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EAN : 9782211306928
320 pages
Globe (25/03/2020)
4.32/5   28 notes
Résumé :
Stacey rêve. Cette petite ferme de 3 hectares où vit sa famille depuis 150 ans, elle aimerait pouvoir la transmettre en bon état à ses deux enfants, avec toute la ménagerie, âne, chèvres, cochons, poules et lapins. Pour réparer la grange branlante, son salaire d’infirmière divorcée ne suit pas.
Stacey espère. De nombreux habitants de la région dévastée des Appalaches se sont récemment enrichis en louant leurs terres ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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L'Amérique rurale des Appalaches, qu'est-ce que je l'ai fréquentée !

Bien que cette population soit aux antipodes de nous (religion très présente, notamment), j'ai toujours du plaisir à retrouver ces pauvres gens, un peu comme si je retrouvais de vieilles connaissances trop longtemps oubliées.

Par contre, sur la fracturation hydraulique, c'était une première. Bon, je sais ce que c'est, j'ai lu des articles dans les journaux et c'est dégueulasse, extrêmement polluant, ça fout des vies en l'air et la nature aussi. Bref, à éviter !!

Hélas, dans la course à l'énergie, dans cette volonté de ne plus dépendre des autres, les États-Unis, dont le sous-sol est riche en gaz de schiste, ne vont pas s'en priver, surtout qu'il y a moyen de se faire un max de pognon, si on est une société spécialisée dans le fracking.

Ce roman n'est pas une fiction, ni une dystopie, ni de la SF, c'est juste le récit de la triste réalité, celle de Stacey Hanley, infirmière qui élève seule deux enfants, qui participe à des foires agricoles et qui voulait juste avoir un peu d'argent pour réparer sa grande et qui a signé un contrat qui a tué ses animaux et sa famille à petit feu.

Elle possédait, comme bien des gens de sa région, un puit avec de l'eau potable et en quantité suffisante. Il fut pollué par la fracturation hydraulique.

La société qui exploite les sous-sols des petits propriétaires terriens va saloper tout l'environnement avec des produits hautement toxiques. Après avoir fissuré les maisons à force de passer avec leurs lourds camions, la société Range Resources va continuer de les en… de les empoisonner à petit feu (et aussi de les enculer à sec, comme le dira Stacey qui ne mâche pas ses mots).

Ce combat, c'est celui de David contre Goliath, mais contrairement au récit biblique, ce n'est pas le petit qui gagne, le petit, on le sprotche (on l'écrase) ! On le fait taire, on le bâillonne, on fait traîner les choses avec la justice, pour que ça lui coûte la peau des fesses et pour que l'opinion publique se retourne contre les gens comme Stacey, ceux qui empêchent les autres d'empocher les royalties avec leurs procès à la con.

Cette lecture est glaçante, tout simplement. Même Stephen King n'a pas réussi à me serrer les fesses aussi fort avec ces récits d'épouvante. Parce que chez lui, c'était de la fiction, ici, c'est un récit de vie, celui d'une femme qui n'avait pas beaucoup d'argent (comme le reste de la population des Appalaches) et qui a vu son fils dépérir, qui a vu ses bêtes mourir, sa voix ne pas être entendue, son combat mal vu.

Sa maison, elle a dû l'abandonner, ou alors, c'étaient eux qui allaient mourir à cause des produits toxique.

Endettée jusqu'aux dents, la pauvre Stacy ne voyait plus le bout du tunnel. Terrible, horrible. Les monstres n'étaient pas tapis sous le lit, mais bien dans les eaux usées, stockées dans un bassin trop petit, avec une simple bâche, le tout à découvert… Et j'en passe.

Dans les terrains, il y avait la fracturation, mais dans la ville, il y en a une fameuse aussi : un schisme entre ceux qui croyaient Stacey et ceux qui voyaient son combat d'un mauvais oeil, pensant que son fils simulait.

