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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel coup de poing formidable dans l'édifice parfois poussiéreux de la littérature ancienne que ce recueil! Moi qui ne suis normalement guère adepte de nouvelles, celles-ci m'ont ravi au plus haut point. Cinq nouvelles à la fois cohérentes entre elles et toutes bien singulières.On pourrait les définir dans l'ensemble comme fantastiques, ironico-caustiques et le plus souvent avec une belle pointe de drôlerie. On pourrait dire que Gogol fait de la nouvelle fantastique engagée, car il est notamment très virulent à l'égard des fonctionnaires (de l'époque, c'est-à-dire du Tsar) et des hautes classes de la société en général. Comme leur nom l'indique, elles ont toutes pour cadre la ville de Pétersbourg, actuelle Saint-Pétersbourg.
Ma préférence va probablement à celle intitulée "Le manteau". Dans cette nouvelle, Nicolas Gogol nous accoquine au quotidien d'un modeste copiste, fonctionnaire mal payé d'un ministère, qui arbore un manteau si élimé qu'il laisse presque voir le jour, ce qui n'est pas sans conséquence quand on connait le climat de cette ville (surtout à l'époque, le réchauffement n'était pas encore passé par là!). le grand événement de sa petite vie va donc être l'acquisition d'un nouveau manteau, qui représente une fortune pour sa maigre bourse.
"Le journal d'un fou" est une nouvelle où au travers du journal intime d'un fonctionnaire on assiste à son naufrage dans la folie, par touches, par degrés successifs.
"Le nez", peut-être la plus corrosive de toutes, est vraiment comparable à du Kafka (en plus drôle et plus caustique), où l'absurde tient une place prépondérante. On pourrait hasarder beaucoup d'interprétations à propos de cette nouvelle à la signification ambiguë. J'y vois pour ma part une dénonciation de la société des apparences et de la superficialité, on dirait aujourd'hui "le monde bling-bling". Néanmoins (je sais, c'est facile le coup du nez en moins!), bien malin celui qui pourrait se vanter de déceler l'ampleur que l'on peut faire porter à un tel texte où si peu de notions sont explicitement assumées et où tant sont suggérées.
"La perspective Nevsky" traite du destin de deux jeunes hommes frappés au même instant par la vue d'une femme (différente) dans cette rue qui se nomme la perspective Nevsky. L'un, peintre, romantique, l'autre, militaire, irrévérencieux.
"La calèche" est une toute petite nouvelle, qui étonnamment ne se déroule pas à Pétersbourg mais dans une bourgade peu engageante et où l'on assiste à une bouffée d'esbroufe d'un citoyen peu tenace à l'alcool, ce qui est un péché lorsqu'on est russe!
Enfin, "le portrait" est une nouvelle plus symbolique, très personnelle sur le monde artistique, où l'auteur livre manifestement un certain nombre de ses convictions sur l'art. le destin d'un jeune peintre malheureux va être bouleversé par l'acquisition d'une toile à quatre sous achetée chez un marchand de croûtes.
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Je l'avoue, les auteurs russes me font peur. Quand sont évoqués les grands noms de la littérature russe, ce sont les mots austérité et froideur qui me viennent à l'esprit. J'avais bien fait quelques rares tentatives dans mon adolescence, toutes soldées par des échecs. Il faut dire que "souvenir de la maison des morts" de Dostoïevski n'est sans doute pas le choix le plus judicieux pour se familiariser avec cette littérature. Les années passant, j'ai grandi, j'ai mûri. J'ai donc décidé de retenter l'aventure russe. Pour débuter en douceur, mon choix s'est porté sur "nouvelles de Petersbourg" de Nikolai Gogol. D'une part parce que le format cour des nouvelles permet une mise en bouche plus facile et d'autre part parce que Gogol me parait plus accessible que les géants Dostoïevski ou Tolstoï. Cette nouvelle tentative a été un succès. J'ai beaucoup aimé cette lecture.

