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EAN : 9782221193310
1024 pages
Bouquins (09/02/2017)
4.36/5   11 notes
Résumé :
Publié pour la première fois dans sa version intégrale, le Journal de Matthieu Galey, amputé lors de sa parution de ses passages les plus sulfureux, traverse, de 1953 à 1986, plus de trente années de vie littéraire, mondaine et politique.
Observateur passionné et désenchanté d'une comédie parisienne qu'il est amené à beaucoup fréquenter, par curiosité autant que par nécessité professionnelle, Matthieu Galey, journaliste et écrivain, tenait en secret ce journa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Jubilatoire, brillant, féroce, drôle, touchant; il n'y a rien à jeter dans ce journal tenu pendant 33 ans par Galey, critique littéraire et de théâtre pendant toutes ces années.
De 19 ans à 52 ans, Galey observe ses contemporains avec gourmandise et relate leurs faits et gestes avec une régularité qui force l'admiration. Sa plume est avant tout au service de l'art, sans nier les effets de cour et les petits marchandages. Il sait aussi admirer et tout aussi bien l'écrire.
Galey parle très bien également de sa famille, des liens tout en pudeur qu'ils entretiennent, les siens et lui. Il évoque souvent, voire énumère, ses histoires d'amour et de baise.
Les derniers mois sont remarquables de courage et de lucidité; un belle leçon de vie sur la fin programmée d'une existence que l'on peut juger au regard de ce Journal, bien remplie, fertile; témoignage nécessaire d'une époque où la littérature était un sujet.
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Lu dans les années 80, lorsque Grasset publia, après sa mort, en deux volumes, ce Journal à la fois intime et littéraire. Je n'avais pas le souvenir que cette publication, à l'époque, avait été sérieusement caviardée (scènes trop explicites liées aux aventures sentimentales de l'auteur, portraits acides de contemporains encore en vie...). Bouquins a eu la bonne idée de rééditer ce texte dans son écriture originelle, l'occasion de lire ou de relire l'un des très bons critiques littéraires des années 70 - 80.
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J'avais déjà lu et apprécié la version expurgée en deux volumes (expurgée par Jacques Brenner si j'ai bonne mémoire). Cette réédition, complète cette fois, permet de lire le journal d'un des plus grands critiques de son temps, qui a fréquenté tout ce que son époque a compté comme littérateurs. Les passages plus personnels font de ce livre une oeuvre forte et touchante.
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Matthieu Galley n'est connu que de quelques amoureux du théâtre et du "Masque et la Plume" de France Inter (où il sévit quelques années)... et c'est bien dommage, car il fut l'un des meilleurs diaristes de la seconde moitié du XXe siècle. de la fin de la Deuxième Guerre mondiale aux derniers instants de sa vie (il meurt de la maladie de Charcot), il nous offre un panorama de la vie culturelle française absolument remarquable, non sans dévoiler un peu de sa vie privée (et ses rencontres avec quelques garçons).
Matthieu Galley se rêvait en grand écrivain, mais conscient du talent littéraire qu'il fallait avoir pour oser publier, il préféra être un observateur et un commentaire de la vie culturelle, nous offrant des pages sublimes sur les monstres sacrés de l'époque (sa visite à Jean Cocteau est une merveille du genre).
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Une belle découverte, ce journal de Matthieu Galey. J'étais encore bien jeune lorsqu'il est décédé et ne m'intéressais pas à la littérature de façon si approfondie. J'y ai rencontré de nombreux auteurs connus ou inconnus et plein d'anecdotes.
La partie concernant sa maladie et sa fin de vie m'a particulièrement touché.
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critiques presse (2)
Actualitte
18 avril 2017
Il m’aurait été désagréable de passer à côté de cette œuvre attachante dont la lecture m’a procuré une des plus grandes délectations littéraires de ces derniers mois.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Culturebox
15 mars 2017
Sec et cynique souvent, introspectif parfois, le texte devient bouleversant quand l'écrivain, atteint d'une maladie incurable, se sait condamné.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
21 janvier 1953

