AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Bibliographie de Serge MARIN-PACHE   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
- C’est que ses notes ont chuté. Nous voulions vous en parler, pour comprendre. Un si bon élève…
- Laissez-lui du temps.
- Nous oui, mais pas l’académie. Les notes sont les notes.
- Les notes … C’est vous qui les mettez. Alors mettez des bonnes.
- Mais s’il n’a pas réussi les exercices.
- On s’en balance. Il passe une sale période, c’est tout. Si l’académie ne peut pas attendre, mettez des notes truquées en attendant.
- Nous ne pouvons pas nous permettre.
- Et pourquoi pas ?
- Ce n’est pas autorisé.
- Donc, si je résume : mon fils traverse une période difficile. Vous savez tous qu’il est un bon élève, mais vous ne voulez pas l’aider. Il se retrouvera avec des mauvaises notes simplement peut-être pendant six mois dans toute sa vie, mais à cause de cela, l’académie le recalera là où vous parquez les cancres alors que vous et moi savons qu’il n’en est pas un. C'est bien ça ?
- Il faut qu’il réagisse.
- Facile pour vous.
- Difficile pour lui peut-être, mais c’est la vie.
- Une vie que vous détruisez simplement parce que vous ne voulez pas juste tripoter ses dernières notes.
- Il faut bien comprendre, madame, que si nous commençons à agir de la sorte…
- Vous sauverez un môme en difficulté passagère. N’est-ce pas aussi votre rôle ?
- C’est injuste par rapport aux autres élèves.
- C’est juste par rapport à mon fils.
- Cela va à l’encontre de notre morale. C’est la porte ouverte à n’importe quoi.
- C’est pourtant par cette porte que vous voulez mettre mon fils dehors. C’est n’importe quoi.
- Nous ne le mettons pas à la porte.
- Mais vous lui fermez les autres.
Commenter  J’apprécie          00
Mais aujourd'hui, il est réveillé ! Le premier, le numéro un, la médaille d'or, la haute marche, le bureau du dernier étage. Sirène au village. Clairon au champ. Peut-être que quelqu’un, ici-bas, le remarque. Lui, l’insignifiant, sera le premier à voir cette autre vie ! Ce n’est pas tous les jours que l’on vit la naissance d’un monde. Enfin. Il lui aura fallu attendre toute sa vie pour vivre celle-ci. Quelle bonne idée que ce départ ! Le voici déjà autre homme, autre esprit, autre corps. Il se dit qu’il ne sera plus jamais comme avant. Sa vie commence enfin. Comme il l’a si souvent rêvé, star parmi les stars, étoile montante vers la gloire assurée, gravé dans la mémoire. Il regarde au-dehors et voit le miracle. Il est si heureux, si enthousiaste qu’il parle tout haut, jetant à la face du monde sa découverte :
- Mais que c’est beau !
Et comme un fou jouissant de sa liberté abondante, il se répond à lui-même.
- Oh oui, que c’est beau.
- C’est si beau !
- Regarde ! Comme c’est beau…
Sans doute que les neurones sont encore mous de leur trop forte sieste. Rien d’autre ne peut sortir de sa bouche tant rien d’autre n’entre dans ses yeux. Personne ne l’écoute, personne ne l’entend. Sa voix traverse la carlingue, rebondit sur les murs en aluminium, scintille sur les hublots, ricoche sur le sol froid et glisse sans retenue sur les corps endormis. L’écho répond et il répond à l’écho. Un dialogue de schizophrènes s’engage.
- Que c’est beau !
Commenter  J’apprécie          00
Pas de bagage à emporter, même pas les souvenirs, surtout pas les souvenirs. Juste ce petit ticket à poinçonner pour le départ. De toutes les façons, un départ est toujours rapide, abrupt même. Il est là et hop, il n’est plus là. Qu’au-devant, ce soit la fin ou la continuité, un départ, pour ceux qui restent, est toujours un vide, brutal. Que cela soit en bateau, en train, en fusée ou même à pied, voire en reculant, une partance est une partance. C’est simple. L’instant d’avant s’efface toujours devant l’instant présent qui ne laisse que du vide à celui d’après.
