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sur 185 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Mamzer ! Jésus, incrédule, fixe l'ami qui vient de lui lancer cette insulte au nez.
Batard ! Un mot qui explose dans l'inconscient du garçon. Il a pourtant une mère et un père. Alors quoi, le viol de sa mère par un soldat romain ferait donc de lui un proscrit ? Quelle injustice.
Dès lors, Jésus n'aura de cesse de vouer sa vie aux côtés des victimes de la Torah, la loi juive, qu'il trouve, par moment particulièrement dénuée de fondements raisonnables.
Il s'en prendra aux savants, aux institutions jusqu'à provoquer la colère Du Temple qui le conduira à faire face à la justice romaine.
Metin Arditi, dont j'aime généralement beaucoup la production, nous propose une biographie de Jésus, dépouillée des aspects mythiques du personnage. Il reprend les grands épisodes de sa vie, sous un autre angle, celui d'un jeune homme révolté par le comportement de ses pairs et de leur intolérance.
Je n'ai pas vraiment apprécié le récit en dépit des bonnes idées et du style, toujours impeccable, de l'auteur. Je n'ai pas retrouvé, dans ce texte, la prose puissante qui anime le Turquetto ou la Fille des Louganis.
Il m'aura manqué plus d'émotions pour que cette thèse provocatrice m'emporte réellement.
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Le titre dit presque tout : dans le bâtard de Nazareth, Metin Arditi a l'intention de nous raconter la vie de Jésus, au plus proche de ce qu'il considère comme la vérité historique, à commencer par son ascendance paternelle. Cela peut être pris comme une thèse provocatrice et audacieuse mais elle correspond aux travaux d'universitaires de renom et apparait même dans certains écrits talmudiques. A partir de la bâtardise supposée de Jésus et de ses conséquences, à savoir son ostracisation et celle de Marie, sa mère, l'auteur va donc revisiter la vie de celui qu'il n'appellera jamais le Christ, et pour cause, la religion catholique étant évidemment une création postérieure. le récit, composé de chapitres très courts, s'inspire évidemment d'une histoire mythique mais revue et fortement corrigée, dans une veine réaliste où aucun miracle ne saurait survenir. C'est assez convaincant sur le fond et le Jésus réformateur qui s'oppose à la Torah est séduisante, autant que les failles du personnage, dont le caractère humain est la principale caractéristique, avec des aspects féministes et inclusifs, peut-être un tantinet forcés pour coller à l'ère de notre temps. A ses côtés, le madré Judas se voit attribuer un rôle primordial et la place enviable de l'anti-héros. Ce qui n'est pas du tout irrésistible dans le roman, en revanche, c'est le style d'Arditi, d'une très grande platitude, guère plus excitant qu'une fiche Wikipédia. Il a sans doute voulu faire dépouillé, en privilégiant le fond à la forme, mais il n'est que de se souvenir du Turquetto ou de la fille des Loganis pour regretter ce curieux manque d'ambition littéraire.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Jésus s'oppose à la stricte observance de la Loi, révolté par l'exclusion de sa mère comme adultère et de lui-même comme bâtard (Arditi reprend une tradition talmudique où son père biologique est un soldat Romain). Adulte, il attire les foules par des idées simples et un talent de guérisseur — plutôt rebouteux que thaumaturge. Son prêche est humaniste. Il n'est question ni d'un Dieu aimant, ni d'un sacrifice ou d'une rédemption, ni d'un messie ou d'un fils de Dieu, mais de revendiquer « une lecture de la loi conforme à ses racines », les racines étant ici l'amour plutôt que l'alliance, l'universel plutôt que l'élection d'un peuple face aux Nations.

