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EAN : 9782070361335
656 pages
Gallimard (01/10/2009)
3.96/5   1991 notes
Résumé :
2084
Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Souriez, vous êtes gérés ! Le citoyen ne s'opprime plus : il se fabrique. A la pâte à norme, au confort, au consensus. Copie qu'on forme, tout simplement. Au coeur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte. Le Dehors est leur espace, subvertir leur seule arme. Emmenés par Capt, philosophe et stratège, le peintre Kamio et le fulguran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (168) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 1991 notes
Publié initialement en 2001 (donc avant la horde du contrevent) il a fait l'objet d'une nouvelle version en 2007 (après donc), celle lu ici.


2084. Un siècle après le célèbre livre d'Orwell auquel l'auteur fait référence toute les deux pages, nous sommes à Cerclon, une démocratie manipulée sur un satellite de Saturne, mais où tous semblent heureux, protégés de tous et surtout d'eux-mêmes. Tous ? Non, la Volte, emmené par Captp, des « révoltés » de pacotille, jusqu'à ce qu'ils se réveillent et commencent à entreprendre de véritables coups contre le système. Mais là où dans une tyrannie bien identifiée, le mot d'ordre est « Ferme-là », ici, dans cette sociale-démocratie au ventre mou, c'est « cause toujours ».
Leurs actions seront-elles à la hauteur ? Les risques de récupération, de trahison,d 'inefficacité sont là.


Loin de la noirceur de mes souvenirs de 1984, le ton global est ici finalement assez optimiste et léger. Si on accepte de se faire bassiner à toutes les pages par du Deleuze, du Foucault et du Nietzsche, dans le texte ou vu et revisité par l'auteur, on peut passer un bon moment.
Mais Dieu que ce livre est mou et lent. On voit ici et là de l'action et de la flamboyance. J'y ai surtout vu beaucoup, beaucoup trop de parlottes qui pour moi, n'apportaient pas grand-chose au récit. Amputé de 200 pages, il aurait, je pense, été plus vivant.


On passera (ou pas, surtout en ce moment) sur le traitement, limite apologie du terrorisme, mais on appréciera, en tout cas, la dénonciation du traitement médiatique et de la récupération que l'on peut en faire (toujours d'actualité, d'ailleurs) ainsi que la critique assez acerbe du système de nos démocraties modernes et sondagières (autre sujet abordé assez jouissif dans le cynisme et la manipulation).


Au final, un livre au ton léger, mais pas facile à lire, assez optimiste, plus dans le style meilleur des mondes que 1984, trop long et bavard à l'extrême mais qui laisse malgré tout une bonne impression générale (une fois fini).
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Une bonne grosse claque. Voilà ce que vous prendrez en pleine face en lisant « La Zone du Dehors ». Premier roman écrit par Alain Damasio en 1992, puis retravaillé par l'auteur il y a quelques années, l'ouvrage cherche a répondre à une question au premier abord d'une grande simplicité mais qui, au fond, relève d'une complexité abyssale : comment, aujourd'hui en Occident, se révolter ? Contre qui ? Contre quoi ? Pourquoi? En six cent pages, Damasio nous propose non pas LA réponse mais UNE réponse, inspirée des écrits de Nietzsche, Foucault ou encore Deleuze, et qui dénonce avec virulence ces belles sociétés de contrôle qui font notre fierté, celles « de codes souples et de normes poisseuses, qui désamorcent, rognent la rage, adoucissent, assouplissent, régulent et strangulent. » J'en vois déjà qui commencent à reculer en se disant : « Oulà, un auteur engagé qui nous assomme de ses idées politiques et déballe sa propagande sous couvert de science-fiction, très peu pour moi ! » Et bien détrompez-vous car « La Zone du Dehors » est tout autre chose. Contrairement à des auteurs comme Terry Goodkind, qui arrive avec ses gros sabots pour nous marteler à coups de burin dans ses romans les grands principes de sa fameuse politique objectiviste (apparemment très en vogue aux États-Unis...), Damasio a, lui, le bon goût de ne pas prendre ses lecteurs pour des imbéciles incapables d'aligner deux idées à la suite.