Alors qu’une arrivée est toujours longue. Qu’elle vienne en trombe ou en rampant ou même à jamais, elle est toujours présente. Que nous n’attendions rien ou le Messie, l’arrivée ne finit jamais d’arriver. C’est l’instant d’après qui efface celui d’avant.
Alors, pour faire simple, il pense planter sa vie, là, et disparaître. Sinon cela sera long, douloureux, et il ne veut pas de ça. Les adieux ne retardent en rien un départ. Pire, ils le mettraient, lui, en retard. Obligé de courir sur le quai, riper sur du mouillé, fourcher un bagage laissé par mégarde (ou par malice) par un autre retardataire. Voilà l'échec et un départ raté est aussi moche qu’une arrivée manquée.
Commenter  J’apprécie          00
- Les hommes beaux partent toujours les premiers.
- Ah bon ? Vous tenez cela d’où ?
- D’une évidence.
- C’est vrai qu’il est de plus en plus rare de croiser un homme séduisant. À croire qu’ils disparaissent tous là-bas pour ne nous laisser que des laids ici.
- Remarquez, ce n’est pas avec des freluquets que l’on va repeupler. Mieux vaut y envoyer de vrais mâles.
- Mais de là à ne garder que les faux ici.
- Pas à ce point tout de même.
- Même qu’il parait qu'ici nous manquons d’enfants.
- Mais ils disent pourtant que la Terre n'a plus assez de place. Ce n’est à rien y comprendre.
(…)
- Même en manque d’argent, abandonner la Terre n’est pas justifiable surtout quand on y laisse sa famille. Un homme seul ou des enfants bien grands, d’accord, mais là…
- Dure décision. Déséquilibré qu'il devait être. Il ne faut vraiment pas être bien dans sa peau.
- Il faut dire en effet qu’il est rare de pouvoir en changer si elle ne nous plaît pas.
- Changer… ?
- De peau.
- Je voulais dire qu’il n’était pas à son aise.
- Ah… d'accord.
C’est tout de même extraordinaire comment les médisances peuvent avancer plus vite que le temps. Cela relève de la physique quantique ou de la magie. Ce qui revient au même.
Commenter  J’apprécie          00
Le cyprin doré peut bien être passionnant pour les passionnés, mais, pour les autres, il n’est qu’un stupide poisson rouge à tourner dans son bocal. Sa mémoire est si limitée qu’il découvre un autre monde à chaque tour. Il parait même que si le bocal était carré, il se cognerait sans cesse le nez aux coins. Même de la douleur, il ne s’en souviendrait pas. Serait-ce cela le bonheur ? Ne jamais se souvenir. Se libérer de la mémoire. Il suffirait donc de couper le cordon et éviter toute commémoration. Laisser le malheur là où il est pour ne plus être triste.
Et de tristesse, notre homme en est gavé au point, même, de la vomir sur les autres tant ces autres semblent l'éviter. Ainsi, déprimé, cet homme-là regarde l’imbécile poisson dessiner des ronds. Il estime qu’il pourrait rajouter, au moins, un peu de sel pour donner du goût à sa vie si fade. Le poisson continue de tourner, dans le même sens, à la même profondeur, à la même vitesse. Alors l’homme file à la cuisine, revient avec la salière et verse le contenu dans l’eau.
Et le poisson meurt.
Commenter  J’apprécie          00
Il existe des nuits blanches où il est impossible de dormir. Existe-t-il des jours si sombres à ne pas vous réveiller ? C’est, pourtant, résumé rapidement, ce que vit madame. Le jour, elle avance comme un somnambule, bras devant pour parer un nouvel obstacle. La nuit, elle revit ce qui s’est passé le jour et espère ne pas vivre la même chose le jour suivant.