Si "la calèche" m'est apparue comme très anecdotique et si "Rome" ne m'a pas emballée, j'ai en revanche adoré les autres nouvelles qui composent le recueil. "La perspective Nevski", "le nez", "le portrait", "le manteau" et "les carnets d'un fou" sont de formidables récits bénéficiant du grand talent de Gogol.

On pourrait louer sans fin la justesse de la caractérisation des personnages, la profondeur psychologique de ces hommes et femmes qui en quelques pages prennent vie. On pourrait louer sans fin la finesse de la peinture sociale de ces récits et la qualité des descriptions de la ville. Elles sont d'une telle précision que c'est comme si le lecteur arpentait lui-même ces rues, ces quartiers.

Gogol est surtout et avant tout un formidable conteur. Il parvient à happer le lecteur à partir d'un rien. Et il est à l'aise dans tous les registres. le drame, bien sûr. Comment ne pas être ému par le destin de Piskariov ou de Akakiévitch.
Mais aussi la comédie. Et oui, Gogol est drôle, très drôle même. Même les récits les plus tragiques sont illuminés de petites touches humoristiques savamment distillées ça et là. Que dire de la nouvelle "le nez" ?! C'est tout simplement un bijou d'humour absurde et nonsensique qui aurait presque pu être adapté par les Monty Python. de même la nouvelle "les carnets d'un fou" est très drôle, démarrant de façon assez classique puis évoluant en un crescendo complètement fou.
Gogol tâte aussi du fantastique, par petites touches subtiles et très efficaces dans plusieurs récits. La nouvelle "le portrait" offre même un passage absolument formidable dans lequel un personnage sort d'un tableau. Cette séquence terrifiante est tellement bien racontée que j'en ai eu des frissons. Gogol, maître du suspense et de l'épouvante...

Bref, ces "nouvelles de Petersbourg" m'ont fait ressentir toutes sortes d'émotions, de sensations et surtout m'ont permis de découvrir un auteur dont je ne manquerai pas de lire d'autres oeuvres. Et puis maintenant, j'ai moins peur des russes. Alors, qui sait, peut-être bientôt oserai-je Dostoïevski ou Tolstoï.

Challenge Multi-défis 2017 - 10 (item 27 : un livre d'un auteur russe)
Challenge XIXème siècle 2017 - 2
Challenge ABC 2016-2017 - 15/26
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Quel plaisir, quel bonheur constitue la lecture de ce recueil de nouvelles variées, parfois corrosives, toujours profondes et originales ! Que de plaisir, de bonheur ! Que de lectures plaisantes ! ( Je recommande tout particulièrement le Nez et le Portrait, mes deux préférés ) il y a là tant de qualités, que si je devais toutes les énumérer, mon billet serait, je crois, aussi long que le livre entier. Entre la corrosive nouvelle du Nez, le métaphysique écrit que constitue le Portrait, le simple mais dramatique Manteau, que dire, que penser, où donner de la tête ? Pourtant, malgré cette diversité, on sent bien Gogol dans toutes ces nouvelles, et ça me plaît bien, car j'aime sentir un auteur en lisant ces écrits.
En conclusion, que dire sinon que ce sont d'excellentes nouvelles, que je conseille très fortement ?
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N'ayez pas peur des russes !

Autant le dire de suite, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en ouvrant cet ouvrage de Gogol. Etant un parfait profane en littérature russe (voire même un béotien littéraire ?), j'ai récemment réentendu parler de cet écrivain lors d'échanges sur Sens Critique. de plus, le fait qu'il soit souvent cité parmi les inspirations de Dostoïevski et ayant quelques points communs avec Franz Kafka qu'il a précédé, je ne pouvais qu'être attiré par ce bon vieux bougre de slave. Et pour commencer son oeuvre, avoir une première approche du style de l'auteur, j'ai freiné mon envie débordante d'avaler goulûment Les âmes mortes et jeté mon dévolu sur un recueil de quelques unes de ses nouvelles.