Le roman qu'il nous offre est ainsi infiniment complexe et demandera aux lecteurs un gros travail d'attention et de réflexion, mais qui se révélera finalement payant. L'auteur frappe dur, fort, et met le doigt là où ça fait le plus mal : sur ces systèmes et ces actions qui rythment et régulent notre quotidien sans que l'on y prête parfois même plus d'attention. Par habitude, par lassitude... « L'espèce humaine, en pays riche, est en passe de devenir invertébrée. » Voilà le triste constat ici dénoncé. La multiplication des caméras de sécurité dans les rues ; les inepties débitées chaque jour par les médias qui « conforment plus qu'ils n'informent » ; ces panneaux, affiches ou slogans infantilisant qui nous rappellent encore et encore LE « bon » comportement à adopter (« Ne pas mangez trop salé, trop gras, trop sucré. », « Pratiquez une activité physique régulière », « A consommer avec modération »)..., c'est de tout cela que veut nous faire prendre conscience Damasio qui, pour mieux marquer les esprits, force évidemment le trait par le biais de la science-fiction. L'action prend ainsi place dans une société du futur (pas si éloignée que ça, cela dit...) dite « idéale » : la ville de Cerclon, petit modèle de démocratie constituant l'une des premières colonies spatiales nées de la quasi disparition de la Terre, ravagée par la Quatrième Guerre Mondiale ayant rendu une bonne partie de la planète inhabitable.

Outre la qualité de la réflexion proposée, « La Zone du Dehors » séduit ainsi également par celle du décor imaginé par Damasio. Les rouages qui régissent le système politique de la ville de Cerclon sont notamment très bien pensés, qu'il s'agisse de la hiérarchisation des individus se traduisant en lettres qui indiquent la place exacte occupée dans la société, ou encore de la séparation radicale des espaces riches/pauvres au moyen des nouvelles technologies. Comme dans « La Horde du Contrevent », les personnages constituent également l'un des plus gros points forts du roman. Capt et ses discours idéalistes plein de fougue ; Kamio et son souci constant du respect de la morale ; Slift et son incroyable témérité..., ce n'est pas sans tristesse que l'on quitte tous ces êtres attachants dont je sais qu'ils me hanteront longtemps. Reste, pour clore cette pluie d'éloges, à mentionner le style incomparable de l'auteur qui offre à ses lecteurs des moments de pure beauté, parfois lyriques, parfois incisifs mais toujours d'une incroyable poésie. Si « La Horde du Contrevent » m'avait permis de complètement m'évader en embarquant pour un voyage extraordinaire, « La Zone du Dehors », elle, a le mérite de nous faire profondément réfléchir, non seulement sur notre société mais aussi sur nous, nos modes de vies, nos aspirations, nos petites révoltes au quotidien.

Quoi de mieux, pour finir, que les mots de l'auteur lui-même, ces mots qui, pour beaucoup, ne manqueront pas de résonner longtemps : « Déchirez la gangue qui scande « vous êtes ceci », « vous êtes cela », « vous êtes... ». Ne soyez rien : devenez sans cesse. L'intériorité est un piège. L'individu ? Une camisole. Soyez toujours pour vous-même votre dehors, le dehors de toute chose. »
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> Salut michemuche tu fais quoi ce soir?
< Salut bison, ce soir je vais au vaisseau écouter boule de chat.
> C'est qui boule de chat ? une chanteuse, un groupe de rock ?
< Pfff !! nan, tu viens d'où le bison, de la planète terre ou de cerclon ?
< Dis moi bison ( coup d'oeil à droite coup d'oeil à gauche) tu serais pas une balance du président A , j'ai pas envie de me faire encuber tu comprend
> Pas de soucis michemuche je suis clean, pas de digicode sur l'ongle ou une quelconque puce identitaire, je ne suis pas clastré ni encarté.
< Bienvenue à la volte mon cher bison, ce soir il y a une réunion au vaisseau avec boule de chat, elle a connue le bosquet dans toute sa splendeur, les membres historiques de la volte : Capt, Kamio, Brihx, et Obffs, unis comme les doigts de la mains, les SUR- VOLTES
> Super michemuche, il y aura des gens connus à la réunion ?
