J'aime beaucoup les écrits de Christophe André, toujours bienveillants et constructifs. Cependant je ne suis pas fan des formats « abécédaire », où les propos sont un peu décousus. C'est ici un mélange de réflexions et d'anecdotes. J'ai, comme à mon habitude, relevé des citations ici et là, notamment sur l'autobienveillance, le regard des autres, la résilience. Cependant j'avoue avoir davantage pioché à gauche à droite dans les paragraphes qui m'intéressaient, plutôt que tout lire avec assiduité. Après tout, c'est peut-être aussi dans cet objectif que ce livre a été écrit : proposer une compilation à consulter quand on en ressent le besoin.
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Le psychiatre français Christophe André explique l'importance de ne pas trop être centré sur soi dans son nouveau livre, «S'estimer et s'oublier».
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
C'est la qualité de l'estime de soi qui permet de prédire la résilience aux événements adverses ou l'art de se nourrir des événements favorables, davantage que l'inverse.
L'autobienveillance
Il s'agit de se traiter soi-même comme on traiterait un ami. A un ami qui échoue, on ne dit pas : "Tu es nul" ; on le réconforte.
"Moins je pense à moi et mieux ça va". Il est là, le secret : ne plus se soucier de l'effet que l'on fait. Et s'occuper de vivre, tout simplement.
La meilleure nourriture de l'estime de soi : être aimé. (p.45)
Pour lutter contre les regrets excessifs, il faut d’abord se libérer de la peur obsédante de faire les « mauvais choix ». Le bon choix n’existe pas, c’est nous, et nous seul, qui avons le pouvoir de rendre après coup nos choix « bons » ou « mauvais ».
Lorsqu’on hésite face à une décision à prendre, c’est que les choses ne sont pas claires, et qu’il y a du pour et du contre de chaque côté. C’est donc que chacune des alternatives comporte à la fois des avantages et des inconvénients, qui se valent. Les décisions simples à prendre ne nous font pas hésiter : le bon choix est alors clair ! C’est lorsque c’est plus compliqué, comme souvent dans la vie, que les interrogations arrivent. Alors commençons par nous débarrasser de la croyance qu’il existe de « bonnes » ou de « mauvaises » décisions. En réalité, aucune décision n’est bonne ni mauvaise a priori : c’est la manière dont nous allons l’appliquer, l’expliquer, l’habiter qui, le plus souvent, va faire qu’elle deviendra la bonne. Lorsqu’on hésite vraiment, prendre éventuellement les avis d’autrui ; et si on se sent toujours incertain, écouter son intuition ou même tirer à pile ou face, ça marche aussi bien. Puis, de son mieux s’efforcer de faire réussir la décision prise et d’éteindre les regrets chaque fois qu’ils pointeront le bout de leur nez.
Si j’achète une veste rouge, je peux me demander ensuite si la verte n’aurait pas été mieux, si ce n’était pas elle, le bon choix ; je peux aussi me dire que les deux vestes étaient parfaites ! C’est vrai aussi pour des choix de plus longue portée : habiter dans tel ou tel endroit, accepter tel ou tel travail, s’engager avec tel ou tel conjoint (ou s’en séparer), etc. Certes, on peut faire un choix de conjoint ou de métier que l’on regrette ensuite. Mais sans oublier alors qu’un autre conjoint ou un autre métier auraient entraîné à leur tour mille conséquences différentes, peut-être tout aussi regrettables !
Évitons de voir notre vie comme une suite de moments décisifs, où tout ce qui se joue serait définitif : ce n’est pas ainsi que nos existences se déroulent. Pour se libérer de la peur des regrets anticipés liés à un choix, le plus efficace n’est pas de renoncer à agir, mais d’augmenter sa tolérance à l’échec. Et surtout d’apprendre à en tirer les enseignements, afin de transformer les occasions de regretter en occasions d’apprendre, comme le rappelle la formule : « Si vous perdez, ne perdez pas la leçon »…
Faire un bon usage de ses regrets, c’est ainsi essayer de faire mentir La Bruyère, qui constatait avec un certain pessimisme, dans ses Caractères, le mauvais usage que l’humain en fait : « Le regret qu’ont les hommes du mauvais emploi du temps qu’ils ont vécu ne les conduit pas toujours à faire de celui qui leur reste un meilleur usage. »
Christophe André - S'estimer et s'oublier : abécédaire de l'estime de soi et de tout le reste