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3,82

sur 241 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Egalement scénariste et réalisateur, Paul Auster s'est imposé comme un auteur majeur du post-modernisme. A 77 ans et atteint d'un cancer, il publie ce qu'il annonce comme probablement son dernier livre, un ouvrage dense et court, où la marée des souvenirs assaille un écrivain vieillissant, tourmenté par la perte de sa femme et par les premières défaillances de l'âge.


Dans ce récit, où est le vrai, où est le faux ? Alter ego de l'auteur, Sy Baumgartner est un éminent professeur d'université en même temps qu'un auteur respecté. Mais, à plus de soixante-dix ans, le terme du voyage se fait pressentir. Même si, et pas seulement en esprit, l'homme n'a toujours rien lâché de ses activités, oeuvrant son relâche à son dernier ouvrage, il lui faut bien reconnaître que des détails commencent à le trahir. Veuf depuis dix ans, il a de soudaines absences, se brûle avec une casserole oubliée sur le feu, tombe dans l'escalier de la cave et ne se souvient plus de ses rendez-vous. le mari de sa femme de ménage s'étant accidentellement sectionné plusieurs doigts, le « syndrome du membre fantôme » lui inspire une « métaphore de la souffrance humaine et de la perte ». Ayant perdu la moitié de lui-même, il se voit en « moignon humain », souffrant de tous ses membres manquants.


Alors, irrépressiblement et de plus en plus souvent, les souvenirs éparpillés telles les pièces d'un puzzle envahissent le présent comme dans une tentative de recomposer sa vie : son enfance, l'histoire de ses parents entre Europe et Amérique, et, toujours et surtout, son coup de foudre pour Anna – Blume, comme la narratrice de l'un des premiers romans d'Auster –, leur long mariage heureux mais sans enfant, son admiration pour celle qui, poétesse et traductrice, ne s'est jamais souciée de publier son oeuvre, restée à l'état de manuscrits épars. Tout à son deuil impossible, en même temps qu'il continue inlassablement à plier les vêtements de l'aimée disparue, il rêve, à défaut de pouvoir lui redonner chair, de la faire revivre par l'esprit en faisant connaître ses écrits. Et le miracle se produit : éblouie par le recueil de poèmes qu'il a soigneusement choisis dans les tiroirs d'Anna pour une édition posthume, surgit une étudiante et son projet de thèse, une fille brillante, intellectuellement la copie de la morte, qui pourrait bien devenir une fille spirituelle, celle par qui la mémoire se transmet au lieu de se perdre.


Mettant, comme il sait si bien le faire, son style dépouillé au service d'un enchâssement d'histoires pleines d'incidents et de détails riches de sens, Paul Auster tisse les fils d'un récit poignant, non dénué d'humour, où amour, vieillesse et deuil trouvent, dans l'exploration de la mémoire et dans sa transmission, une continuité pleine de vitalité et d'espérance. Un dernier livre qui s'achève sur une épiphanie : la littérature ne meurt jamais et, à travers elle, ses auteurs non plus.

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Baumgartner peut être lu comme le bilan d'une existence et il est naturel que Baumgartner soit un miroir très peu dépoli de Paul Auster.
Ce roman assez court ( 200 pages) est nostalgique et poignant car il investit le long cours de la vie.
Seymour Baumgartner, 71 ans, professeur à Princeton revisite la grande histoire de sa vie qu'a été son amour pour sa femme Anna Blume ( tiens, tiens un personnage des romans de Paul Auster).
Quand commence le roman Sy Baumgartner est veuf depuis 10 ans. Sur une plage, un soir, un dernier bain a été fatal à Anna. Une vague a brisé sa nuque.
Veuf vivant dans son appartement au gré de ses souvenirs.
Ce matin là un ensemble d'incidents, et une chute accidentelle va le ramener aux souvenirs de sa vie. Et les grands souvenirs de sa vie tournent autour d'Anna et de sa famille éxilée de l'Europe de l'Est et plus particulièrement d'Ukraine.
Ce grand père maternel qui s'appelait ... Auster.
Paul Auster nous gratifie d'un roman ou le désir de vie se télescope à la mémoire , parfois incertaine des souvenirs, alors que les prémices de la vieillesse apparaissent.
Lentement le puzzle de la vie de Baumgartner se met en place entre réalité, imagination et confession.
Les doutes, les angoisses, les fantômes perdus jalonnent le chemin.
Le vrai, le faux. Baumgartner- Auster.
Peut être le dernier roman de Paul Auster.