< Oui bison du beau monde, il y a rabanne, stockard, cardabelle, casusbelli, koalas et même bouledegom et j'en oublie surement.
< Tiens bison je te donne le mot de passe sans quoi tu vas faire vitrine.
" Change l'ordre du monde plutôt que tes désirs "
< Surtout bison reste discret tu es un radieux, tu fais parti des voltes, maintenant ta vie est dans la zone du dehors, tu peux participer à la fondation d'Anarkhia 1, première polycité volutionnaire du cosmos habité !
" La maturité de l'homme, c'est d'avoir retrouvé le sérieux qu'on avait au jeu lorsqu'on était enfant ".
Si vous avez envie de découvrir " La zone du dehors" après mon billet c'est que j'aurai accompli ma tache, ce premier roman d'Alain Damasio est une pure merveille.
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- Hello Fils, aujourd'hui je vais te présenter un ouvrage de science-fiction contemporaine : « la zone du dehors » écrit par Damasio, un des rares écrivains français ayant une certaine notoriété. Ici c'est son premier ouvrage, sorti en 1998 et retravaillé par la suite lors de rééditions.
- Et ? Quel est le sujet ?
- Suite à une guerre sur terre, dont nous n'entendrons pas plus parler, un groupe d'hommes s'est installé sur un satellite de Saturne et a fondé Cerclon. Ils sont 7 millions au début de cette histoire. le sujet est avant tout politique au sens noble (vie de la polis). En effet cette société est démocratique au sens où chacun vote, elle offre à tout citoyen une vie confortable et la sécurité. La mobilité sociale est effective puisque tous les deux ans il y a le clastre où chacun va se voir attribuer un nouveau rang en fonction de sa productivité, de l'appréciation de son entourage et de son comportement. Ce rang est manifesté par un nom comprenant 1 lettre pour les dirigeants (A est le premier) et 5 lettres pour le bas de l'échelle sociale. de nombreuses décisions sont prises par des référendums et l'essentiel de la population est globalement satisfait de son sort.
- Par certains aspects cette société ressemble donc à la nôtre ?
- Oui, par la plupart à dire vrai puisque le but de Damasio est avant tout de critiquer avec virulence nos sociétés occidentales contemporaines.
- Qu'est ce qui lui déplaît ?
- Cet auteur, en s'inspirant de Nietzsche (ou plus exactement de Nietzsche relu par Deleuze) et de Foucault va proposer une critique radicale de nos sociétés à travers celle de Cerclon. Pour lui nos sociétés sont des sociétés de contrôle. le gouvernement mais aussi les multinationales, les technologies et les médias manipulent les individus et les opinions pour obtenir le consentement de chacun à une forme d'aliénation. L'individu devient normalisé et perd sa liberté. Il se soumet à une servitude volontaire, accepte une hiérarchie aliénante et finit anesthésié, paralysé dans une vie étriquée et triste. En ayant renoncé à une liberté effective en échange de la sécurité, d'un consumérisme de masse et d'une position sociale il finit en réalité seul et invertébré, malléable et éteint.
- Rien que cela ?! En même temps tu as dû adorer, toi qui ne cesses de critiquer l'abandon des libertés individuelles effectives, le marché de dupes qu'est le consumérisme de masse et le côté invasif et infantilisant de l'État lorsque, par exemple, il impose des étiquettes sur le tabac mais aussi sur les aliments gras. Je sais que tu revendiques le fait que chacun puisse faire ses choix et assumer ses risques en toute indépendance. Tu n'es pas non plus le dernier à dire que les sondages visent à manipuler l'opinion et que la démocratie masque souvent des rapports de forces et une grande brutalité, à déplorer l'absence d'initiative des individus et je pourrais poursuivre. Enfin je te sais passionné par Nietzsche, Deleuze voire Foucault. Damasio est donc ton auteur fétiche du moment ?
