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EAN : 9782070140015
192 pages
Gallimard (10/01/2013)
3.89/5   18 notes
Résumé :
«Dans ce livre, il est question d'une vie brève. Pas de celle d'un inconnu choisi au hasard, parce que j'aurais vu sa photo, son sourire, dans un vieux journal, mais celle de mon père, Maurice Audin. Peut-être avez-vous déjà croisé son nom. Peut-être avez-vous entendu parler de ce que l'on a appelé "l'affaire Audin". Ou peut-être pas. Je le dis d'emblée, ni le martyr, ni sa mort, ni sa disparition ne sont le sujet de ce livre. C'est au contraire de la vie, de sa vie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Maurice Audin, jeune assistant de mathématiques à l'université d'Alger, membre actif du Parti communiste algérien, militant anticolonialiste, est arrêté par l'armée française le 11 juin 1957, à Alger. Dix jours plus tard, il est déclaré mort. Officiellement, il n'aurait pas survécu à une tentative d'évasion lors d'un transfert. Plus vraisemblablement, c'est sous la torture des parachutistes du général Massu qu'il a perdu la vie. Il avait 25 ans, il était marié et père de trois enfants.
Plus de 50 ans après les faits, sa fille Michèle a voulu rassembler les bribes de cette vie si brève, sans s'appesantir sur sa disparition, juste en évoquant le fils, le frère, le mari, le père, l'homme qu'il était et les traces qu'il a laissées.


Difficile pour Michèle AUDIN de faire appel à ses seuls souvenirs pour parler de son père; elle avait 3 ans à peine quand il a disparu. Alors tout prend valeur de document précieux : les rares photos, les carnets où il notait les dépenses du ménage, le témoignage de ceux qui l'ont connu. C'est sans doute une façon pour elle d'apprendre à le connaitre, de creuser derrière le personnage dramatique. Mais elle ne peut qu'imaginer, supputer, lui prêter des sentiments et des intentions sans savoir s'ils sont réels. On sent comme une détresse devant tout ce dont elle a été privé : ses colères, ses erreurs, son parfum, ses goûts, son humour, ses défauts, tout ce qui est banal, tout ce qui fait aussi un père, tout ce qui se rapporte à l'intime. Il était mathématicien, elle est mathématicienne, est-ce là une façon d'établir un lien avec lui ?
En rassemblant les morceaux épars de la courte vie de son père, elle répond à ceux qui ont voulu effacer son existence, ceux qui ont menti, ceux qui ont nié, ceux qui n'ont pas eu le courage de rendre son corps torturé à sa famille.
Un beau témoignage d'amour d'une fille pour son père, qui évite le larmoyant et le pathétique pour simplement montrer que derrière l'"Affaire Audin", il y avait un homme, Maurice Audin.
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Un bijou de retenue, d'intelligence et d'amour d'une fille à son père, très peu connu car disparu trop tôt dans des circonstances encore mystérieuses.
Le père, c'est Maurice Audin, brillant mathématicien, militant pour l'Algérie française, arrêté et assassiné en 1957 alors que la bataille d'Alger faisait rage. La fille, c'est Michèle, également mathématicienne de renom mais aussi autrice dont les écrits tiennent autant de l'enquête que de la grande tradition de l'Oulipo.
Loin de toutes revendications revanchardes, « une vie brève » est surtout un merveilleux hommage filial doublé d'une recherche historique passionnante, à partir de presque rien pour reconstituer la vie d'un homme. Elle donne ainsi à voir sa passion ( ?!) pour les sciences, la vibration des premiers temps d'un amour, la chaleur débordante d'une famille nombreuse, la douceur de vie en Algérie ou encore l'éveil à la politique. A milliers de kilomètres de l'attitude nauséabondes des gouvernements français successifs sur « l'affaire Audin », ce livre redonne vie de façon magistrale à un homme fauché en plein vol
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Maurice Audin, jeune mathématicien, membre du Parti Communiste algérien est mort assassiné par l'armée française à Alger en 1957. Il avait 25 ans. Sa fille ainée tente de recenser les "traces" de ce qu'a été sa "vie brève". A partir de photos, de documents divers (les carnets où ses parents notaient leurs dépenses par exemple), de ce que sa famille a pu lui raconter, elle reconstitue une enfance, une adolescence. Son récit est ponctué d'incertitudes, de questions: points d'interrogation, conditionnel, des "j'ignore","peut être", "je peux imaginer", émaillent l'écriture de ce récit. C'est un texte émouvant, bien sûr, d'une fille sur un père qu'elle a si peu connu. C'est aussi un travail sur l'époque.