Comme l'indique assez clairement le titre du recueil, chacune des nouvelles prend place dans la ville de St Pétersbourg, sorte de Babylone moderne, lieu mystérieux, dangereux où sont condensés les vices, les malheurs et les drames humains et où l'imaginaire prend souvent le pas sur la réalité.

On pourra louer le recueil de nous proposer, contrairement à beaucoup de regroupement de nouvelles, des histoires d'une qualité homogène, et étant clairement dans le haut du panier de ce que j'ai pu lire, chacune pouvant être un bonne place d'un top sens critique sur les nouvelles. Bon, en même temps, avec 5 nouvelles assez « longues » on est loin du foisonnement des recueils De Maupassant par exemple, d'où une lassitude sans doute plus difficile à atteindre.
Mais entre le Nez, où un homme recherche son nez disparus et qui se retrouve ostracisé, Lettre d'un fou le récit d'un homme sombrant dans la folie, le Manteau où un individu ne vie que pour son brave vêtement ostentatoire, la perspective Nevsky sur deux tentatives de… drague pourrait on dire déçues par le jeu des apparences, ou encore le Portrait où un artiste met de côté ses principes sous une influence mystérieuse. Bref il y a de quoi faire !

Je ne sais pas si les romans de Gogol ressemblent à ses nouvelles, mais si c'est le cas, je suis conquis d'avance. Et ceci, tant pour la forme que le fond ! Tout d'abord, contrairement à un pressentiment d'une lecture, d'un style assez terne et maussade, j'ai été agréablement surpris, que nenni mes chers amis d'un tel pressentiment ! L'univers de Gogol est d'un foisonnement rarement vu, développe un environnement fantastique en plein milieu d'un style réaliste. C'est le mélange des genres. Et ça marche. D'autant plus, qu'en parallèle de son univers déluré, surréaliste et parfois complètements absurde, les nouvelles sont la plupart du temps d'une drôlerie assez déstabilisante au départ mais qui fait mouche continuellement. Ajoutez à cela à cela une acceptation complète de l'irréel de la part des personnages pour rendre le tout encore plus cocasse et décalé.
Pour ce qui est de son écriture, Gogol a une plume très fine et légère, on ne s'ennui pas, et l'émotion ressort du style du russe, pour notre plus grand plaisir. Et ça reste assez différent du style de Dostoïevski (tout en ayant quelques points communs)
A noter aussi dans certaines nouvelles un sens du récit atypique où les points de vues de la narration changent régulièrement, nous déstabilisant un peu par moment mais nous mettant un petit sourire aux lèvres tant cela est bien trouvé (passant de la première personne, à un point de vue omniscient à un narrateur d'adressant directement au lecteur !).

Le fond, très social, est aussi accrocheur que la forme dans ces écrits de Gogol. Et notre cher auteur russe a la critique acerbe, les dents bien aiguisées, une vision sombre, pessimiste, quand il décrit les personnages de ses histoires et les péripéties que ceux-ci rencontrent. L'Homme est rarement vertueux dans ce recueil, tant il est dominé par ses passions, vices et les facilités, au mépris de certains idéaux et principes pourtant affichés au départ.
Un peu comme dans le Double de Dostoïevski, Gogol croque de manière caustique le côté sombre de la bureaucratie (et oui mon cher Weber), ce petit monde des fonctionnaires où la hiérarchie est reine, les instincts de jalousie, d'ambition dominent et où l'apparat, le paraître est roi, et cela tant du côté du bas de l'échelle qu'en haut de la pyramide.
J'ai aussi été conquis par ses écrits sur le monde de l'art, dans la nouvelle le Portrait, qui révèle bien la difficulté de vivre, d'être pleinement soi dans ce milieu. Où l'on voit le jeune peintre, atypique dans son style et ses toiles, novateur même pourrait on dire qui ne parvient pas à percer et vit dans une grande promiscuité. Alors qu'il connaît la gloire en adoptant le style mainstream pourrait on dire, qui plait tant aux grands bourgeois superficiels, qui se traduit par la production de portraits idéalisés au contraire de son style plus réaliste. Il cède à la facilité, mais au bout du chemin, c'est bien une impasse qu'il rencontre pour avoir agit de la sorte. L'argent est roi dans ce monde vain.
A noter aussi des passages d'une rare « poésie », hypnotiques, comme ce début de la nouvelle la perspective Nesvky où l'auteur nous décrit, nous narre selon les heures de la journée toute la faune humaine qui passe et repasse dans ce lieu, chaque heure ayant son propre bestiaire.
Gogol, grand révélateur de l'absurdité humaine, entre cynisme et burlesque, pour un parcours semé de surprises et d'un résultat pétillant, qui nous fait frétiller les papilles. A table !

