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EAN : 9791032901687
416 pages
Éditions de l'Observatoire (21/03/2018)
4.5/5   13 notes
Résumé :
La fatigue de l’être humain a bien des couleurs. Il en est de légères et de lourdes, de printanières et d’hivernales. Quelles sont celles de notre époque, anxiogène comme peu, où crises sanitaires et politiques s’enchaînent sans désemparer ? Point besoin d’être grand clerc pour constater qu’elles sont plus volontiers mauvaises que bonnes. Parce que rien n’est plus fatigant qu’une angoisse, plus défatigant qu’une joie, et que joies se font rares.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Honnêtement, je ne lis pratiquement jamais d'essais, et des essais philosophiques encore moins. Mais pourquoi avoir coché ce titre lors de la dernière opération Masse Critique ? le titre a attiré mon attention : « Ode à la fatigue », comment célébrer une sensation si désagréable ?
En commençant par écrire le mot en lettres capitales dans une jolie couleur dorée qui contraste merveilleusement bien avec la couverture bleu sombre. « Graver en lettres d'or », la fatigue se trouve d'ores et déjà embellie !
Il est vrai qu'une ode peut aussi être triste et traiter d'un sujet désespérant, ce choix d'écriture, très original, permet à l'auteur d'aborder la fatigue sous différents angles.
L'introduction nous présente ses motivations, liées principalement à l'universalité de ce sentiment : «Ils n'en mourraient pas tous, mais tous étaient frappés » et à la pauvreté des écrits consacrés à ce sujet.
Dans le prélude qui suit, Eric Fiat nous parle des origines de la fatigue. Des considérations sur le passage du temps et ses effets sur les objets/machines, les plantes et les animaux nous permettent de comprendre ce qui distingue la fatigue de l'Homme des autres : « l'homme nous semble occuper une place particulière ».
La strophe est consacrée aux bonnes fatigues. Conséquences d'activités choisies, d'activités qui ont un sens, elles permettent un bon repos. Ce sont les fatigues enfantines, l'enfant qui vit plusieurs vies en une seule journée, grâce aux jeux et à son inépuisable curiosité face au monde qu'il découvre « on dirait que je serais… ».
Nous grandissons et confrontés à un environnement confus, à un rythme accéléré et à des contraintes de plus en plus marquées, nos fatigues deviennent mauvaises et le repos est de plus en plus difficile, ce qui fait l'objet de l'antistrophe dans laquelle je me suis réellement reconnue. « Une vie fatiguée n'est autre chose qu'une vie pauvre en possibilités et riche en impossibilités ».
L'épode nous présente enfin les bienfaits de la fatigue. La somnolence, la baisse d'attention, la diminution de la vigilance nous inciteraient à nous retirer du monde, à interrompre les interactions avec notre entourage et nous permettraient par là-même de nous « recentrer », de prendre le temps de nous écouter et de gagner en richesse intérieure. Vaste champ de réflexions que je n'ai pas fini d'explorer !
Une lecture qui a tenu toutes ses promesses, l'examen minutieux de la fatigue m'a permis de mieux l'appréhender. En ouvrant ce livre, je me disais que pour bien combattre son ennemi il fallait apprendre à le connaître. En le refermant, je n'ai plus forcément envie de m'opposer, j'accepte plus facilement ma vulnérabilité qui fait de moi un être humain. Je reste lucide, le monde actuel exige de nous d'être toujours plus performants, je connaîtrai probablement encore de nombreuses mauvaises fatigues, car « le métier d'homme est difficile », mais j'espère les aborder plus sereinement.
Un grand merci à Babélio et aux éditions de l'Observatoire pour cette lecture enrichissante.

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Chanter la fatigue dans tous ses états ? Quelle drôle d'idée !
Alors même que ce fléau immémorial s'actualise dans la tyrannie gestionnaire et managériale, il faut toute la force de persuasion et aussi, dans une certaine mesure, malgré la gravité du sujet, l'humour léger dont fait preuve Eric Fiat dans cet essai pour apprécier pleinement sa démarche philosophique.
Rien de compassé dans cette Ode, à la fois savante et accessible. Si l'auteur ne fait pas l'économie de concepts parfois ardus il sait les éclairer par des exemples très parlants, souvent issus de la culture populaire (chansons, films, bandes dessinées, contes et fables). On peut par exemple en quelques lignes sauter de Heidegger à Sacha Distel, de Victor Hugo à Michel Fugain. Les fablesDe La Fontaine, toutes en légèreté, servent souvent de fil conducteur. La musique savante a aussi sa place, notamment les Leçons de Ténèbres de François Couperin et deux cantates de Bach, dont la célèbre "Ich habe genug"...