Je connaissais "l' Affaire Audin", j'ai l'impression de connaître un peu mieux l'homme qu'il a été.
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Maurice Audin fut un jeune mathématicien, un homme militant, engagé. A Alger, lors de l'été 1957, il est torturé et assassiné par l'armée française. Sa fille, Michèle Audin, nous dresse son portrait à travers un récit particulièrement émouvant où s'entremêle son histoire familiale, l'histoire des mathématiques et L Histoire.
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Comme elle le précise elle même , Michelle Audin n'avait pas l'intention avec ce livre de revenir sur l'assassinat de son père - militant communiste anticolonialiste et mathématicien - par la racaille parachutiste, pendant la guerre d'Algérie.
Elle entreprend en revanche de redessiner les traces, les empreintes quotidiennes , intimes de celui disparu alors qu'elle n'avait que 3 ans.
Autrement qu'à travers les témoignages des proches qui l'ont connus, elle s'appuie sur des éléments de correspondance retrouvée, mais également et c'est ce qui rends ce livre singulièrement émouvant, sur des listes d'emplettes retrouvées à partir desquelles elle déduit et imagine, ses goûts esthétiques ,culinaires ou l'itinéraire familial à travers les choix d'investissement mobiliers.
Tenter d'approcher une subjectivité par les Choses, voila bien un procédé Perecien , qui n'a rien d'étonnant en l'espèce lorsque l'on sait que l'auteur est membre de l'Oulipo.
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critiques presse (2)
Bibliobs
24 janvier 2013
Dates, salaires, dépenses, et même son numéro de Sécurité sociale: Michèle Audin ne laisse rien de côté - sauf la nostalgie, qu'elle exècre. C'est la plus implacable et la moins réfutable réponse qu'une fille pouvait donner aux criminels qui ont tout fait pour que son père n'ait pas existé.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Liberation
14 janvier 2013
Mathématicienne, elle totalise les traces du père qu’on lui a soustrait en Algérie [...] Anticolonialiste, militant clandestin, chercheur, Maurice Audin a été exemplaire.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Plusieurs de ses livres de mathématiques sont rangés parmi les miens. Par endroits, de petits morceaux de papier jauni dépassent entre les pages, il faut les défroisser pour y lire ce qu'il y avait inscrit et devait lui permettre d'aller directement à tel ou tel passage. Il y a les deux livres empruntés à la bibliothèque de la Faculté d'Alger et que ma mère avait décidé de ne pas rendre, pour attirer l'attention sur le fait qu'il était pas là pour les rapporter. Un récolement, pour lequel les lecteurs devaient "restituer intégralement" les livres avant le 13 juin - ce qu'il ne put pas faire -, fut réalisé justement les 20, 21 et 22 juin - pendant qu'on le tuait. Voilà un détail que j'ai appris depuis que je veux savoir : la circulaire traînait parmi ses papiers et elle y est restée.
Il y a aussi quelques fascicules de Bourbaki et le livre d'analyse fonctionnelle de Riesz et Nagy qu'il a beaucoup cité et dans lequel j'ai appris, il m'a appris... à écrire.

Février 2011 - septembre 2012
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Pas plus que vous ne trouverez ici d'exotisme, vous n' y trouverez la nostalgie, l’écœurante nostalgie-pied-noire, avec les couleurs et les saveurs, l'anisette, le cabanon,la fatma,la mer, le ciel et le soleil.Le monde dans lequel il a vécu n'existe plus, c'est dit, et avec lui a disparu ce dont il avait souhaité la disparition, les fatmas, les colons, la pacification, les enfants analphabètes, dans ce qu'il faut bien appeler l'apartheid colonial.
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Dans ses mémoires Pierre Vidal-Naquet dit qu'on lui a opposé que les 3000 disparus de la bataille d'Alger , c’était "une heure d'Auschwitz". je refuse d'essayer de comprendre quel calcul macabre peut mener à ce résultat. Trois mille disparus, c'est trois convois arrivants à Auschwitz. quels trois convois choisir d'oublier ?
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Je voudrais aussi me souvenir d'une habitude,d'une expression,de la manière qu'il avait de porter tel ou tel vêtement, de choses inessentielles, banales, insignifiantes. J'aimerais lui connaître des défauts.
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Videos de Michèle Audin (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michèle Audin
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