Enfin bref, pour en finir avec cette critique un peu foutraque, je veux juste dire que je conseille ce recueil à tous, et notamment aux jeunes padawans littéraires ayant quelques a priori négatifs sur l'auteur. Je n'en doute pas un seul instant, vous serez conquis …
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Après les fêtes de fin d'année, certains optent pour du bouillon de légumes, d'aucuns s'essayent au jeûne, d'autres encore prônent un régime.
Moi, je me régale d'un classique, ici en l'occurrence les Nouvelles de Pétersbourg du grand auteur russe Gogol.
J'aime les classiques, et de temps en temps je me fais une cure de livres classiques, comme d'autres font une cure de vitamines.
Après les grands Dostoïevsky et Tolstoï, j'ai voulu lire Gogol.
Normalement, les livres de nouvelles ne sont pas ma tasse de thé. Mais ici, quel régal !
L'auteur nous offre cinq nouvelles fantastiques, étranges et parfois même dérangeantes.
Le portrait, la dernière nouvelle, m'a fait penser évidemment à Oscar Wilde avec son Portrait de Dorian Gray.
Ces nouvelles sont de véritables petites pépites, avec ces non-sens, cette absurdité, cette folie, ces folies...
La nouvelle le nez, elle, est proche, à mes yeux de la métamorphose de Kafka. C'est comique et tragique à la fois.
Pour être franche, parfois nous sommes tentés de se dire : Mais c'est n'importe quoi ! Et c'est cela même que j'ai aimé, adoré même, ce "n'importe quoi", cette folie qui nous gagne nous aussi, ce serait tellement bon que l'on puisse se détacher enfin de ces préoccupations quotidiennes, le "vomitif quotidien" comme disait si bien Baudelaire.
Ici, point de pragmatisme ou de réalité tangible, vous n'aurez rien de cartésien, rien de logique, vous allez perdre tous vos repères, et même votre nez si vous insistez.
La folie, à petites doses, nous fait du bien. Elle nous protège de la petitesse et de la cruauté du monde.
Un peu de douceur dans un monde brutes !
Prochaine cure de classiques ; les Nouvelles histoires extraordinaires de Poe.
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Gogol est un auteur Russe qui inspirât Dostoïevski entre autre .....

Ces 5 nouvelles ont cette saveur du peuple russe .... Gogol entre au coeur des gens de ce Pays à travers cette Ville que Pétersbourg .Ces rues qui s'entremêlement autour de ces personnages en proie avec leur destin Gogol voyage dans des mondes en apesanteur ou fusionne fantastique et ironie .

Gogol critique son peuple avec ses classes sociales qui défragmentent sont pays ....ces couches qui asservie chacune vers le pouvoir de l 'argent ....Le désir de s'élever aux rangs supérieur comme dans le Journal d'un fou ou Poprichtchine rêve de la fille du directeur et en deviens dément qui tour à tour pense que les chiens parlent et s'écrivent et qu'il est le roi d'Espagne .....Ou dans le Portrait ou le jeune peintre rêve de gloire d'or et caresse sa puissance d'ascension avant de basculer dans la folie ébène du mal ......

