sont interprétées par Gérard PARMENTIER au piano.
Emission publique présentée par François Régis BASTIDE consacrée au
cinéma, avec les critiques
Georges CHARENSOL, Françoise MAUPIN,
Michel CIMENT,
Robert BENAYOUN et
Odile GRAND qui parlent de :
- la parution de "L'Encyclopédie du
cinéma" de
Roger Boussinot : (8')
- à 8'50", invitée de...
Mets-toi bien ça dans la tête, Ted : depuis le haut Moyen-Âge, y aura pas eu un siècle plus arriéré mentalement que le XXe siècle ! La superstition, l'obscurantisme, la chasse aux sorcières, la violence aveugle, le déchainement des instincts, la boucherie patriotique, la loi du plus fort... c'est ça, le XXe siècle !
Et moi, là-dedans, […] au gré d’un monstrueux hasard, le miracle qui ne s’est pas encore manifesté, la main qui ne s’est pas encore tendue. J’ai le pouvoir d’arracher un être humain au cauchemar, sinon de lui rendre la vie, d’interrompre au moins son agonie. Je suis celui qui peut bloquer le déclic, mettre le cran de sûreté, ne serait-ce que jusqu’à demain : celui qui peut en sauver au moins un, comme a dit Favard, dérisoire et pourtant quelle victoire !
"Vous savez, dis-je - et je ne souris plus, ma gorge est serrée - qu'ils arrêtent tous les Juifs, même les femmes, les enfants..."
Eh bien oui, je me l'avouais : qu'elle s'en aille maintenant où elle voudra, qu'elle me laisse. J'en ai marre. Marre d'elle. Marre de décider, de marcher, de discuter, d'avoir peur. Marre de la chaleur, de la police, de me trouver encore à Paris, de n'être pas à l'aise dans ma peau. Marre des Juifs ...
N'oubliez pas combien nous étions jeunes.
Chaque regard porté sur eux, même innocemment comme les miens, et qui les identifiait comme Juifs, les poignardait; chaque fois qu'ils lisaient le mot juif sur les murs, dans le journal, ils mouraient un peu plus: on les a lentement égorgés, leur sang a coulé goutte à goutte.
La démarche est très simple. Avec un enfant, ce serait plus compliqué : un enfant ne suit pas n'importe qui, à moins qu'il n'ait conscience du danger réel. Je commencerais alors par : "Ecoute, petit ...", mais je n'ai aucune chance s'il n'a pas au moins une dizaine d'années.
C'est aussi ce qui m'a toujours fait vomir chez les Américains, sauf pendant la guerre : chez eux, plus la tare est importante, c'est-à-dire plus l'argent d'un homme pèse lourd à côté de lui sur le plateau de la balance, plus il est important. Or la vérité c'est l'inverse : plus il faut d'argent à un homme pour faire le poids, plus l'homme est petit... Parce que tout le monde oublie, ou personne ne veut savoir, qu'il y a un autre plateau de la balance, et que sur l'autre plateau qu'est-ce qu'on trouve ? L'homme véritable, qui n'a besoin d'aucune tare pour faire son poids. C'est-à-dire soi-même, quand chacun de nous se mesure à son propre poids spécifique, ce qui est la seule façon de savoir ce que nous valons !...
Il ne fut jamais aussi heureux qu'en été dans la montagne, quatre mois d'errance avec le troupeau dans la plus totale solitude, l'âme légère comme l'air qu'il y respirait, jusqu'à l'âge où ses jambes commencèrent à le faire souffrir.
Mon inséparable compagnon de voyage... mon petit livre rouge... d'ailleurs, mon exemplaire a déjà une sale tête (bobine, margoulette, tronche, binette, trogne, trombine, gueule...) au choix, à cause que je le trimbale partout !
Même après cinq à six heures de rafle, personne ne semble en voir la gravité, ni en être véritablement ému.
Pourtant ce cri rauque résonne encore dans ma tête. Dans les leurs aussi, c'est certain.