Il rencontre Judas, un politique, agitateur assumé, laid et sans charisme, qui a compris qu'il a besoin de Jésus pour créer une secte offensive au profit des déshérités. Jésus ne lui cède qu'après un drame où un autre bâtard est assassiné comme impur, ce qui entraine le suicide sa mère (l'idée que Judas en soit le coupable n'est pas exclue). de prêcheur, Jésus devient imprécateur, défie les gardes du Temple, puis Caïphe et Pilate, et marche au sacrifice. Après sa crucifixion, Judas convainc les apôtres d'inventer sa résurrection.

Le tout est conté en phrases brèves et impérieuses, imitant la simplicité évangélique. Bonne tentative, bien construite, mais Arditi est loin de l'art subtil, sombre et cynique de la fiction évangélique chez Borges (Les trois Judas), Dostoïevski (Les frères Karamazov), Boulgakov (Le Maitre et Marguerite) ou Saramago (L'évangile selon Jésus-Christ).
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Voilà un livre sur lequel il m'est difficile d'écrire, car si je n'ai pas franchement apprécié ce n'est pas non plus un roman à jeter. Ce qui est sûr par contre, c'est qu'il ne peut que diviser.

Après la citation qui sert d'introduction (« car la suave enfance monte la première des profondeurs de toute agonie » - Georges Bernanos), nous voici à Nazareth. Un petit garçon répondant au nom de Jésus, entend pour la première fois un nom pour le désigner, dont il sent bien que c'est une insulte. Il demande à son père, le sage Joseph, des explications, essaie de comprendre pourquoi sa mère, Marie, est rejetée par les autres femmes.

Voilà les bases sur lesquelles va s'appuyer Metin Arditi pour réécrire l'histoire de Jésus, de son enfance à Nazareth jusqu'à sa mort sur la croix et au-delà. Une réécriture qui bouscule, et à même de quoi largement provoquer le courroux des chrétiens. Marie est une simple d'esprit qui a été abusée par un soldat romain, Joseph un homme sage et conciliant, Jésus un enfant devenu charpentier et habile guérisseur et qui portera jusqu'à l'âge adulte le traumatisme de sa naissance et de sa condition de bâtard. Toute sa vie ne serait qu'une remise en cause de la rudesse de la loi juive, une lutte contre ses injustices (notamment vis-à-vis des enfants comme lui ou des femmes comme Marie). Un combat sur lequel un autre bâtard va s'appuyer pour parvenir à ses fins : créer une nouvelle religion.

Il y a là de nombreux points de vue qui ne peuvent que perturber qui a grandi dans le catholicisme. L'auteur me paraît jouer avec nos croyances, en prenant le contrepied pour les inverser. Pour lui Jésus n'est à aucun moment maître de son destin. Guidé par une soif de justice, il apparaît manipulé par tous ceux qu'il croise : par Jean le Baptiste qui le choisit pour le remplacer sans que Jésus ne donne l'impression de vraiment savoir pourquoi ; par Judas avec qui il est d'accord sur le fond mais pas sur la forme de l'opposition aux gardiens du temple. Si Jésus apparaît travaillé par le doute et refusant d'être déloyal à la religion dans laquelle il a grandi, Judas n'a lui aucun scrupule à utiliser le charisme de son ami Jésus pour arriver à ses fins, mettant en scène les miracles, créant la légende avec l'accord tacite de Jésus. Les apôtres eux-mêmes ne sont que la représentation de ce que la Loi juive rejette : des mamzer (bâtards), des malades, des handicapés.

Je m'interroge encore sur le but de l'auteur, sur son projet, sur le choix de l'uchronie. J'ai été heurtée par certains partis pris. Metin Arditi veut-il interroger le fondement de la foi ? Veut-il interpeller le lecteur sur son propre chemin spirituel ? En s'intéressant à l'homme Jésus, à son humanité plus qu'à sa spiritualité, en le réduisant à un homme blessé dans l'enfance, que cherche-t-il à nous démontrer ?