Les propriétaires étaient contents de toucher l'argent de la société Range Resources. Oh, pas pour aller en vacances en Floride, non, juste pour moderniser leur maison, leur grange ou tout simplement pour se payer l'assurance santé… Dur, lorsque l'on ne court pas sur l'or, de refuser l'argent. On ferme les yeux et adviendra ce qu'il adviendra.

Ce récit est une véritable enquête, menée par Stacey, par des avocats, par d'autres personnes qui s'inquiètent des conséquences de la fracturation hydraulique. Les personnages sont saisissants, ils sont tels quels, bruts de décoffrage.

Les avocats de Range Ressources sont sournois, vénaux, mauvais comme des teignes… Des rouleaux compresseurs, aidés par des magouilles et des accointances avec l'Agence américaine de protection de l'environnement : ceux qui doivent protéger les Américains sont de mèches avec les pollueurs.

Une enquête saisissante, effrayante, bien documentée et qui passera en revue tout ce qu'il s'est passé, du début jusqu'à l'après procès. Bref, presque un roman noir tant la dimension sociale des petites gens y est présente.

Une histoire glaçante, l'histoire d'une femme américaine qui croyait que son pays protégeait les habitants… Une femme qui croyait bien faire et qui a payé un prix bien trop fort pour une petite signature en bas d'un contrat, avec une société qui n'a rien respecté et qui a changé toutes les clauses, piégeant les pauvres gens.

Que de pollution pour de l'énergie, pour que les téléphones, les PC, les voitures et les trottinettes électriques se rechargent, que les frigos et les congélateurs fassent leur boulot de refroidir, que tout le monde puisse trouver du courant au bout de la prise… Mais à quel prix, putain ? le prix n'est pas en argent, bien entendu…

Effrayant. Si cela pouvait nous faire réfléchir…

PS : cet ouvrage a reçu le "Prix Pulitzer Non-Fiction 2019".

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Coup de coeur de lecture !
Stacey Haney, infirmière divorcée mère de deux enfants, a du mal à vivre décemment entre son travail qui lui mange un grande partie de son temps, les remboursements de l'emprunt pour sa ferme, l'élevage de ses animaux. Elle rêve de retaper cet endroit, berceau de sa famille, et d'assurer un avenir décent à son fils et à sa fille, mais son salaire ne suffit pas. C'est aussi une idéaliste, profondément américaine, qui rejette l'envoi de jeunes en Irak et la dépendance des USA à des fournisseurs d'énergie. Toute la région est sinistrée après des années d'exploitation du charbon, mais il reste des richesses dans le sous-sol. Alors, comme beaucoup de ses voisins, Stacey finit par céder aux sirènes de Range Resources, une grosse entreprise leader dans l'extraction du gaz par fracturation hydraulique. Persuadée qu'elle fait le bon choix, elle décide de signer un bail pour louer ses terres avec la promesse de revenus substantiels. Elle ignore qu'elle vient de mettre la main dans un engrenage terrible. Nous sommes fin 2008. C'est le début d'un combat qui va durer près de dix ans…
Il existe des romans coup de poing, où chaque page fait éprouver des sentiments allant de la nausée à la colère. Celui-ci en est un. Journaliste d'Investigation, l'auteure, Eliza Griswold, a mené une enquête minutieuse durant sept ans pour montrer l'envers du décor de l'Eldorado énergétique américain. Son travail a d'ailleurs été couronné par le prestigieux prix Pulitzer. L'envers du décor, c'est ce que va subir Stacey et ses enfants, mais aussi ses voisins : lent empoisonnement sanguin, maladie, mort de nombreux animaux de ferme, pollution de l'eau potable devenue impropre à la consommation… En face, la société oppose une fin de non-recevoir, réfute l'idée d'une pollution due aux techniques d'extractions, parvient à acheter les riverains en participants aux nombreuses fêtes locales mais aussi en donnant aux bonnes oeuvres. le gouvernement est attentiste, les diverses agences de protection de l'environnements emblent faire le jeu des pollueurs… En lisant ce livre, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec la situation actuelle, où Donald Trump a fait le choix de l'économie plutôt que la santé, laissant filer le nombre de décès dus au coronavirus. Stacey est la victime de l'indépendance jusqu'au-boutiste des USA, et peu importe le prix. Il faudra des années à la jeune femme pour accepter idée d'un procès, pour le mener avec l'aide de deux avocats seuls contre tous puisqu'ils osent s'attaquer à une entreprise visant à « enrichir la région »… Avec, au final, beaucoup de fatigue et de larmes pour pas grand chose. la compensation de misère. Certaines choses auront bougé, d'autres non. Ce qui est terrible, c'est de voir à quel point Stacey se heurte à des murs pour demander simplement réparation, mais on va jusqu'à lui refuser finalement ce droit de reconnaître que ses enfants sont malades. Au bout de toutes ces années finalement, en janvier 2018, un accord entre Stacey Haney et Range Resources sera passé. Une clause lui interdisant de divulguer le montant de la transaction, nous ne sauront pas ce qu'elle a pu toucher, mais à lire entre les lignes on comprend aisément que c'est bien peu payé en comparaison des souffrances endurées par la famille…
Il n'est nul besoin d'être un écologiste convaincu pour éprouver de l'empathie pour Stacey et sa famille, mais aussi pour refuser l'idée d'une exploitation du gaz de schiste dans ces conditions. En refermant ce livre, on ne peut que se féliciter de la décision de nombreux pays d'avoir refusé de poursuivre plus loin leur réflexion sur l'exploitation du gaz de schiste. Reste à espérer que cette décision ne sera pas remise en cause de sitôt…
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Fracturation de l'eau et des rêves !

