Théâtre
Les improvisations musicales sont interprétées par Christian IVALDI au piano et au clavecin.
Guy DUMUR,
Matthieu GALEY,
Alfred SIMON et Gilles SANDIER parlent de :
- A 3'37" : hommage rendu à André BARSACQ, récemment disparu (2'17")
- "Toller", de
Tankred DORST, mis en scène par
Patrice CHEREAU (Théâtre de la Cité, Villeurbanne).
- "
Martin Luther et Thomas Munzer", de...
Toute grande poésie se nourrit de la douleur de vivre.
FERNANDO KRAPP M'A ÉCRIT CETTE LETTRE, Scène 5.
LE COMTE : Beaucoup de gens sont incapables d'aimer. Ils exigent l'amour. Comme s'il existait un droit à l'amour et à la fidélité sans limites. Un homme prend possession d'une beauté célèbre et la promène au bout d'une laisse : Regardez ma belle femme, regardez ma tigresse ! Voyez comme elle m'obéit ! Mais pour autant, ne croyez pas qu'il aime sa tigresse : simplement, ça lui plaît de la posséder.
Scène 5.
LE COMTE : J'aurais dû savoir qu'il existe des êtres qui, étant par eux-mêmes insensibles, éprouvent sans doute leur propre insensibilité comme un manque et, de ce fait, ressentent le besoin de tourmenter les autres, et même y prennent plaisir, afin que la douleur d'autrui réchauffe leur cœur froid.
Scène 5.
FERNANDO KRAPP : Quand on s'aime, moins on en parle et mieux ça vaut.
Scène 3.
FERNANDO KRAPP : L'amour ne s'exige pas ! Il y a des hommes qui l'exigent de leurs femmes, et les femmes acceptent cette exigence. Elles jouent à leur mari toute la comédie stupide qu'on attend traditionnellement d'une femme amoureuse : des intonations suaves, des regards profonds, des descriptions interminables et répétées de sentiments dont elles prétendent qu'ils sont parfois plus faibles — sans toutefois qu'ils disparaissent — et tantôt que soudain ils débordent… Soupirs ! Chuchotements ! Du bluff, tout ça ! Et leurs maris y croient, par-dessus le marché ! Du bluff ! L'amour ne se demande pas.
Scène 7.
Je n'ai pas été au bout de mes études. Je restais dans ma chambre glaciale, me couvrais du tapis et ne savais pas du tout que faire de ma vie.
( De la postface "l'auteur se présente") p.142
JULIA : C'est toi qui as tout manigancé avec lui ! (Elle lui jette la lettre à la figure.)
LE PÈRE : Je t'en prie, Julia, mon trésor, dis-moi ce que tu lui as répondu.
JULIA : Ah !
LE PÈRE : Je ne pense pas que tu lui aies répondu « ah ! ». Je sais bien les lettres que tu es capable d'écrire : bien tournées et pleines d'imagination !
JULIA : Je vais te dire ce que j'ai écrit à Fernando Krapp : « Monsieur, je comprends à votre lettre que vous m'avez achetée à mon père. Quel prix a-t-il demandé pour chaque livre de ma chair ? Quel tarif au kilo, pour la viande sur pied ? Est-ce que vous avez tout de suite été d'accord avec le prix exigé, ou avez-vous essayé de marchander ? J'imagine le visage de mon père, crispé par l'anxiété, sa lèvre qui tremble, et peut-être même une larme qui coule sur sa joue veinée de bleu… Simplement parce que vous hésitez à payer le prix demandé ! Mais vous savez que vous le tenez, le pauvre homme, il a tellement de dettes qu'il est obligé de vendre la marchandise à n'importe quel prix ! »
LE PÈRE : Mais tu plaisantes ! Tu plaisantes, Julia !
JULIA : « À moins qu'en m'observant vous n'ayez par hasard surpris chez moi un sourire qui vous aura paru valoir quelques billets de mille supplémentaires, qu'alors vous aurez allongés de bon gré. Je puis vous assurer, Monsieur, que j'ai les dents régulières, et de jolis lobes d'oreille, sans parler d'autres choses que les convenances interdisent d'exposer autrement que voilées. Mais si vous vous présentez au domicile de mon père, le vendeur, vous pourrez inspecter la marchandise avant de faire figurer dans le contrat la somme définitive. »
Scène 1.
"Mais un être humain est quelque chose de contradictoire, un amalgame de beaucoup d'idées et de sensations,et l'on ne peut pas dire lesquelles sont les plus importantes". Eiszeit ( Période glacière )pièce de théâtre ,
Tankred Dorst .
Postface "L'auteur se présente" p.144