Si tu ne l’émiettes pas, il va essayer de l'avaler en entier et il faudra le dégager de sa gorge. Il est terriblement gourmand.
« Mes Dieux ! murmura-t-elle la bouche pleine. Tandri, essaye ! »
Tandri s'exécuta et prit une bouchée. Tout en mâchant, Viv pouvait sentir un changement tout autour de Tandri, un éclat sensuel, tandis que sa queue se mouvait à droite et à gauche en formant des boucles élégantes. Viv et le ratelin la regardaient mâcher, captivés. Quand la succube rouvrit les yeux, elle avait les pupilles dilatées, les joues rosies. Elle regardait, rêveuse, le ratelin.
« Tu es embauché. »
Le vieux nain replia son journal sous le bras, descendit et gratouilla le chat derrière l'une de ses énormes oreilles en passant.
« Ah, une brave petite ! Ça m'avait manqué de les voir.
_ Comment vous savez que c'est une fille ? » demanda Tandri.
Le nain haussa les épaules
« Une intuition ? Mais j'irai pas lui lever la queue pour vérifier.»
« Bien... J'imagine que vous n'êtes pas intéressée pour relancer l'écurie », s'avança-t-il.
Il était de notoriété publique que les chevaux n'appréciaient pas vraiment les orcs.
« Effectivement. Je vais ouvrir un café.
_ Pourquoi acheter une écurie pour ça ? »
Viv prit son temps pour répondre puis le fixa.
« Les choses ne sont pas obligées de rester ce qu'elles étaient en premier lieu. »
Elle plia le contrat et le rangea dans son sac.
Alors qu'elle partait, Ansom lui cria :
« Hé, au fait ! Au nom des huit enfers, c'est quoi un café ? »
Dans son expérience, la plupart des non-guerriers que Viv avait rencontrés marchaient sur des œufs en sa présence, comme s'ils craignaient de se prendre un coup qui ne viendrait pas. Elle appréciait la franchise de la succube. Cal était également direct à sa propre manière. Elle s'interrogea de nouveau sur la pierre d'écailleverte et sur ce qu'elle devait attirer à elle.
_ La citerne n'est pas une mauvaise idée. J'aurais dû y penser , comme je vais avoir besoin d'eau. Mais une cuisine ? Pourquoi j'en aurais besoin ?
_ Eh bien... s'excusa-t-il. Si tu t'aperçois que personne ne veut de tes grains à l'eau, au moins tu pourras les nourrir. »
La coupe empoisonnée précède la lame empoisonnée.
Elle se pencha un peu plus. Oui, c'était là, juste au-dessus de la narine. Toute en dents improbables et yeux innombrables, la tête de la bête était deux fois plus large qu'elle avec une mâchoire immense et, au milieu, le renflement de chair mentionné dans ses lectures.
Viv y enfonça les doigts pour l'ouvrir. Une pâle lueur dorée s'en échappa. Elle mit toute sa main dans la poche de chair, referma le poing sur une excroissance organique à facettes et tira. Elle la libéra dans un déchirement de fibres.
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Le mélange des odeurs entre la cannelle chaude, le café franchement moulu et la douceur de la cardamone lui montait à la tête. Et à mesure qu'elle préparait des boissons, les servait, souriait et papotait avec les clients, elle éprouvait une satisfaction de plus en plus profonde. Comme une
chaleur qui l'illuminait de l'intérieur. Elle n'avait jamais encore ressenti cela et elle l'appréciait.
C'était une brioche enroulée en spirale avec du sucre brun et de la cannelle entre les anneaux. Un glaçage crémeux et épais coulait sur les côtés.