La journaliste et écrivaine Eliza Griswold a suivi et soutenu pendant sept ans le combat judiciaire de Stacey Hanley contre la pollution par l'extraction du gaz de schiste de sa propriété du fin fond de la Pennsylvanie, au pied des Appalaches.

C'est dans ce pays déshérité où ont vécu ses ancêtres que Stacey, infirmière et mère célibataire, a choisi de s'installer avec ses deux enfants. Elle a trouvé une ferme avec une bonne eau, fraîche et abondante. C'était son premier critère, en souvenir de son enfance et de sa famille pour laquelle (comme tous ici) l'eau était précieuse et essentielle. Mais son rêve d'un retour à la terre natale ne va pas durer dans ce pays marqué dans ses paysages et les consciences par la crise minière et la désindustrialisation.
Pour construire son étable, elle a accepté contre quelques milliers de dollars qu'une société texane exploite le sous-sol de sa ferme. Cela lui semble naturel et même patriotique, « un devoir envers la nation » plutôt que d'envoyer des soldats se battre pour s'accaparer du pétrole. Mais très rapidement son fils est malade, sa chèvre met à bas des chevreaux atrophiés, l'air sent mauvais et l'eau pue l'égout.
Le combat s'engage pour cette femme qui ne se sentait pas trop militante, ni écologiste...

L'auteure se livre à un récit remarquable et haletant de l'affaire, à des portraits saisissants des protagonistes : avocats malicieux, habitants peu instruits, mentalité locale…, le tout en maîtrisant parfaitement les aspects scientifiques, écologiques et judiciaire du dossier. On comprend vite que l'exploitant texan et l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) sont de mèche… (Qui pourrait encore s'en étonner quand des régions entières des Etats-Unis ont été massacrées, la santé des populations ignorée, comme le furent en leurs temps les Indiens, leurs traditions et leurs terres ?)

Une excellente réflexion sur réelles fractures de la société américaine et le récit d'une bataille qui se lit comme un polar. Une très belle lecture et une immersion totale dans le pays. Bravo !
Edition Globe. Titre original américain : Amity et Prosperity. le titre était parfait !

PS : Un témoignage à conseiller également aux personnes qui soutiennent encore l'aberrante exploitation des gaz de schiste..

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Stacey est infirmière et elle est une maman divorcée qui élève seule ses deux enfants Harley et Paige. Cette Américaine possède une ferme, qui est dans sa famille depuis cent-cinquante ans, et qui aurait besoin d'être rénovée. Ce n'est pas avec son salaire qu'elle peut entreprendre les travaux, aussi elle accepte de louer ses terres à Range Resources, une société de fracturation hydraulique.


