Jean François
MILLET, un peintre subversif
Son oeuvre est trop souvent réduite à une seule toile. L'Angélus, aussi célèbre qu'émouvante, devenue une espèce d'icône de la vie rurale au 19e siècle, révélatrice du monde agricole et pastoral auquel Jean François
Millet a consacré l'essentiel de sn travail. Partout reprise et banalisée elle éclipse les autres. Pourtant, il existe à côté de ce tableau « quotidien et universel » beaucoup d'oeuvres aussi fortes, oubliées, mal connues et délaissées sans raison, qui mettent tout autant à l'honneur l'existence des paysans, les difficultés des travaux rustiques, la condition sociale des familles d'alors dont
Millet se fait le porte-parole, grâce à une palette aux tons chauds.
Il ne faut pas cantonner sa vaste production au berger méditant, au semeur, au moissonneur, à la mère et aux enfants, tous placés dans un décor de meules, de villages, conduisant des troupeaux paisibles. Aussi à l'aise avec le fusain et le pastel qu'avec le crayon noir et l'eau-forte,
Millet sait renouveler sa manière de choisir et traiter ses sujets, comme l'explique l'auteur de cette somme consacrée à celui qui rejoint Barbizon en 1849.
Si
Millet peut se voir attribuer des qualificatifs comme médiéval et biblique, il sait aussi être « subversif » et épique, notamment lorsqu'il peint Agar et Ismaël ou Les Etoiles filantes. Ses pages somptueusement illustrées prouvent combien
Millet au réalisme mêla le rêve, l'élégie à la nature. Une oeuvre à admirer et qui est matière à beaucoup réfléchir, selon les mots de Redon.
D.V. le Magazine des arts n°12