Un roman troublant, déroutant, dérangeant, mais non dénué de qualités littéraires.
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Mamzer !
La première fois, c'est un enfant. le mot, craché, projeté, est un camouflet sur son orgueil. Il ignore ce qu'il veut dire. Il sait seulement que ça le blesse.

Son histoire commence comme ça.
L'histoire de l'humanité va changer. Comme ça.

Mamzer !
Bâtard !

Jésus est le fruit d'un viol.
Exclu de sa communauté.
Il vient malgré lui grossir la masse de ceux qui "affaiblissent" le peuple juif. Ceux que la loi autorise, encourage, à rejeter. A ignorer.

C'est contre ces lois radicales que s'élève sa voix. Et celles de tous les rejetés. Autour de lui viennent se greffer les mamzers, les estropiés, les prostitués, les simples d'esprit...

Il va croiser la route d'un autre exclu, illégitime lui aussi, Judas, brillant et dévoré de rancoeur.
De cette amitié naîtra d'audacieux projets...
Et si Jésus n'avait perpétré aucun miracle ? Si tout ça n'était qu'une fabuleuse fable pour qu'enfin, une religion prône la tolérance et la compassion ?

Il fallait oser, me suis-je dit.
Et l'audace paye, puisque le roman nous embarque dès les premieres pages ! On revisite l'histoire à l'aune de cette blessure profonde, mamzer, accrue par la trahison de celui qu'il croyait un ami, mamzer Jésus, mamzer !
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Jésus a six ans lorsqu'il apprend qu'il est un « mamzer » (bâtard) … Que Joseph (veuf de Rebecca) et père de ses deux frères, n'était pas le sien. Que Marie, sa mère, très belle et très bonne mais pauvre d'esprit (comme Dieu l'a voulu) avait été abusée par Pantera, un soldat romain … Jésus a treize ans quand Joseph meurt et qu'il fait la connaissance de Marie de Magdala, une orpheline du même âge, qui va devenir sa compagne un peu plus tard …

Metin Arditi va ainsi revoir, chapitre après chapitre, la version « officielle » concernant les passages majeurs de la (courte) existence de Jésus. de même que celle de ses relations avec les érudits juifs et surtout sa rencontre avec Judas. Jusqu'à son arrestation, sa mort et l'annonce de sa prochaine résurrection.

Un petit roman qui se lit sans déplaisir. Beaucoup de douceur et de respect dans l'écriture de l'auteur. Toutefois, j'avoue être légèrement déçue par cette lecture. Quitte à réécrire la vie de Jésus, autant se montrer un tout petit peu plus audacieux. Si Metin Arditi a tout fait pour rendre le personnage plus « humain », moins « parfait », il s'est principalement embarqué dans le récit d'une blessure d'enfance, un traumatisme lié aux conditions (particulièrement glauques) de sa soit-disant conception … Qui – mais bon, ceci n'engage que moi ! – n'a pas de réelle valeur ajoutée …
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Metin Arditi nous propose ici une relecture de la vie de Jésus, dénuée de tout miracle et au plus près de ce qu'on peut imaginer comme réalité historique. Il fait de Marie une simple d'esprit abusée par l'occupant romain. Jésus est alors un bâtard, un mamzer, et sa mère et lui sont mis au rebut de la communauté juive. Par bienveillance, Joseph les accueille dans son foyer mais les docteurs en théologie n'ont de cesse de rappeler qu'il faut exclure les impurs, car ils affaiblissent et mettent en péril la survie du peuple juif. C'est avec cette interprétation de la Loi que vit Jésus dans sa jeunesse. Il voit sa mère ostracisée, subissant le poids de la honte et de la souffrance. Cela le mène à contester la lecture théologique faite de la Torah par les Grands-prêtres. Il souhaite plus de charité, et une priorité donnée au pardon plutôt qu'au châtiment.