- Pas du tout ! À dire vrai j'ai lu ce livre car je n'avais pas aimé du tout « La horde du contrevent », adulé par tout un lectorat et ai aussi peu apprécié celui-ci, pour des raisons voisines.
- Ah ?
- Oui, mais j'en reviens à l'histoire dans un premier temps. Nous suivons un mouvement qui s'oppose à cette forme de consensus mou : la Volte. Il est dirigé par 5 personnes qui forment le Bosquet et que nous suivons durant tout l'ouvrage. Damasio fera d'ailleurs s'exprimer chacun, avec son style, ses préoccupations, sa voix propre durant le récit et c'est très agréable d'avoir des points de vue et un style différent selon la personne qui s'exprime. J'en profite pour dire que l'auteur a une très belle plume, un style soigné, une écriture inventive et organique. Les jeux de mots mais aussi de sonorité ou de sens sont en prime rarement gratuits et servent à rendre le propos à la fois clair et vivant. le personnage principal, car il y en a un, s'appelle Captp et enseigne la philosophie à l'université, ce qui permet à Damasio de le faire disserter et, donc, de développer ses points de vue. Différents lecteurs sont critiques quant à des passages qu'ils trouvent lents et théoriques, complexes parfois aussi, je ne suis pas de cet avis. Ils sont sans doute maladroits mais c'est une oeuvre de jeunesse et ils concourent à la clarté d'exposition de l'ensemble.
- Je comprends de moins en moins tes critiques.
- J'y arrive. Cette Volte va s'opposer aux dirigeants de Cerclon mais aussi à la population pour tenter de la secouer, de la pousser à évoluer, non à se révolter mais à pratiquer une « volition » et à vivre autrement, de façon plus libre. Pour se faire il y aura des actions de plus en plus violentes, des morts et une forme d'apologie d'actions brutales pouvant être associées à une forme de terrorisme. Même si cet ouvrage prétend réfléchir à la question cet auteur, dans la lignée de ses positionnements « anarchistes et à la gauche de toute gauche » (je cite Damasio) revendique clairement le fait que la fin justifie à peu près tous les moyens.
- Oui, tu apprécies peu cette forme de radicalité.
- C'est exact. Je considère que, si chacun doit pouvoir vivre comme il l'entend, cela vaut pour tous, justement, et que nul n'a à dire à autrui comment il doit vivre, encore moins en le tuant. La liberté individuelle peut et doit trouver d'autres voies d'expression. Mais, au-delà, je reproche à Damasio, d'avoir une lecture pauvre et caricaturale de Nietzsche, guère plus juste que celle que voulaient en avoir les nazis en leur temps. Ce philosophe défend bien par exemple la notion de surhomme ou la volonté de puissance mais il parle des idées et de la vie de l'esprit. Et il ne cache pas son mépris pour qui veut enrôler des disciples. Plus généralement les passages où Damasio expose ses idées ne valent guère plus qu'une médiocre dissertation de terminale. Vouloir en faire un écrivain intellectuel me semble abusif, au moins pour le second terme car, je le répète, il a une belle plume.
Au-delà de ce reproche quant à la maîtrise profonde des « grands noms », invoqués plus qu'évoqués, et qui ne sauraient, selon moi, servir de caution intellectuelle à ce roman je vois aussi deux autres points faibles principaux.
Le premier a été relevé par la critique de PdB et elle est que cet écrivain donne aux femmes un rôle de second plan. Elles sont en effet avant tout des objets sexuels ou des mères ou des repos du guerrier. Elles n'ont en tous les cas pas un statut équivalent à celui des hommes. C'est d'ailleurs surprenant pour cette mouvance politique, habituellement dénuée de sexisme. Dommage pour un modèle social se voulant idéal.