Après avoir cerné les différents aspects de la fatigue dans son prélude, Eric Fiat évoque les "bonnes fatigues" dans sa strophe puis les "mauvaises fatigues" dans son antistrophe. Il plaide au final pour une acceptation de la fatigue, mais sans fanfaronnades ni masochisme. Par la réduction de nos capacités qu'elle nous impose elle est aussi opportunité de nous faire plus humains, notamment à travers l'attention qu'elle nous pousse à apporter aux autres.
Eric Fiat se confie parfois dans cet ouvrage : oui, il sait pour le vivre ce que grande fatigue veut dire. Il transparaît toutefois une détestation de sa part de la paresse, qui m'a semblé assez surprenante, comme s'il avait encore à justifier sa fatigue de la crainte de paraître "trop s'écouter". Il confesse aussi en faire parfois un peu trop pour convaincre, ce qui en effet m'était passé par l'esprit à plusieurs reprises, notamment par une citation tronquée de Baudelaire à mon sens bien peu probante dans le contexte où elle est placée. Mais ce sont des broutilles par rapport à la réussite de cet essai philosophique qui m'a passionné.
J'ai eu le plaisir de découvrir cet ouvrage grâce aux Editions de l'Observatoire et à Babelio dans le cadre de "Masse Critique".
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Étudiante en lettres modernes, il m'arrive de plus en plus souvent de lire des essais littéraires sur les différentes époques, mouvements, genres, etc… Mais instinctivement, je ne m'intéresse généralement pas aux essais actuels et, surtout, à ceux qui n'ont pas un lien propre avec la littérature. Et j'ai bien souvent tort si je me réfère à ce nouvel essai d'Éric Fiat, Ode à la fatigue. Je voudrais remercier Babelio et les éditions de l'Observatoire grâce à qui j'ai pu découvrir cet essai que je n'aurais sûrement jamais lu sans la Masse Critique Babelio. Pourtant, on est tous un jour ou l'autre touché par cet état, tantôt un fardeau, parfois la preuve d'un effort salvateur, la fatigue. Comme il est écrit sur la quatrième de couverture, ce thème est universel et pourtant, peu d'ouvrages s'attachent à l'expliquer en profondeur. Il y a bien Jean-Louis Chrétien (De la fatigue), Alain Ehrenberg (La Fatigue d'être soi. Dépression et société), Paul Lafargue ( le Droit à la paresse) et différents autres auteurs et essayistes qui se seront emparés de ce sujet apportant leur vision exposée parallèlement à celle du monde, de multiples visions qu'Éric Fiat ne va cesser de présenter pour argumenter toujours davantage son propos.

Car, qu'est-ce que la fatigue ? de quoi résulte-t-elle ? Qu'est-ce qu'elle peut apporter et comment la vaincre ? Et même, peut-on véritablement la vaincre ? Jouant avec les mots, créant un mélange de ton entre humour et essai augmentatif, Éric Fiat propose une manière de comprendre toutes sortes de fatigues, de les différencier pour ensuite réussir à composer avec elles. Car le but de cet essai n'est pas de vous offrir en dix leçons la manière de garder la pêche du matin au soir sans aucun coup de mou. Les instants de fatigue sont inépuisables notamment au XXIème siècle où tout doit aller toujours plus vite. Courir, courir toujours plus vite. Comment alors ne pas s'essouffler, se questionner, parfois se démoraliser ? Physique ou mentale, positive ou négative, la fatigue nous accompagne souvent sans y être invitée. Par ses mots, ses références et inspirations, sa vision de notre société, Éric Fiat offre avec l'Ode à la fatigue une manière de mettre cartes sur table, de faire face à cet état de fatigue, mauvais ou bon. Il s'agit alors de présenter les mauvaises fatigues en différenciant la fatigue avec la paresse puis les bonnes fatigues qui se dévoilent lors d'un travail bien accompli où l'on a tout donné, d'une victoire sportive ou encore d'une réussite amoureuse pour l'amant exalté.

