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Lettre du chevalier Noeufville de Brunaubois-Montador de septembre 1738 à une marquise :
« Quelque admiration qu’on ait donné à tout ce dont je viens de vous entretenir, Madame ; il faut en redoubler à la vue des Pastels de M. La Tour. Il en a produit cinq. C’est la nature même pour la vérité de la ressemblance. (…)
De même que celui de Melle La Boissière, à laquelle il a su conserver toutes les grâces qu’on lui connaît, et qui, sans la rendre belle, lui donnent le triomphe sur la beauté. Son attitude est aisée, naturelle, et artistement négligée. Elle est appuyée sur une fenêtre, les mains passées dans un de ces petits manchons, que vous avez pris en déplaisance, mais avec lesquels vous vous réconcilierez en faveur de celui-ci. Rien n’est plus léger et plus spacieux que sa Touche. On voit, on sent, on croit aller toucher tout ce qu’il peint. C’est du velours, c’est une pelisse, c’est de la gaze ; il n’est pas possible que ce ne soit qu’une imposture de couleurs. »
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« Portrait de religieuse ». L’œuvre est entrée au Louvre comme représentant une religieuse carmélite. Elle offre cette manière si caractéristique de donner de l’intensité au regard et de peindre les chairs en posant sur un papier passé à la pierre ponce une couche de rose étalée à l’aide du doigt puis rehaussé sur les joues, sur le nez et sous la bouche de hachures d’un rose plus soutenu et d’un bleu clair. L’artiste a même joué de la réserve de papier sur le bout du nez pour y poser une touche de blanc accrochant la lumière et accentuant le volume.
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Eloge à Rosalba Carriera écrit dans le Mercure de France de février 1722 pour son pastel et morceau de réception "Nymphe de la suite d’Apollon" lors de son admission à l’Académie royale de peinture et sculpture à Paris le 26 octobre 1720.
" On peut dire en général que la Rosalba donne à tous ses sujets le caractère de son esprit, la vivacité de ses pensées et les grâces de ses expressions. Il faut convenir que cette Damoiselle a trouvé l’art de traiter ce genre de Peinture d’une manière où personne n’était arrivé avant elle, ce qui a fait dire aux plus habiles que cette sorte de pastel, avec la force et la vérité des couleurs, conserve de certaines fraîcheurs et légèretés dans les transparents qui sont au-dessus de la peinture à l’huile."
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