Le second, plus général, est que Damasio propose comme modèle alternatif à nos sociétés démocratiques, ici comme dans « La horde du contrevent » d'ailleurs, la constitution d'une micro société associant quelques individus différents et complémentaires qui luttent toujours contre un ennemi dont ils ont d'ailleurs besoin pour assurer leur cohésion. Ici c'est un pouvoir détesté, dans l'autre ouvrage c'est un vent omniprésent. Ce « modèle » repose aussi beaucoup sur la sexualité en dehors du combat, sur des amitiés et inimitiés et sur des liens sociaux forts entre un petit nombre de personnes. L'individu existe aussi avant tout dans l'acte, l'action et pas dans la réflexion. de ceci doit naître la joie, un feu, un « jouir ». C'est un peu court et donne largement l'impression que l'auteur, en réalité, peine à appréhender ce qu'il veut dénoncer à savoir les organisations collectives complexes unissant des millions d'individus et propose un retour à un modèle somme toute très proche d'une tribu idéalisée de chasseurs-cueilleurs confrontés à une nature hostile. Sans doute conscient de cette limite Damasio insiste, dans les sociétés se voulant porteuses de sens de la fin de l'ouvrage, sur l'importance de l'art, de la création, sur le fait de repousser les frontières, mais c'est peu convaincant. Son "modèle" ne semble à dire vrai pouvoir correspondre qu'à quelques mâles jeunes, avec des convictions anarchistes, un penchant pour l'action, la fête, le sexe, des relations sociales peu nombreuses et denses, affectionnant les rapports de force et l'adrénaline voire la violence et abhorrant l'autorité, le consensus et toute organisation où ils ne sont pas dominants... Cela ne fait pas une société mais représente au plus certaines aspirations d'un petit groupe de personnes. Faire société est justement réussir à faire coexister des êtres infiniment plus différents dans ce qu'ils sont mais aussi dans ce qu'ils aspirent à faire, à être, à vivre, à partager.
- Papa tu deviens bavard. Et si tu devais, pour une fois, proposer une synthèse en quelques lignes de cet ouvrage que dirais-tu ?
- Ce livre est l'oeuvre d'un individu de sexe masculin, fort jeune et marqué par un refus épidermique de la social-démocratie. Ces caractéristiques pèsent lourdement sur ce roman qui se veut une critique radicale de nos sociétés et peine à convaincre. C'est encore bien pire lorsque Damasio propose un modèle alternatif qui se voudrait à large portée ou tente de s'appuyer sur des philosophes qu'il caricature. En revanche la plume est belle et souvent inventive, les scènes d'action sont plaisantes et rythmées et l'ensemble se laisse découvrir sans déplaisir à condition de ne pas en attendre trop. Ce peut donc être une lecture agréable pour qui renonce à son esprit critique et se laisse charmer. Pour qui recherche en revanche une réelle réflexion sur ce type d'idées il faut lire Nietzsche, Deleuze Foucault mais aussi Harari ou Stiegler. le lien que j'indique pour conclure, tout en restant d'un accès facile, est bien plus concis, complet et riche qu'un ouvrage de Damasio. Ce peut être une bonne introduction pour une réflexion sur ces concepts.
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Je n'ai jamais aimé les gens préfabriqués(*).
C'est un livre détonant, antisystème, aux idées anars, qui se situe en 2084. L'humanité s'est déplacée autour de Saturne. Et, 100 ans après celle d'Orwell, elle est toujours privée de liberté.
La zone du dehors est un endroit aux limites du périphérique où il n'y a pas de caméras. C'est là que se retrouvent les êtres épris de justice et surtout de liberté. Ce ne sont pas des êtres conformes.

Tous les habitants, que l'on forme, ont leur identité basée sur un ordre alphabétique qui résulte d'un classement annuel par des pairs. Ce classement donne des droits et des privilèges. le président s'appelle donc A et le dernier des 7 millions d'habitants quelque chose comme ZZOPIYG. Les plus mal classés vivent dans une zone radioactive. Les plus aisés ont plus d'oxygène, plus de confort et ils ont surtout le pouvoir.
Mais une opposition souterraine de dresse, commettant des attentats aveugles ... On trouvera dans ce livre alors une résonance particulière par rapport à l'actualité récente. C'est un choc de lecture. Un malaise.
J'ai cependant adhéré à la réflexion de Damasio sur la privation rampante des libertés. Rien que pour cela, il vaut le détour.

