Il était pris d'une curieuse sensation. D'une intuition. Ne remonte pas. Va t-en tout de suite. Tu reviendras chercher le reste demain. Tant pis pour ton manteau. Et pour ton rasoir. Cours à ta voiture et pars. Tout de suite.
Non, ce serait absurde. Je n'ai plus qu'un trajet à faire, plus qu'à attraper mes dernières affaires et filer. Je ne peux pas sortir sans manteau par un temps pareil. Et j'ai besoin de mon rasoir. Je compte jusqu'à cent : je monte et je dois être redescendu avant d'être arrivé à cent. Il grimpa en courant, en fouettant l'air de sa canne d'épine, et en commençant à compter.
Il était à trente quand il arriva devant sa porte. Il entra, repoussa le battant d'un coup de pied, attrapa son veston et son pardessus, les enfila le plus vite possible. Quarante. Il passa à la salle de bain, empoigna encore quelques affaires, prit son rasoir et retourna sur ses pas. Il arriva devant sa porte à cinquante.
De nouveau, le chat heurta la porte en poussant un cri. Il saisit sa canne, ouvrit la porte. Le palier était aussi désert que la première fois. Et le petit "tap-tap-tap" avait recommencé.
Le Dr Edward Eddy, chirurgien du cerveau, était occupé à lire des rapports, assis au milieu de tout son attirail médical. Un alchimiste des temps modernes. Un chaman. Un voyant, un sorcier transistorisé entouré des accessoires typiques des médecins -- à savoir une série d'engins chromés destinés à endormir la méfiance du patient et à dissimuler l'infinie ignorance de la médecine.