Désormais, on ne vous tue pas, on vous débranche. La censure en un clic ! Mais ce n'est qu'un début, nous dit Thomas Clavel dans un premier roman lumineux, « Un traître mot ». Bientôt les nouveaux délinquants seront les délinquants textuels. Un grand livre... même plus d'anticipation.
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Sachez, Monsieur le pénitent, que le mot homme est doublement coupable, et pour l'éternité ! poursuivit le spécialiste. D'une part, il incarne à lui seul des siècles de domination patriarcale répugnante ! D'autre part, il désigne une identité sexuelle et refermée sur elle-même, cisgenre, binaire et nauséabonde !
Oui j'fais attention aux mots que j'emploie depuis que c'est arrivé! Avant les mots j'les utilisais comme ça, sans réfléchir, sans même m'en rendre compte, mais maintenant tu vois j'fais attention à c'que j'dis, peut-être que c'est ça leur objectif au fond, d'nous faire croire qu'on est coupables dès qu'on ouvre la bouche! Ah ça, pour nous faire croire qu'on est coupables, ils sont forts! D'la glu que c'est devenu les mots, d'la glu qui nous attrape comme des mouches!
La connaissance des mots interdits et autorisés (et non la maîtrise de la grammaire remisée dans le poussiéreux tiroir des compétences subalternes) était désormais considérée comme le coeur nucléaire des nouveaux programmes - et faisait l'objet d'une formation rigoureuse auprès des enseignants admis aux concours.
C'était un projet d'une ambition pharaonique: projet de détruire l'homme, de le faire ramper, de le changer en serpent en lui rendant sa propre langue - sa langue fourchue et venimeuse - presque odieuse à lui-même !