Cette nuit-là encore, madame ne ferme pas l’œil. Alors elle se lève, enfin, presque, puisqu'il semble plutôt qu'elle rampe. Elle traine ses pieds, tracte son corps. Dans le salon, elle regarde à travers la baie vitrée la voûte céleste si noire. Elle se souvient de cet homme, elle s’imagine cette femme. Ils avaient été, ils ne sont plus. Individuellement, la vie continue, mais leur couple est mort, bien mort. Elle ici. Lui, là-bas. Ils n’ont pas vraiment divorcé. Il est à Dieu sans qu'elle n'ait pu lui dire adieu. Il est dans le ciel, comme une âme de défunt. Elle, elle est là, restée avec les autres et peut-être même que Lucifer est parmi eux tant elle vit un enfer.
Commenter  J’apprécie          00
De son côté, madame la divorcée, enfin presque, mais avec un mari disparu, enfin tout comme, mais pas veuve pour autant, commence une nouvelle vie. Elle a rencontré ce type. Elle se laisse aller. Cela soulage. Lui souhaite aller plus loin, mais elle, elle ne veut pas de ce lointain-là. Trop loin, cela lui rappelle son mari. Elle aimerait un peu plus proche, mais pas autant que du rapprochement. C’est difficile à expliquer. C’est difficile à trouver. C’est bien pour cela qu’elle est si perdue. Il faudrait la bonne distance. Un espace suffisant. Mais pas trop tout de même. Bref, elle ne sait pas au fond. Au fond de quoi ? De son malheur. Alors comment lui expliquer à lui, l’amant ? Et toujours cette sensation étrange de tromper. Comme si l’autre, oui l’autre, n’était pas si loin. Décidément, tout est si bancal. Comme si quelque chose lui disait qu’il n’était pas parti aussi loin que cela. Il parait que les morts, les vrais, peuvent nous voir alors que dire des faux, les « moins morts » ?
Commenter  J’apprécie          00
Le plus important, partir vite, comme lui. Mais pas tout aussi rapidement. Il lui faut avertir les enfants, préparer un peu plus que lui son départ. Elle n'est pas lâche, elle. Voir l'école, le garagiste, le banquier. Ne pas laisser celles et ceux qu’elle aime dans la misère noire de l’abandon, mais dans la joie claire de la nouvelle vie.
Elle imagine alors se retrouver là-bas, comme quarante ans plus tôt. Quarante de moins. Ferait-elle la même chose ? Oui, mais en bien mieux. Ça, c’est une vraie nouvelle vie. Faire mieux. Pas différemment où les erreurs les remords sont possibles, mais avec du meilleur, du net, du parfait et sans ne plus subir, mais, comme disent les modernes, être proactive.
Commenter  J’apprécie          00
Encore une nouvelle fusée. D'ici, elle semble si petite. Comment imaginent-ils y contenir tout un monde, pense-t-elle ?
Il y en a presque tous les jours maintenant. Il paraît que là-bas, là-haut, tout est nouveau. Une nouvelle vie. Elle serait tentée. Mais les enfants... Aussi, elle est trop fatiguée. Aussi, il y a son travail. Aussi, elle ne peut tout de même pas planter sa vie ici. Aussi, elle aime tout de même bien cette Terre. Aussi, elle n’a pas encore l’âge même si ce n’est qu'une question de jours. Aussi, il y a son mari…
Si elle savait.
Si elle savait que dans cette lumière-ci, il y était aussi mais pas qu'en pensée.
Commenter  J’apprécie          00
- Il te manque ?
- Quand j’y pense.
- Et tu penses souvent à lui ?
- Je n’ai pas le temps de penser à lui, mais en même temps, si je n’ai pas le temps, c’est à cause de lui. C’est comme si je ne pense pas à lui mais ma vie, elle, y pense tous les jours.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Serge MARIN-PACHE (3)Voir plus

Quiz Voir plus

Noblesse rédige

La princesse de Clèves

Honoré de Balzac
Laure Murat
Madame de Lafayette
Saint-Simon
Choderlos de Laclos

10 questions
301 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..