Récemment, je disais que "
Tout le bleu du ciel" avait fait un tel tapage que je n'avais plus vraiment envie de le lire, alors qu'il est dans ma pal depuis un sacré bout de temps. Manque de motivation donc car, au vu de tous les retours élogieux, il était évident pour moi que j'en attendrais trop et que je serais sans doute déçue. Et même si "
Les lendemains" a été un gros coup de coeur, certains autres romans de
Mélissa Da Costa m'ont moins emballée. Mais ça, c'était avant qu'il ne soit proposé pour la lecture commune de ce mois-ci, qui me l'aura finalement fait ouvrir bien plus tôt que prévu (si tant est que j'aurais fini par l'ouvrir un jour... tellement d'autres me faisaient bien plus envie !).
Et puis voilà, il ne m'a pas fallu trois jours pour venir au bout de ces 840 pages et en tourner la dernière des larmes plein les yeux...
Vu le nombre de retours, je ne pense pas y ajouter du neuf. Tout a certainement été dit et redit. Je serais tentée de vous dire que je vais donc essayer de faire court, mais me connaissant, je doute pouvoir y arriver !
"
Tout le bleu du ciel" nous embarque dans une sorte de road trip dans les Pyrénées, où nous accompagnons Émile dans une "ultime escapade". Ce dernier a appris récemment qu'il n'avait plus que deux ans à vivre, en moyenne. Il investit donc dans un camping-car et publie une petite annonce sur le net dans l'espoir, bien que minime, qu'une âme charitable et capable de l'aider dans sa pathologie veuille bien l'accompagner. Et parce qu'elle n'a plus rien à perdre pour avoir déjà tout perdu, parce qu'elle n'a plus rien à faire dans son petit village breton, Joanne y voit là l'occasion de fuir son passé et se propose donc. Émile accepte. de là, s'en suit un voyage dans les montagnes où paysages époustouflants, architecture pittoresque et méditation seront de la partie.
Ce que j'aime chez
Mélissa Da Costa, c'est qu'elle trouve toujours les bons mots quand il s'agit de parler des émotions et sentiments de ses personnages. Indéniablement, elle me touche (presque) à chaque fois et sait me faire passer d'une émotion à une autre sans crier gare. Ça n'a pas loupé ici : il m'est arrivé, par exemple, de sourire alors que je sentais les larmes monter un paragraphe plus tôt. le fait de prendre le temps d'implanter son cadre (montagnard ici) et de nous laisser tout le temps nécessaire pour faire connaissance avec les personnages y est aussi pour beaucoup. J'y ai ressenti quelques longueurs (dans les 200 premières pages essentiellement), tout comme il a fallu m'habituer aux phrases courtes et au présent, ainsi qu'aux mêmes expressions et gestes souvent répétés ("Ça va ?", "Qu'est-ce qu'il se passe ?", haussement des épaules, hochement de la tête, yeux levés au ciel), mais dans l'ensemble je n'ai pas vu le temps passer.
Je me suis attachée aux personnages en un rien de temps. Émile et Joanne sont deux êtres qui ne peuvent que nous attendrir. C'est Émile, dès le départ, qui nous fend le coeur. Pour Joanne, il faudra attendre un peu avant d'en savoir plus sur elle, car son histoire ne nous est pas immédiatement racontée. La narration se centre d'abord sur Émile, qui nous révèle, par le biais de ses souvenirs, la personne qu'il est, sa maladie et son évolution, mais aussi son vécu personnel. Puis au fur et à mesure que son état de santé se détériore, la narration change de main petit à petit. le personnage de Joanne prend de l'ampleur, on est au fait de sa propre histoire et on commence à comprendre beaucoup de choses...
Mais il y a d'autres personnages aussi, des rencontres qu'Émile et Joanne ont fait au gré de leur voyage. Certains marquent plus que d'autres, comme Myrtille, Sébastian, Isadora (et Pok !). L'autrice réussit à faire ressortir ce qu'il y a de meilleur chez l'être humain. On y croit ou pas, mais pour ma part, je me suis forcée à y croire pour mieux savourer l'histoire pleine de ces belles relations humaines.
Et que dire du cadre pyrénéen, si ce n'est que j'ai maintenant envie d'y passer mes prochaines vacances ? Les montagnes nous envoûtent, au point de rechigner à retrouver la civilisation. Les petits villages, leur architecture et leur histoire, ajoutent une touche atypique au récit. On y est, là-bas. On les voit, toutes ces montagnes et tous ces lacs qui nous entourent. Tout est joliment représenté.
Donc voilà, j'ai beaucoup aimé et je ne regrette absolument pas de l'avoir enfin lu. C'est un très beau roman dit "feelgood", plein d'émotions diverses et de belles relations humaines, avec des personnages qui savent nous toucher et dont l'histoire peut nous faire rire comme nous faire pleurer. Après "
La doublure" qui m'avait pas mal déçue, et même si je lui trouve quelques défauts (dans le style d'écriture notamment) et incohérences dans le scénario, j'ai tout de même passer un très bon moment de lecture. Au vu de mes bémols, je ne pense pas que j'aurais été aussi généreuse dans ma note en temps normal, et c'est sans aucun doute parce qu'il a su m'émouvoir aux larmes (alors même qu'on connaît la fin depuis le début).