L'Abbé Pierre Une vie pour les autres
[Dédicace à Hugo]
La première fois que j'ai vu papa, il pleurait. Mais il avait aussi un immense sourire. Il me regardait comme s'il me voyait pour la première fois. D'ailleurs, il me voyait pour la première fois.
La première fois que j'ai fait pipi, c’était sur papa.
La première fois que j'ai craché mon petit pot sur papa, il est devenu vert.
Non, Élisabeth ne savait pas tenir une maison. Elle pensait que les maisons se tenaient toutes seules et qu’il valait mieux courir de hors toute la journée et toute la nuit.
" Invite au moins Julie ta chérie !
Tu l'aimes bien, non, Julie, ta chérie."
Mouais, Émile réfléchit. Julie, sa chérie, c'est d'accord.
Mais, alors, il faut qu'elle vienne avec un cadeau.
Un beau cadeau.
Il faut, ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes accrochées sous une lumière, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe et où on lise, sous le titre "centre fraternel de dépannage, ces simples mots :
Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t'aime.
Charles a un prénom de vieux, une tête de vieux, des habits de vieux. Mais c’est pas un vieux. C’est un type de ma classe.
- Bon, on fait quoi aujourd'hui ?
Papa a bâillé et a répondu...
- Je sais pas, y a qu'à aller à l'école, tiens, c'est la rentrée... le ciel est dégagé.
Mouais. Julie sa chérie, c'est pas pareil. C'est pas une copine. C'est Julie sa chérie. Bon,. Si Julie est là, Emile veut bien y aller.
" Otto, Karl, allez chercher la petite Juive à la ferme de la Croix-Lucé ! Je la veux avant ce soir, a crié le major Schlumper."
Moi, quand je suis parti faire la guerre, je croyais pas que c'était contre les enfants.
(p. 33)
"Emile n'a que des très bonnes idées."
Avant de vivre sous les toits de Paris, Élisabeth dormait n'importe où. Par terre, sur l'herbe, sous les nuages, sur un banc, sur le sable, sous l'eau de pluie qui tombe au bord de la rivière, n'importe où, mais surtout pas dans un lit.