J 'aime beaucoup l 'humour aussi dans ces nouvelles surtout celle le Nez qui un jour décide de s'évader du visage pour vivre sa vie seul ...aussi dans le manteau ou le personnage devenu fantôme traque les gens pour leur volé leur manteau ; les policier décide de l 'attraper mort ou vif .....j 'aime cet humour ....

le portrait reste une nouvelle plus grave ou comme Faust le personnage principal vend son âme au mal ici le tableau . La première version est plus religieuse avec l 'antichrist mais Gogol dénonce avec force et humour la fragilité du peuple russe face à la force de l 'argent .....

En fin La perspective de Nevsky reste plus légère comme un rêve ou l 'amour de la séduction devient un pouvoir absolu face au différence sociale . Entre rêve . illusion . désir .humour ......cette nouvelle devient un mélange de virtuel et de réel .

Gogol comte ses nouvelles avec humour mêlée de fantastique et d'ironie ...

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Nicolaï Gogol est l'un des grands écrivains russes classiques avec Tolstoï et Dostoïevski.
Il se démarque largement de ces deux compatriotes par le ton. Si les deux autres auteurs cités sont plus classiques (bien qu'il y ait tant à dire sur l'art de Dostoïevski), Gogol a quand à lui versé plus largement dans l'absurde, le fantastique, le comique, le critique.
On retrouve particulièrement cela dans ces nouvelles qui toutes, dans des registres très différents, explorent l'âme russe de leur temps à travers les habitants de Pétersbourg et surtout de l'administration de l'empire.

C'est très drôle, souvent acide, on sent poindre la critique très régulièrement au fil des pages de ce recueil envers la gestion du pays, la misère des gens et la petitesse de certaines personnes. Gogol aime prendre des objets du quotidiens comme médium pour expliquer tout un personnage à travers son rapport à cet artefact. Manteau, Nez, Tableau sont ici autant de prétexte pour décrire très finement mais avec l'envie de marquer des personnages hauts en couleurs. Certains le sont par leur manque de couleur justement, leur tristesse, leur "grisitude" !
Il y a même ici les Champs Élysées russes qui servent de cadre à l'une des nouvelles: la perspective Nevsky sert en effet à projeter l'un contre l'autre deux amour de la part de deux être complètement opposés...

Bref, Gogol fait feu de tout son talent dans ses nouvelles pour nous faire rire, nous surprendre, nous raconter sa ville et son pays dans un style inimitable et tellement fort !
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Gogol développe dans ce recueil de nouvelles un ensemble d'idées, de critiques virulentes (on en a pour preuves les différentes censures de l'époque), sous couvert de récits fantastiques très bien maîtrisés, entraînants et déroutants. "Le Portrait" m'a particulièrement laissé une impression de mystère contemplatif, on aime cette peur diabolique qui se dégage du visage et des yeux de l'usurier. le récit se fait démentiel et effrayant, mais sur la fin, on sourit sans trop savoir pourquoi, on aime cette fausse finalité qui laisse au lecteur la possibilité d'employer son imagination. "La Perspective Nevski" est remarquable de par sa description des contrastes, ce jeu de lumière et de sentiments, trompeurs et passionnels. On sait que l'écrivain avait cet esprit de l'escalier, ne comprenant ce qu'il écrivait qu'après la première publication. Ainsi, "Le Nez" est impressionnant de par sa folie contrôlée si j'ose dire, qui fait qu'on adhère totalement au récit apparemment invraisemblable. "Le manteau" quant à lui, est attachant, acerbe et puissant, tout simplement un petit bijou. de par ses critiques complexes, ses mises en scène finement préparées, ses univers ingénieux, Gogol livre ici tout son génie, tiré de la folie humaine, qui fait du recueil un détour fort agréable.
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La poésie absurde et désenchantée de Gogol fait encore mouche aujourd'hui.
Loin des envolées spectaculaires du fantastique contemporain, l'auteur utilise ici l'argument du surréel pour pointer les malheurs de l'homme, les failles de sa pensée, et la tragédie de la vie.
Parfois misérabiliste, souvent désemparé par la bêtise humaine, Gogol ne baisse pourtant pas les bras, et tente vaille que vaille d'inventer une destinée à ses pathétiques personnages. Mais peine perdue, rien ne peut les sauver d'eux-mêmes ou de la médiocrité crasse de leurs semblables : l'Homme ne peut rien.
Un chef d'oeuvre, subtil et halluciné.
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Écrites de 1835 à 1843, ces délicieuses fantaisies gogoliennes ont toutes pour cadre Saint-Petersbourg. Pourtant, Gogol n'appréciait guère la si belle ville de Pierre le Grand, et préféra mourir à Moscou.
Le recueil contient cinq nouvelles, toutes férocement satiriques à l'égard de la bureaucratie, dont les trois plus réussies, selon moi, sont le manteau et le nez toutes deux à caractère fantastique, et La perspective Nevsky, plus réaliste mais nimbée d'un voile mensonger qui pourrait bien être l'émanation du diable...