Messe anniversaire de la mort de Louis XVI, à Saint-Germain-l'Auxerrois. Spectacle comique et gratuit. J'imaginais bien toutes ces moustaches blanches, ces barbiches, et les perruques des douairières, mais je ne voyais pas leurs tenues si râpées, si modestes. Certains couples, presque misérables, venaient manifestement d'un manoir aussi délabré que leur vêture. De rares jolies jeunes femmes élégantes représentaient néanmoins ce qui reste de la haute aristocratie. j'aperçois le frère du petit Rohan-Chabot, et le vieux duc de Doudeauville, notre voisin rue de Babylone, tiré à quatre épingles, guêtré, canne et cronstadt à la main, flanqué d'une octogénaire extravagante.
Elle est fardée à la mode du Grand Siècle, avec de la poudre blanche et des taches de rouge, vives comme des blessures, sur chacune de ses pommettes. Elle porte une cape de velours noir sans âge, ornée d'un col de chinchilla, et un amas de chiffons sur la tête, genre nid-de-pie, en guise de chapeau. On murmure autour de moi qu'il s'agit de "la princesse". Princesse de quoi ? De Chaillot, peut-être.
Je rencontre là mon copain de G., fervent pendant la messe, et divers godelureaux de ma génération à qui je n'aurais pas cru ce vice caché, le royalisme. J'ai vu, de mes yeux vu, des dames pleurer, partagées entre la pitié, l'émotion, même, et un petit chatouillis robespierriste me titille. A la sortie, un vieillard me serre la main. Pour qui m'a-t-il pris ? Quelqu'un de la famille ?

page 3
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10 mai 1962. Roscoff

Lettre de Chardonne. -"...Je suis arrivé un dimanche particulièrement religieux (communions) : une ville sainte. Roscoff en mai, ce n'est pas Roscoff en été. Pas une voiture ; le soir, une ville morte, comme Barbezieux en 1900. Enfin un autre monde.
"Seule, l'animation du port : une foule de beaux gars, sans femmes. C'est là ou vous logerez, si vous venez fin août. En ce moment, c'est le carnaval des choux-fleurs ; des chars pleins de caisses, défilé, rassemblement : on embarque cette marchandise le soir, pour Londres ou Rotterdam. Elle a passé par beaucoup de mains. J'ai vu cela de près. Magie du "capitalisme". Il a construit (par l'anarchie) une mécanique bien subtile. Les communistes y mettront la raison, l'ogre, la pureté, l'égalité, et on ne verra plus de choux-fleurs.
...."A Roscoff, on ne connaît pas le frigidaire ; tout garde sa saveur. Il faut aimer le beurre, les huitres, les crabes, si délicats. Ici, j'ai même un peu d'appétit.
"Je ne parle à personne. Les petites bretonnes sont pieuses et sauvages. en première (le train) toutes les femmes sont laides ; quelquefois, en seconde, une gentille frimousse. Il n'y a plus de troisième ; jadis Pierre Loti et Gide voyageaient toujours en troisième. Des chasseurs."

page 210
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L' immense foule qui vient d'accompagner Sartre de Broussais au Cimetière Montparnasse, non sans piétiner quelques croix au passage. Le fils de Todd est même à l'hôpital, ayant reçu un bout de pierre tombale sur le bras.C'est à la fois superbe et consternant. La rëflexion naive de ce dame du XIVeme à sa fenêtre, étonnée par ce rassemblement: «Vous ne me ferez pas croire que tous ces gens-là connaissaient Sartre!» traduisant sans qu' elle s'en doute une inquiétante vérité. Aux obsèques de Victor Hugo il n etait guère de personnes qui ne connussent au moins un vers de Victor Hugo, des titres, quelque chose, et l'histoire de son exil à défaut du reste La, rien. L'immense majorité n'a jamais lu Sartre, ne peut pas le lire; elle enterre un symbole, un porte-parole (mais on ne sait pas laquelle) : à la limite, elle s'enterre elle-même.
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1er juillet 1961
Coiffée d’ une espèce de casquette de paille noir, les yeux faits à la suie, ses épaules de moineau couvertes, malgré la canicule, d’une étole de renard bleu, c’est un cadavre ambulant, avec un sourire de Dracula qui glace les sangs : la baronne Blixen voyage, suivie de son imprésario et de sa secrétaire. Arrivé tôt, je me trouve assis quelques minutes entre le squelette gothique et la réfrigérante duchesse de La Rochefoucauld. L’une parle un rauque anglais, l’autre et d’une surdité murale. Situation de cauchemar.
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26 août 1963

Puis il se retourne vers le paysage, la mer qui brille au soleil. "Pour Apollinaire, la seule mer, c'était la Méditerranée. Pour moi, c'est celle-ci, changeante, contrastée. L'autre, bleue six mois de l'année, on l'oublie. Mais celle-ci, un rayon de soleil, et la voilà bleue, un instant, rien que pour soi ! "

...Il ajoute : "J'ai tout eu, je suis un homme comblé. C'est pourquoi je suis plus malheureux que tant d'infortunés, qui ont connu toutes les épreuves."

page 240
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Journal intégral 1953-1986 de Matthieu Galey

Le 21 janvier 1953, Matthieu Galey relate avoir assisté à la messe anniversaire de la mort de … , à Saint-Germain-L'auxerrois. "Spectacle comique et gratuit". De quel souverain s'agit-il ?

Louis IX
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