1er Mai 2024
Ce fut le dernier roman de Paul Auster. Paul Auster a quitté son cher Brooklyn cette nuit.
Livre épitaphe d'un immense écrivain dont les romans 4 3 2 1 et Brooklyn folies resterons les gardiens de sa mémoire
Paul Auster avait raconté qu'enfant il souhaitait un autographe du joueur de base ball Willie Mays . N'ayant pas de stylo, il n'avait pu avoir d'autographe . Depuis ce jour Paul Auster avait toujours sur lui un stylo. Il l'a tenu jusqu'au bout de sa vie et nul doute que celui- ci écrira sur les nuages.
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Plein de grâce et de finesse, ce roman testamentaire baigné d'une lumière de fin d'été est une ode aux femmes américaines et à leur liberté. Paul Auster enchâsse dans le récit principal des bribes des écrits du héros et de sa défunte épouse pour mieux donner à lire leur jeunesse et l'Amérique d'hier qui communique avec celle d'aujourd'hui (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/03/25/baumgartner-paul-auster/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Traduit par Anne-Laure Tissut

« Baumgartner » est sans doute le dernier livre de Paul Auster. On le sait malade.
La fin d'un long compagnonnage avec l'auteur, débuté alors que je n'étais qu'une jeune femme, semble se profiler. 

Nous rencontrons Sy Baumgartner, âgé de 71 ans et professeur de philosophie à la retraite à Princeton, 10 ans après la mort d'Anna son épouse, alors qu'il débute une sale journée. Il enchaîne les petits accidents domestiques (il se brûle la main dans la cuisine, il tombe dans l'escalier). S'en est presque comique. Mais rapidement l'esprit de Baumgartner quitte le « ici et maintenant » pour dériver vers le passé, vers l'absence d'Anna, son grand amour.

Brouillant les frontières entre conscience et rêverie, Auster nous offre une lettre d'amour à l'amour et à la littérature avec un regard terriblement sensible sur le deuil et sur le vieillissement. Tantôt drôle, tantôt mélancolique mais toujours subtil. L'image qui me vient à l'esprit est celle de la flamme d'une bougie parfois vive et lumineuse, parfois basse et vacillante mais qui refuse de s'éteindre.
Je pense que Auster a mis beaucoup de lui-même dans le personnage de Baumgartner et ( interprétation facile ) beaucoup de Siri Hustvedt dans Anna.