Il s'agit également de montrer que la fatigue résulte de plusieurs aspects de la vie, de la capacité de l'homme à se sentir éprouvé par le temps, à se souvenir du passé et à appréhender l'avenir, à ne pas finalement rester bloqué dans un présent infini où le temps serait comme figé et où la fatigue ne serait pas perceptible. La conscience de l'être humain l'amène à comprendre ses maux, ses dons. Les animaux, les végétaux, peuvent-ils ressentir réellement de la fatigue ? Sentent-ils le poids de la vie sur leurs épaules ? Comprennent-ils la valeur éphémère de l'existence ? En explorant divers sujets, diverses théories qui amènent à toujours se questionner sur le thème principal de cet essai, Éric Fiat passionne par sa manière de mener le lecteur au plus près de la nature humaine et de lui montrer les champs des possibles. Jouant souvent avec les mots, il nous permet de comprendre mais aussi de conserver notre intérêt intact lors de cette lecture vivifiante et inspirante. J'ai été réellement captivée par la majorité des sujets explorés dans cet essai, particulièrement lors des questions autour du rapport entre l'homme et le temps, entre l'intelligence humaine et l'instinct animal et par la dernière partie de l'oeuvre qui peut aider à composer avec les difficultés que chacun peut rencontrer face à cette fatigue qui peut prendre diverses formes et peut rester présente pendant un temps indéterminé.
Lien : https://entournantlespages.w..
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Ca fait du bien de trouver un livre sur la fatigue.Pas très stimulant et porteur comme thème mais tellement actuel et près de la réalité de notre société. Il s'agit d'un traité philosophique avec de nombreuses références des plus sérieuses et classiques aux plus modernes.L'importance de l'humour amène une belle légèreté dans le propos.J'ai particulièrement apprécié la description de l'acédie, équivalent de notre burn out au moyen âge ,l'accent mis à juste titre sur ce même symptôme qui touche gravement les soignants et la dernière partie qui nous donne des clefs pour prendre sa fatigue autrement.
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Ce musicien philosophe (le contraire est vrai aussi) nous offre un essai sur les fatigues, qu'est ce que c'est d'être fatigué ? Qu'est ce qui nous définit par rapport à l'autre, à nous, au temps ? L'être fatigué n'est plus en phase ni avec lui-même, ni avec les autres, ni avec son environnement. 3 chapitres structurent ce brillant essai : strophe, antistrophe et épode.
Tout un programme qui n'est pas que littéraire mais aussi musical et drôle.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les métaphores mécaniques sont courantes : on se dit cassé, claqué, brisé, crevé, à plat, rétamé, HS, au bout du rouleau… Dans ces termes doit s’entendre l’espoir de « réparer les vivants » comme on répare des objets. Mais l’homme las ne se répare pas plus comme une machine que l’homme affamé ne se restaure comme un vitrail.
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N’est-il pas fort légitime de faire l’éloge de la fatigue ? La fatigue ne fait-elle pas partie de la condition humaine comme telle ? N’est-elle pas la noble attestation de l’émouvant effort que fait tout homme pour essayer de > ( tâche infinie, que son inachèvement ne laisse pas d’être belle) ? le dit témoignage de cet effort là ? N’est-il pas voué à la fatigue, celui qui fait le dur métier d’exister ?
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Voici ce que Heidegger nous apprend : qu’indépendamment de notre capacité psychologique d’être soucieux ou incures, prévenants ou indifférents, nous sommes en nos profondeurs même soucieux, préoccupés et prévenants, nous efforçant d’être, de comprendre le sens de l’être et d’assister autrui. Et pourquoi sommes-nous ainsi ? Parce que quel que soit notre métier, notre métier est d’exister.
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Puisque à la fatigue nous n’échapperons pas, au moins tentons d’en choisir les raisons. De même que toute douleur n’engendre pas une souffrance, de même tout fatigue n’engendre pas une lassitude.
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Un mal qui répand la terreur,
La fatigue (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Faisait aux êtres humains la guerre.
Ils n'en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.

(citation modifiée de Jean de La Fontaine, Les Animaux malades de la peste, Eric Fiat, Ode à la fatigue, p. 13)
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Videos de Eric Fiat (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eric Fiat
Intervention de Eric Fiat, professeur de philosophie, responsable du master d'éthique, Université Gustave Eiffel, lors du colloque "La médecine confrontée aux limites" au Collège des Bernardins.
Pour en savoir plus : https://bit.ly/3ooeImo
Le Collège des Bernardins est un espace de liberté qui invite à croiser les regards pour cheminer dans la compréhension du monde et bâtir un avenir respectueux de l'homme.
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