On découvre un Jésus taraudé par l'injustice faites aux femmes et aux faibles, qui hésite entre l'amour de son peuple, sa volonté d'accomplir la promesse faite à son père et son sentiment profond de devoir briser l'entre-soi des lettrés juifs. Tous les éléments connus de la vie de Jésus sont repris ici dans cette nouvelle approche : la première opposition au Temple, sa vie en concubinage avec Marie-Madeleine, son travail de charpentier et ses dons de guérisseur, ses harangues aux impurs, sa force de conviction, sa marche sur Jérusalem et la crucifixion qui en découlera. On découvre aussi un Judas qui construira la légende du Christ à l'encontre de la volonté première de Jésus lui-même.

C'est osé, certains crieront peut-être au blasphème, mais il semble que cela soit assez proche des travaux d'historiens récents, voire d'écrits talmudiques. J'ai bien aimé cette approche. Cela se double d'une vision très anachronique sur l'oppression des minorités et notamment des femmes. Je regrette néanmoins, que quitte à faire moderne, l'auteur n'y soit pas allé à fond. En effet, le style est assez plat et manque de vigueur et d'originalité.

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La vie de Jésus simplifiée et vue sous le prisme de l'exclusion infamante que lui vaut le statut de « Mamzer » (bâtard) qui nourrit sa révolte contre l'injustice. Fluide et agréable à lire avec mention spéciale à l'âne Abraham. On s'interroge cependant sur la minceur des personnages et de la thèse, qui donne un rôle d'organisateur et de dircom à Judas favorable à la création d'une nouvelle secte, Jésus restant attaché à la loi juive en vertu d'une promesse faite à son père (adoptif) et se montrant hésitant par rapport à ce projet. Ces orientations se sont effectivement manifestées, mais plus tard avec une opposition entre certains des disciples et Saint Paul (de Tarse), qui est la véritable cheville ouvrière du développement de la « secte ». Ce thème a notamment été développé par Emmanuel Carrère dans « le Royaume ».
Pourquoi pas cependant, mais il ne faudrait pas pour autant que ce récit nous fasse perdre de vue par l'approche qu'il adopte, la réalité foisonnante de cette époque, qui contraste avec des sources historiques assez pauvres et les témoignages a posteriori que sont les Évangiles, qui mêlent faits et prosélytisme.
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J'aime beaucoup Metin Arditi.
Et je reconnais que le seul titre de son dernier ouvrage avait de quoi m'attirer. J'aimais bien l'idée de relire l'histoire du Christ et des Évangiles en partant de l'hypothèse qu'il serait le fils illégitime d'un légionnaire romain.

Et pour un croyant un peu contestataire comme moi, je dois admettre que l'entreprise m'amusait. Au final, il me restera peu de choses. Vite lu, et sans doute vite oublié. le propos n'est pas désagréable, les épisodes revisités le sont non sans humour, même si j'imagine qu'un lecteur profane aura peut-être un peu de peine à tous les identifier.

Je ne saurais dire si j'ai vraiment été déçu. Sans doute un peu car si l'écriture reste agréable, je n'ai pas retrouvé toute la puissance ou la subtilité de la langue de Metin Arditi. Pas autant en tout cas que dans des ouvrages précédents.

Mais in fine, il reste éminemment appréciable de revenir, au-delà de toute considération religieuse, à hauteur d'homme et d'âme pour entendre et peut-être comprendre ce Jésus, bâtard de Nazareth.
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Un livre très facile à lire, assez court, qui pourrait faire peur de par son sujet religieux mais qui ne l'est pas du tout. L'auteur ose, en effet, réécrire une histoire plausible de la vie de Jésus, qui, ici, comme tout humain, se met en colère et a des désirs charnels qu'il assouvit, et de sa transformation par les Apôtres pour en faire une « idole ». Culotté et finalement bienvenu dans notre monde actuel car ce roman rappelle qu'il est idiot de faire une lecture et une interprétation primaires des textes religieux car ce sont des textes écrits et réécrits, qui servent avant tout une propagande religieuse.
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