Mais son fils tombe malade : il ne pèse plus que cinquante-sept kilos pour un mètre quatre-vingt-cinq, il ne peut plus être scolarisé, car il passe ses journées dans un fauteuil incliné. Les animaux de la famille et de ses voisins meurent ou donnent naissance à des petits avec des malformations. L'eau du puits semble contaminée. Aussi, Stacey alerte l'industriel. Or, celui-ci réfute toute responsabilité. La mère de famille débute un combat qui pourrait se résumer au pot de terre contre le pot de fer. Même les services publics semblent être à la solde des entreprises de fracturation. Stacey dépense de l'argent pour procéder à des tests. Les résultats sont effroyables : son fils subit un empoisonnement à l'arsenic et au benzène. Alors que les tests révèlent que ces substances sont présentes dans les terres de la famille, elles n'apparaissent pas dans les tests fournis par Range Resources.


Quelques années après le début de la bataille de Stacey contre la fracturation, Eliza Griswold rencontre cette femme désespérée. Pendant sept ans, elle va mener l'enquête. Elle relate les démarches juridiques, menées par deux avocats, les entretiens des victimes avec Range Resources et avec l'EPA, un organisme censé protéger les citoyens, la dégradation de la santé de Stacey et de ses enfants, les conséquences terribles : financières, organisationnelles, familiales, etc.


L'enquête est extrêmement documentée[…]


La suite sur mon blog...


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Quand Range Resources, société leader dans la fracturation hydraulique, s'installe en Pennsylvanie, de nombreux petits fermiers voient enfin une possibilité de s'en sortir. Un miracle financier pour les habitants de cette région économiquement ravagée. Stacey, mère célibataire, comme beaucoup d'autres, va signer un bail minier avec l'entreprise. Mais l'aubaine va se transformer en cauchemar.

Les désagréments ne tardent pas. D'abord il y a les camions. Ce sont 250 poids lourds qui passent quotidiennement devant la ferme. Pollution, poussières, routes défoncées, murs de la maison qui se lézardent.
Ensuite il y a les odeurs nauséabondes, l'eau noire au robinet, les animaux qui meurent et son fils qui inexplicablement tombe malade.
La vie de Stacey devient un véritable enfer, le début d'un long combat.

Eliza Griswold mène l'enquête et nous raconte ce que c'est que de vivre à côté d'un site de fracturation hydraulique, les impacts sur les humains et toutes les espèces vivantes, sur l'eau, sur l'air.
A travers le parcours de Stacey elle met en lumière la force des lobbies, l'impunité des grandes entreprises, la collusion avec l'administration, le mépris et le cynisme de l'industrie pour les petits.
Un récit incroyable et révoltant, du vrai journalisme d'investigation, une accusation dévastatrice sur la politique énergétique en Amérique.

Prix Pulitzer Non-Fiction 201 / Traduit par Séverine Weiss
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Que ce soit pour le pétrole, le gaz ou le charbon, cela faisait partie des mêmes cycles de croissance et de crise. Une industrie extractive arrivait quelque part, avec ses flots d’argent et ses investissements à tout-va, puis elle disparaissait, emportant les emplois et laissant derrière elle des équipements défaillants et des maisons vides, comme à Prosperity.
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La plupart des habitants de la région considéraient la présence à la foire de la compagnie gazière comme un geste de bon voisinage. Ils applaudissaient au retour de l'industrie. Cela marquait le début d'une nouvelle ère dans une zone depuis longtemps en déclin, et l'argent qu'ils recevaient en échange d'un bail minier permettait aux gens de refaire leur toit, de construire des clôtures et de conserver leur ferme, au lieu d'être contraints de la céder à un promoteur. Les compagnies remplissaient aussi généreusement les poches des enfants du comté de Washington, y compris celles de Harley Haney, en achetant presque tous leurs animaux lors des enchères.
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