Chez Gogol, le fantastique arrive sans crier gare, soit vers la fin d'un récit jusqu'à là bien ancré dans la réalité comme dans le manteau, soit dès les premières phrases de l'histoire comme dans le nez.
Le manteau, sublime nouvelle, commence par la vie monotone et triste d'Akaky Akakiévitch, fonctionnaire copiste, humilié par ses collègues, qui décide de s'offrir un manteau neuf quand le froid de l'hiver devient insupportable. Après des mois de jeune et de sacrifice, Akaky Akakiévitch va enfin réunir suffisamment de roubles pour pouvoir payer le tailleur qui lui confectionne un magnifique manteau. Mais après l'avoir porté une unique journée, ce manteau lui est violemment arraché par des voleurs qui l'agressent la nuit quand il rentre chez lui. La suite de la nouvelle change de registre : jusqu'ici pathétique et cocasse, elle aborde un registre satirique lorsque le héros se heurte à l'incompétence de la police et l'arrogance du général. Enfin, elle devient résolument fantastique lorsque le fantôme du héros se venge en dépouillant tous les passants de leurs manteaux.

Le nez est une pure loufoquerie dont je me suis délectée de bout en bout !

La perspective Nevsky ne comporte pas réellement d'éléments fantastiques mais plutôt des évocations et des rêves trompeurs. La première partie décrit de manière magnifique bien qu'assez moqueuse cette célèbre avenue de Saint-Petersbourg longue de plus de 4 km, bordée de superbes palais, de cathédrales comme Notre-Dame de Kazan, ou de magasins comme le Gostinny Dvor. Sous la plume de Gogol qui nous détaille par le menu les différentes classes sociales qui s'y promènent, la perspective Nevsky prend vie et s'anime depuis les premières heures du jour jusqu'aux heures avancées de la nuit. Puis, dans la deuxième partie, l'auteur s'attache aux pas de deux jeunes hommes, un peintre et un lieutenant qui décident de suivre l'un une beauté brune, l'autre une beauté blonde. Chacun d'eux vivra une histoire intense mais elle sera tragique pour le peintre, et sans trop de conséquences pour le lieutenant, à la manière d'un mauvais tour que les diables aiment jouer aux hommes.

J'ai nettement moins apprécié les deux autres nouvelles :
- le portrait, nouvelle fantastique en deux parties dont seule la première présente un réel intérêt, et qui est beaucoup moins savoureuse que le manteau tout en évoquant irrésistiblement le roman d'Oscar Wilde.
- le journal d'un fou qui raconte sur quelques pages l'emprise grandissante de la folie chez un fonctionnaire qui aimerait épouser la fille de son directeur.

Cette édition est agrémentée d'un dossier qui comporte plusieurs analyses des thématiques développées par Gogol avec de nombreux extraits et références aux écrivains qui ont été source d'inspiration pour Gogol comme Pouchkine, Lermontov, Sterne ou Hoffmann ou qui s'en sont inspirés comme Gérard de Nerval ou Dostoïevski.
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