(*) extrait d'une chanson de Trust
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Citations et extraits (258) Voir plus Ajouter une citation
- Le problème du capitalisme était donc celui-ci: comment vendre à la plus grande masse possible de gens alors que l'on ne dispose d'aucun moyen de coercition? Terrible problème. La réponse, pendant longtemps, fut: la qualité. Il faut faire un produit de qualité et les gens achèteront parce que notre produit sera, objectivement, le meilleur. Vous comprenez à quel point une telle réponse était ridicule, hors de propos. Car ce qu'il s'agissait de faire était d'atteindre des ventes optimales quel que soit le produit, quelles que soient ses qualités objectives, sinon quel intérêt? Je veux dire: quel intérêt en terme de pouvoir? Alors naquit le marketing, qu'on coupla solidement à la publicité, mais l'ensemble était encore un peu frustre, les cribles trop grossiers… On travaillait au jugé. il fallut attendre l'affecting pour qu'on sorte véritablement de la préhistoire de la manipulation.
Vous savez: on fait comme si la logique capitaliste avait envahit sournoisement le monde politique, y avait transplanté ses méthodes pour finalement en faire un vaste marché où une offre-politicien rencontrerait des demandes-électeurs, et certains s'en étonnent! Mais en quoi faire vendre serait-il différent de faire voter? Et même de gouverner? Ne s'agit-il pas toujours, à partir d'une liberté présupposée, d'orienter des choix? Et pour cela, eh bien, de quels moyens avait-on besoin?
- Des sciences dites "humaines"...
- Oui, mais d'abord des médias. Des médias de masse comme producteurs de l'impact affectif…

(je m'arrête là car c'est déjà long mais toute la réflexion est passionnante)
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Du haut de ce combat répétitif et sans gloire, j'apercevais sans les voir les autres : les consommateurs « passifs », portés par leurs Caddies® autoroulants et je me disais « les pauvres aliénés ! ». J'éprouvais pour eux ce mélange de colère piquée de mépris parce qu'ils se laissaient faire, qu'ils n'étaient pas, comme moi, claquemurés dans la méfiance. Puis aussitôt, suivant le mouvement ordinaire de ma réflexion, je les excusais. Je les « comprenais » :la facilité ou la fatigue, le manque d'éducation à la critique, l'innocence des enfants... Alors montait la révolte, cette fois-ci contre les mercateurs, contre ces diplômés agressifs usant de leur capital culturel pour asservir des conscien- ces inaptes à déjouer leur pouvoir intellectuel.
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La Volte c'est le combat d'après. Celui de la vie après la survie. De la vie lorsque nos organes ne crient plus "faim!", "soif!", "malade!". Personne non plus ne viendra le mener à notre place. Il ne remplacera jamais le premier, non, mais il le relaie. Et lui donne une extension qui, en noblesse et en difficulté, le vaut.
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- A mon avis, la sensation qui amène à cette démission est: puisqu'en vivant libres, nous risquons de nous entre-tuer, vivons en morts vivants, avec des machines pour nous surveiller au dedans comme au Dehors et nous ne risquerons plus rien!
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Le pouvoir n'est pas une substance ou un fluide magique que le Président, qu'une classe ou un appareil d’État posséderait en propre comme une chose. Personne ne peut vraiment dire ce qu'est le pouvoir en démocratie car le pouvoir est essentiellement... multiple... diffus, il s'exerce avant de se posséder... Mais il ne s'exerce que dans des rapports complexes et entrelacés, au sein d'un écheveau de lignes qui se coupent ou se nouent étroitement : médias, religions, multiplanétaires... syndicats, groupe de pression... peuple... président même... Si vous cherchez LE Pouvoir, vous ne ne le trouverez jamais, parce qu'il est partout.
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Vidéo de Alain Damasio
Dimanche 14 avril - Lecture performée d'Alain Damasio en musique
Une lecture performée à l'Agora du Festival du Livre de Paris par Alain Damasio autour de son ouvrage inédit, "Vallée du silicium" (Villa Albertine/Seuil), accompagnée à la guitare par Yan Péchin.
Notre site internet : https://www.festivaldulivredeparis.fr/
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