C'est un roman modeste, pas le plus ambitieux de l'auteur, pas le plus brillant, il ne restera peut-être pas comme une pièce majeure dans son oeuvre et pourtant j'ai eu une tendresse folle pour lui.
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Quand viendra le temps de tracer un bilan de l'oeuvre du grand Paul Auster, sans doute que Baumgartner sera considéré comme un roman mineur du maître américain mais aussi, peut-être, comme l'un de ses plus personnels, En effet, même si le roman est écrit à la troisième personne, il y a cette impression que son personnage principal a emprunté certains des traits d'Auster, ses pensées, arrivé à un âge avancé, voire même des aspects de sa vie. Quoiqu'il en soit, Baumgartner est indispensable à tous ceux qui professent une admiration sincère pour l'écrivain septuagénaire, dont la prose se met soudain à ressembler, toutes proportions gardées, à celle, tardive, de Philip Roth. Dans son roman, Auster fait le portrait d'un intellectuel juif américain à l'automne de son existence, qui a perdu son épouse quelques années plus tôt et qui ne s'en remettra probablement jamais. Tous les lecteurs sont happés par la justesse de la comparaison entre un membre amputé, devenu une douleur fantôme et le deuil qui fait toujours mal en convoquant les souvenirs heureux du passé. Livre de la mémoire, du bonheur perdu et de la vieillesse, un peu avant le naufrage, Baumgartner est un récit d'une belle sensibilité, un voyage intérieur sombre et nostalgique. Nonobstant une dernière phrase énigmatique, ce roman, au final, avec les sentiments qui affleurent, n'est peut-être pas aussi mineur qu'il y parait de prime abord.
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Méli-mélo de moments tendres et de péripéties amusantes, de nostalgie et de considérations concrètes liées au présent, de réflexions, d'actions et d'émotions, Baumgartner est un pur Paul Auster. Ce texte a pourtant une particularité : l'auteur, malade du cancer, l'a peut-être conçu autant comme un roman que comme un testament.
Il y aborde la vieillesse, le corps qui flanche et l'esprit qui cavale - souvent à reculons, pour aller collecter des souvenirs d'enfance, des bribes de vie amoureuse, des liens rompus par le temps et la mort. Il évoque aussi le deuil, celui dans lequel vit Baumgartner depuis que son épouse, une dénommée Anna Blume, poétesse de son état, s'est noyée, 10 ans plus tôt. Il parle aussi de l'histoire des juifs américains dont les parents ont fui l'Europe, des liens entre générations, de création littéraire, de la valeur des objets qui nous entourent, du pouvoir des mots, des traces que l'on laisse, publiquement ou secrètement, de la manière de faire vivre la mémoire des disparus, du temps qui nous reste...
Tous ces sujets préoccupent énormément Baumgartner, qui les mêle et les entremêle tout au long de ce long monologue. Mais qui est Baumgartner, sinon un double d'Auster ? Car même si les questions qui parsèment le livre sont sans doute communes à tous les humains qui aperçoivent la fin de leur route, de nombreux détails apparaissent au fil des pages pour entretenir cette confusion entre l'auteur et son personnage.
Pour ces clins d'oeil et ces réflexions, pour l'écriture, vive, évocatrice, entraînante, pour l'enchevêtrement de souvenirs et d'évènements et malgré quelques longueurs dans certaines anecdotes (mais n'est-ce pas caractéristique de la vieillesse de divaguer dans ses souvenirs lointains ?), je dois reconnaître que j'ai apprécié ce roman.
Mais au fait, est-ce un roman ou un testament ? La question reste entière. Alors il faut lire Baumgartner. Car, à mon sens, les dernières pages apportent une réponse symbolique, aussi élégante qu'émouvante et tout à fait sublime.
Et qui m'a poussé à revoir mon avis : après ce magnifique point final, je dois reconnaître que j'ai adoré ce roman.
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J'avais beaucoup aimé Brooklyn Follies et Sunset Park mais un peu déçu par la Trilogie new-yorkaise et Invisible, je ne serais pas revenu sur cet auteur sans la très sensible critique de "LambertValerie". le retour de ce Baumgartner sur sa vie m'a moi aussi charmé. Cette vie dont il ne lui reste que des lambeaux de mémoire, n'a rien d'exceptionnel, mais la charge d'affectivité et de nostalgie de ces minces souvenirs est communicative. le style simple appelle le lecteur à dériver vers ses propres souvenirs et on a l'impression de lire le livre d'un ami. La bibliographie de l'auteur figurant en fin d'ouvrage est copieuse, je pense que je vais y revenir.
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Sy Baumgartner est un universitaire, professeur de philosophe à Princeton. Il y a 10 ans, son épouse qui était toujours son grand amour, Anna Blume, est décédée de façon accidentelle.
Il a 71 ans quand débute le roman.
Sa tentative pour « refaire sa vie » n'est pas concluante. Alors il lit les écrits de sa femme (elle était poète et traductrice) et les fait publier, et il écrit lui même. Il rêve. « De la même façon qu'une personne peut être transformée par les évènements imaginaires narrés dans une oeuvre de fiction, Baumgartner a été transformée par l'histoire qui s'est racontée en rêve. »
Le livre nous raconte ses souvenirs, sa vie de jeune juif devenu universitaire, sa rencontre avec Anna, sa vie de veuf … jusqu'au dernier chapitre (à ne pas dévoiler) qui va lui redonner un désir de vie qu'il avait perdu et conduire à une fin en points de suspension.
Paul Auster a écrit un roman parfois drôle, parfois nostalgique et toujours touchant.
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Sy Baumgartner est le héros de ce roman de Paul Auster, que je lis régulièrement depuis la trilogie new-yorkaise. Un héros vieillissant, vivant seul depuis son veuvage, écrivain et philosophe.
Comme souvent, des éléments biographiques émaillent cette oeuvre : le voyage étudiant à Paris, l'intérêt pour le baseball, l'écriture, l'enfance à Newark. Les thèmes principaux, cependant, sont liés à l'âge et surtout à la perte de l'être aimé. Comment survivre alors qu'on est amputé de son âme soeur ? Se pose aussi la question de la survivance de l'oeuvre à son auteur, puisqu'Anna était poète (et traductrice).
On sent que l'écrivain n'a pas les réponses, son personnage tâtonne, soliloque et s'active, souvent dans la solitude et les méandres de la mémoire.
Un roman très touchant et délicat, avec, dans les noms des personnages, des références à des livres antérieurs du grand Paul.
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Le professeur de philosophie S.T. Baumgartner se trouve à soixante dix ans dans l'un des derniers tournants de son existence. Il sent qu'il est temps pour lui d'arrêter de donner des cours, d'accepter cette fonction de professeur émérite de Princeton et se consacrer à ses livres sur Kierkegaard ou Merleau-Ponty. Voyant arriver avec effroi les ravages du grand âge (pertes de mémoire, oubli d'une casserole sur le feu, faiblesse musculaire…), il se plonge avec délice dans son passé et fait revivre en pensées son histoire d'amour pour sa femme Anna Blume mais aussi son enfance et l'histoire de ses parents…
Dans ce qui pourrait être son dernier roman, Paul Auster met en scène un personnage de son âge en prise avec les affres de la prime vieillesse et la découverte ébahie de sa vulnérabilité. Dans son style si particulier à la fois étrange, onirique et très ancré dans le quotidien, l'auteur nous plonge dans le bain nostalgique de ce qui n'est plus mais sans s'y complaire car l'irruption dans la vie du professeur d'un jeune électricien bienveillant et d'une étudiante dynamique lui permettront de se remettre à l'endroit dans sa vie d'aujourd'hui.
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