[Comment écrire des histoires ?] Interview Elisabeth Vonarburg (4/4)
Chacun est masqué ? La belle affaire. Ils le sont tous depuis longtemps. Des masques derrière des masques derrière des masques. Une apothéose du mensonge.
Et l’Harmonie se venge, lorsqu’on veut la forcer,si bien intentionné soit-on. Les violences s’additionnent, elles ne s’annulent pas. (p.33)
La falaise est un visage lisse dans la lumière atténuée du soleil , une femme aux lèvres à demi ouvertes sur un soleil mystérieux .
Quand on écrit, ce n’est pas comme lorsqu’on parle. On ne les lâche pas vraiment, les mots qu’on écrit, on ne les jette pas dans l’espace où ils vont se perdre ou buter contre des murs qui les font rebondir sur vous comme des flèches. (p. 77)
— … Et puis l’Humanité avec un grand H, ça n’existe pas, il n’y a que… des gens, des êtres humains, tous singuliers ! […]
— Et pourtant tous reliés, en résonance. »
(p. 586)
Elle ne savait pas qu’il pouvait mourir.
Il avait une peau brune toute ridée, une masse de cheveux blancs toujours en désordre, des yeux bruns qui souriaient au fond de leur réseau de rides ; ou bien c’étaient les rides qui souriaient. De toute façon, on ne pouvait pas dire s’il souriait en regardant sa bouche : il avait trop de moustache. Grand-Père. Elle l’appelait Grand-Père.
Elle ne savait pas que c’était un homme-machine.
Elle n’avait presque jamais besoin d’utiliser son bracelet de communication. Elle avait perdu sa poupée, elle était tombée, Gil ou Marianne lui avaient fait mal en jouant, ou elle s’était disputée avec eux, et il surgissait avant même qu’elle ait vraiment eu le temps de se mettre à pleurer. Il parlait, ou il ne disait pas grand-chose, mais il était toujours là quand il le fallait vraiment. Elle ne savait pas bien pourquoi, mais quand il sentait le tabac, ou l’herbe coupée, et que sa moustache était jaunie, il était davantage… là. Elle sentait très bien, alors, s’il était gai, ou sérieux, ou préoccupé – mais toujours comme il l’aimait. C’était Grand-Père.
« – Ce n’est pas tout de poser des questions, encore faut-il que ce soient les bonnes. »
Gilles se retient de hausser les épaules « Et comment sait-on que ce sont les bonnes? »
[...] « Parce que leur chercher des réponses change notre vie. »
(Éditions À Lire, p.633)
Les mots dans les livres ne sont pas pareils. Ils possèdent toujours quelque chose de magique, même lorsqu’il ne s’agit pas d’histoires de magie. (Éditions À Lire, p.248)
Et puis, Nikai, le temps de la musique, des la poésie, des histoires… Il ne passe pas de la même façon. Il ne « passe » pas.
(p.297)
Jambes toutes molles. Vaudrait mieux s’asseoir. Coude sur les genoux, tête dans les mains. Respire. Tout un boulot, respirer, quand on y pense. Pas y penser. Difficile. Je pense donc je suis. Tout un boulot, être, quand on y pense. (p.186)